Jean Jacques Coltice nous a quittés samedi 18 mai ? Pas vraiment… car le Canard est toujours debout !
Ce canard, le Courrier Économie, fut sa plus grande oeuvre. Il y a vécu des combats, des passions, des souffrances, de nombreuses rencontres, quelques amitiés, de fréquentes remises en cause, et parfois quelques signes de reconnaissance. Surtout, il exerça ses talents de journaliste avec conviction, toujours soucieux d’éthique et de vérité. En défendant ses convictions, en refusant les compromis, il a su imposer son journal comme une référence auprès du monde professionnel.
Dans tous ses engagements, dans sa vie publique comme dans sa vie privée, Jean-Jacques privilégiait les relations humaines. C’est sans doute pourquoi il était si désireux de céder son poste de rédacteur en chef dans des conditions choisies, à une personne qui pérenniserait ses valeurs et, si possible, qui perpétuerait une tradition familiale. Je suis heureux d’avoir été celui-ci.
Et c’est ainsi qu’un jour, il passa du statut d’oncle, toujours prêt à s’enflammer pour quelques convictions politiques lors des repas de famille, et ayant dans sa jeunesse flirté avec le communisme révolutionnaire ou l’anarchisme, à celui de maître d’apprentissage, de mentor, de guide spirituel.
Son travail de transmission consistait à me laisser vivre mes choix. Bien sûr, j’eus droit à quelques remarques à propos de compromis commerciaux qu’il savait nécessaires mais qu’il ne pouvait cautionner. Mais jamais je ne doutais de sa confiance.
En 2006, il quittait sa fonction de rédacteur en chef avec élégance et discrétion, m’assurant qu’il m’appartenait désormais de définir la ligne éditoriale, sans craindre son ingérence. Bien sûr, il respecta sa parole.
Dans mon premier édito, j’écrivais alors : « certains départs se font en toute discrétion, presque sur la pointe des pieds. Au Courrier Economie, l’auteur régulier de cette rubrique, après avoir marqué le journal et ses lecteurs par son style aussi sinueux qu’inimitable, a fait valoir ses droits à la retraite, me laissant dorénavant le soin d’écrire ce billet d’humeur hebdomadaire ».
Aujourd’hui, l’humeur est sombre, et c’est les larmes aux yeux que j’écris ce billet, me sentant aussi désemparé qu’un Télémaque resté seul au milieu du chemin.
Aujourd’hui, tout le Courrier pleure celui qui fut son pilier pendant 31 ans.
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