La déconstruction du camp militaire des Fromentaux permet de tester et de développer de nouvelles technologies
« La déconstruction, c’est déjà Acmutep », a lancé Jean-Louis Guyader, vendredi 17 novembre, à l’occasion d’une visite de presse du chantier de démolition de l’ancien camp militaire des Fromentaux, à Leyment. Acmutep, c’est le nom provisoire du futur accélérateur des mutations de l’espace public, un technopôle chargé de faire émerger des solutions innovantes en la matière. Or, les travaux de déconstruction constituent effectivement, déjà, un vaste terrain d’expérimentation permis notamment par la répétitivité des bâtiments, avec 110 entrepôts de munitions construits à l’identique. La société qui a obtenu le marché, SFTP, filiale du groupe Brunet (Ambérieu-en-Bugey), en profite pour tester et mettre au point différentes technologies.

Deux générateurs photovoltaïques pour une base de vie de chantier autonome en énergie.
La base de vie du chantier est rendue autonome en énergie grâce à des générateurs photovoltaïques Anywhere Energy développés par Zest, la start-up du groupe Brunet. « Sont installés ici, 9,6 kW crête, avec une puissance de sortie de 8 kW, pour alimenter 20 kW de batteries, indique Guillaume Salis, de Zest. Pour les besoins de l’expérimentation, il nous a été demandé une supervision des consommations. Elle permettra de faire un rapport global en fin de chantier et de mesurer les économies réalisées par rapport à un raccordement traditionnel au réseau électrique. » Le chantier sera par ailleurs prochainement autonome en eau, grâce à un autre cube Zest, Anywhere Water, qui traitera l’eau d’un puits. « Nous avons besoin de 2 m3 par jour, notamment pour les douches des ouvriers chargés du désamiantage. »

Ce robot est développé pour poncer les peintures amiantées.
Pour le désamiantage, justement, SFTP planche avec la société Akéo+ (Château-Gaillard), sur la conception d’un robot de traitement. « L’amiante était souvent utilisé sur de grandes surfaces. Un ponçage manuel des peintures amiantées expose nos personnels aux fibres et aux troubles musculosquelettiques », justifie Sébastien Reynaud, conducteur de travaux. Akéo+ travaille sur la base d’un robot de démolition déjà existant, qu’elle a équipé d’un système de vision et pour lequel elle a développé différents algorithmes, notamment pour lui permettre de reconnaître les surfaces planes. Et un opérateur lui signifie à distance quoi poncer.
Photogrammétrie par drone
Pour le suivi du chantier, le groupe Brunet s’est appuyé sur son bureau d’études, Odissée. Celui-ci a réalisé une photogrammétrie du site à l’aide d’un drone et d’un scanner 3D. Plus de 10 000 prises de vues sous différents angles ont ainsi permis d’en réaliser une modélisation en trois dimensions au centimètre. Une méthode de saisie exhaustive, plus simple, plus rapide et plus fiable que le traditionnel relevé topographique et structurel des bâtiments.
Le chantier de déconstruction s’inscrit dans le programme régional IDfriches. « Un programme dans lequel la Région a souhaité investir en associant trois métiers, l’aménagement du territoire, la chimie de l’environnement et la construction, avec pour objectif de promouvoir l’innovation sur les chantiers de démolition et le traitement des friches, décrit Franck Gautheron, directeur du cluster Indura. Il s’agit de répondre notamment à deux enjeux : les coûts de traitement et la montée en compétences des entreprises. »
Par Sébastien Jacquart
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