Dans le cadre du mois de l’économie sociale et solidaire, l’AGLCA s’est penché sur ce moyen de faire évoluer la société.
Les lumières s’éteignent, Marcelle s’avance. Elle voudrait pouvoir changer le monde, mais ne sait pas comment faire. Le système l’écœure, mais elle s’y sent piégée. Que faire ? Pendant une heure et demie, sur la scène de la Maison de la culture et de la citoyenneté (MCC), Mathilde Dumoulin, sous les traits de Marcelle, s’est interrogée sur la possibilité de prendre part à l’évolution du monde en tant que citoyenne. À l’occasion du mois de l’économie sociale et solidaire (ESS), l’AGLCA (Centre ressource pour la vie Associative et l’économie sociale et solidaire) a organisé, le 7 novembre, une conférence théâtralisée sur l’épargne solidaire. Une manière originale d’aborder la question.
Sur scène, Marcelle s’agace. « Comment je peux changer le monde, moi qui n’ai aucun pouvoir alors que je ne suis pas fichue d’aller manifester sous la pluie ? » Une voix off lui répond « Vous avez un grand pouvoir qui change le monde. » Les intervenants commencent alors à défiler. Tout d’abord, interviennent Nicolas Angel, bénévole au Br’Ain, et Marine Adam, une habitante de Bourg-en-Bresse. Ils abordent le sujet de la monnaie aindinoise, pensée pour faire vivre l’économie locale.
« Cet argent n’est pas destiné à la spéculation, mais va se mettre au service de l’humain et chacun peut lui donner vie en l’utilisant au quotidien. » Ils font remarquer que désormais, au marché burgien, il y a l’allée du Br’Ain. Un secteur où l’ensemble des commerçants acceptent cette monnaie locale. Puis Stéphanie Cellier, chargée d’accompagnement chez France Active Ain, prend la parole à son tour. « La finance solidaire veille à limiter la recherche de profits et à orienter l’argent vers des projets à forte utilité sociale. »
Et effectivement, le pouvoir de ce mode de financement est conséquent. En 2022, il représentait 26 milliards d’euros. « Le plus simple demeure les produits bancaires. Nous avons des livrets de compte à terme, fléchés vers des projets d’intérêt général. Sur les marchés financiers, nous pouvons aller vers des produits de placement », explique Frédéric Hello, directeur ESS de la Caisse d’épargne Rhône-Alpes (Cera).
Produits bancaires
Bien sûr, il est également possible de se renseigner auprès de son entreprise pour voir si elle propose un dispositif d’épargne salariale, qui permet, selon son orientation, de prendre part à l’épargne solidaire. Le plus simple reste encore une prise de contact directe avec un projet et de l’aider dans son financement. Il existe également la possibilité de créer un club de Cigales (Club d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire).
« Ce sont des clubs d’investissement locaux. Il suffit d’être entre 5 et 20 personnes. Nous mettons une part de notre épargne en commun et soutenons des projets comme Enercoop, Citiz ou encore une librairie à Trévoux. Certains mettent 10 €, d’autres 100 € par mois… Dans tous les cas, une personne égale une voix. Nous accompagnons un ou une porteuse de projet pendant 5 ans. À la fin, il ou elle nous rembourse l’investissement réalisé », développe Yves Durieux, bénévole au Cigales. Notre chère Marcelle poursuit ses interrogations.
L’épargne solidaire aide-t-elle vraiment ? Fabrice Hermout, directeur territorial de l’Adie (association pour le droit à l’initiative économique), le confirme, cela fonctionne. « La finance solidaire soutient entre 20 000 et 30 000 personnes chaque année. Ce n’est pas invisible et ça aide vraiment les gens. » Enfin, dernière question et non des moindres, est-ce que cela rapporte ? « Ce n’est pas le cours de la Bourse. L’enrichissement financier n’est pas ce qui est visé. Mais, cela permet un gain de quelques pourcents, notamment sur les produits bancaires. On ne deviendra pas Billes Gates, mais cela rapporte et cela apporte », conclut Frédéric Hello.
Joséphine Jossermoz
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