Le syndicat de rivière Reyssouze et Affluents achève une opération de renaturation du ruisseau burgien.
« Le Dévorah, c’est notre pépite », s’exclame Nicolas Bozonnet, chargé de mission du syndicat de rivières Reyssouze et Affluents. Le ruisseau, en effet, apporte qualité et fraîcheur aux cours d’eau de Bourg-en-Bresse, en particulier au canal de Loëze, dans lequel il se jette.
Mais, cette pépite a été travaillée depuis les années 1960 par de bien mauvais joailliers qui en avaient terni l’éclat, en l’élargissant, supprimant nombre de ses méandres et drainant en partie, les marais à sa source. Il s’agit à présent de le désartificialiser, de lui redonner un aspect naturel, resserrer son lit pour accélérer le débit par endroits, recréer de l’habitat pour les poissons, le tout en veillant à ne pas augmenter le risque d’inondations. Un risque qui justifie notamment, que les études avant travaux aient duré 18 mois. Elles se sont achevées en septembre 2022.
Le chantier, lui, a commencé à la rentrée dernière. D’un montant de 450 000 euros, subventionné par l’Agence de l’eau à hauteur de 70 % et par le Département pour 10 %, il longe les berges sur 1,7 km, depuis les marais situés à l’arrière de l’usine Renault Trucks (qui en possède d’ailleurs une partie) jusqu’au stade Marcel-Verchère.
Une première phase a consisté, en septembre, à supprimer la vanne de Pennessuy, chemin de la Hulotte. Outre la création d’une passerelle pour la voie verte La Traverse, son remplacement par un ouvrage fixe permet, explique le syndicat, de « conserver la capacité de protéger la ville des inondations sans brider le fonctionnement naturel de la rivière ».
Le mois suivant, malgré des pluies qui ont compliqué les travaux, ceux-ci se sont poursuivis avec, entre autres, « une importante opération de méandrage sur 650 m en amont », indique Nicolas Bozonnet. « Le ruisseau avait été redimensionné de telle manière que le marais ne remplissait plus son rôle d’épuration des eaux, d’éponge et de remplissage des nappes. Nous avons donc recréé une vingtaine de méandres et des mares dans l’ancien lit. »
Ce chantier est d’autant plus important que quelque 650 espèces faunistiques et floristiques ont été recensées dans ce marais, à l’image de la lamproie de Planer ou de l’agrion de Mercure. Et une quinzaine d’entre elles sont protégées voire considérées comme en voie de disparition en Rhône-Alpes.
Sur le gros kilomètre restant, en aval, « le projet consiste à recréer des banquettes alternées pour pincer les écoulements et créer des habitats aquatiques. Les arbres et arbustes qui ont tendance à refermer la rivière sont débités et réutilisés pour faire des épis de diversification dans le lit du cours d’eau. La végétalisation de ces tronçons par la plantation d’hélophytes (plantes semi-aquatiques), arbres et arbustes sera faite en dernière phase de chantier », termine le syndicat.
Deux phases sur quatre
La suppression de la vanne de Pennessuy et la renaturation du Dévorah ne représentent que deux des quatre phases d’un projet de renaturation de la Reyssouze. Deux autres doivent suivre entre 2024 et 2025, la première consistant à débétonner le canal de Loëze pour ramener de la fraîcheur et de la végétation, la deuxième en une restauration écologique de la rivière autour de Bouvent. Il s’agira là aussi de supprimer une vanne, celle de Curtafray, d’étroitiser le lit et de recréer des berges en pente douce, plantées d’arbres, arbustes et plantes semi-aquatiques.
« Cela permettra en plus d’améliorer la qualité de vie des riverains, qui ont d’ailleurs été concertés pour la partie Dévorah, à travers trois réunions, en plus des conseils citoyens », relève le président de Reyssouze et Affluents, Jean-Louis Favier.
Sébastien Jacquart
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