Ainpuls : au cœur de l’innovation collaborative

par | 13 février 2020

La 3e édition du week-end d’incubation de projets de la CPME de l’Ain s’est déroulée ces 7, 8 et 9 février.

Il est 15 heures, ce samedi 8 février au Centre international de rencontre de Saint-Vulbas. Ainpuls, le week-end d’innovation collaborative de la CPME de l’Ain, bat son plein. Les équipes composées des neuf porteurs de projet retenus lors des présélections et des 38 porteurs de compétences qui ont choisi de les accompagner sont à pied d’œuvre depuis la veille au soir. Normalement, la soirée du vendredi n’est consacrée qu’au pitch des idées à développer et à la constitution desdites équipes. Mais, ces dernières étaient apparemment pressées d’entrer dans le vif du sujet. Les organisateurs ont dû siffler la fin du match à minuit, histoire que les esprits restent frais pour réattaquer le lendemain à 8 heures. D’autant que la nuit du samedi au dimanche est généralement courte.

Anne-Laure Burens-Pitance, secrétaire générale de la CPME 01 et instigatrice d’Ainpuls, annonce la première des miniconférences du jour. Une nouveauté destinée « à légitimer la venue de spectateurs sur l’événement. Sinon, ils n’osent pas », explique-t-elle. Pendant ce temps, l’équipe des coachs, au nombre de sept, est occupée à faire le point sur l’état d’avancement des projets. « Notre objectif est de nous assurer qu’il y ait bien un cheminement, précise Florian Arot, vice-président de la CPME de l’Ain et animateur du groupe. Si vraiment un projet est bloqué, on peut se concerter et apporter un aiguillon supplémentaire, mais il nous faut intervenir le moins possible. Nous ne sommes pas porteurs de compétences. Notre rôle est plutôt d’apporter des méthodes de réflexion. Il nous faut veiller aussi à ce que le porteur de projet reste au cœur du processus, qu’il ne se fasse pas déborder par un porteur de compétence un peu trop charismatique. »

Déstructurer-restructurer

À cette heure-ci, Alexandre Negrello se sent « assez déstabilisé ». Son projet : un voile bioclimatique qui se déploierait de manière automatique, en low-tech, c’est-à-dire sans apport d’énergie extérieure, pour protéger une façade contre la chaleur grâce à des propriétés de réflexion des infrarouges. « Je partais d’une idée sans être vraiment conscient des contraintes de conception, de réalisation, de commercialisation, etc. Là où nous en sommes, nous savons sur quel produit on part, sa fonction, son fonctionnement… Mais, il nous reste à établir le modèle économique. » Et pourtant, cet informaticien de Tossiat, fabmaker du fablab d’Ambérieu-en-Bugey, n’en est pas à son premier Ainpuls. Il avait déjà participé comme porteur de compétence.

Mais, c’est bien le but, sur les 24 premières heures de ce rendez-vous de l’innovation collaborative, que de détricoter les projets et de remettre en question leurs porteurs. « À 10 heures le dimanche, je n’avais rien d’abouti. En deux heures, on a tout repensé et on a gagné », se souvient François Vuaillat, vainqueur de l’édition 2019 avec le Plastik se Recycle, projet d’usine éphémère pour sensibiliser les enfants des écoles au recyclage, de retour en 2020 comme spectateur. « Jusqu’au samedi après-midi, les porteurs de compétences ouvrent un maximum de pistes, déstructurent le projet, retrace Florian Arot. Ensuite, le porteur de projet s’isole pour repenser son lead. Il devient alors un chef d’orchestre qui va demander aux porteurs de compétences de développer les pistes retenues, chacun dans leurs domaines respectifs. »

Nouveaux modèles

Les travaux s’achèvent à 14 heures, le dimanche. S’ensuit un ultime débriefing, une présentation des porteurs de projets et des membres du jury, puis l’exposé des différentes innovations développées pendant ces trois jours. « J’avais entendu parler des start-up week-ends. Il en existe d’ailleurs un, dans le Rhône, depuis plusieurs années. J’ai voulu que la CPME de l’Ain développe, elle aussi, ce type de concept, justifie Anne-Laure Burens-Pitance quant à la genèse de ce rendez-vous. Outre la défense des entreprises, c’est le rôle d’une organisation comme la nôtre que d’inciter leurs dirigeants à adopter de nouveaux modèles économiques, d’encourager à l’innovation et au travail collaboratif. »

21

Pour cette troisième édition d’Ainpuls, 21 porteurs de projets s’étaient inscrits et ont passé les présélections. Ils sont finalement neuf à avoir participé au week-end.

45

Avec les porteurs de projets, 38 porteurs de compétences ont planché sur les différentes innovations à l’étude sur ces trois jours, avec sept coachs pour les aiguillonner régulièrement.

Les lauréats d’Ainpuls 2020

Le vainqueur de ce week-end d’innovation collaborative est Lucas Didier avec Vegetéa : un projet de machine destinée aux particuliers, pour produire ses propres engrais naturels à partir de déchets végétaux.

Paul Grillet emporte la deuxième place avec Paradigme, un jeu de société éducatif pour « favoriser les échanges » et « faire comprendre les ordres de grandeurs » autour des questions écologiques.

La troisième place revient à Pierre Caldairou, avec un concept de boîtes à pizza réutilisables, en bois, qui s’est transformé au fil du week-end, en label zéro déchets pour les pizzerias.

Anne-Sophie Asselin, enfin, repart avec le prix coup de cœur avec Dites-nous Tout, un outil numérique pour permettre aux habitants de mieux appréhender les projets d’aménagement et d’être plus à même de faire des propositions.

Ainpuls innovation collaborative

L’équipe du futur projet coup de coeur de cette édition 2020 phosphore dur, en ce samedi 8 février après-midi.

Intrapreneuriat

Cette édition était ouverte pour la première fois, aux entreprises désireuses de présenter un projet en intrapreneuriat. Aucune ne s’est présentée. « Il nous faudra sans doute communiquer davantage sur cette possibilité », considère Anne-Laure Burens-Pitance. Du côté des porteurs de projets comme des porteurs de compétences, en revanche, les candidatures n’ont pas manqué. Les organisateurs ont même dû refuser du monde.

Par Sébastien Jacquart


Dôme Bresse Camp entre coconstruction et co-réflexion

L’évènement, de nature artistique, s’est déroulé, le même week-end à Saint-Jean-sur-Reyssouze. Il repose, lui aussi, sur les principes de l’innovation collaborative.

Affiche Dome Bresse Camp

Le week-end dernier, Ainpuls n’était pas le seul événement d’innovation collaborative à se dérouler sur le territoire. À Saint-Jean-sur-Reyssouze, le Dôme Bresse Camp agitait également les esprits. Au programme, le rassemblement d’inconnus répartis entre plusieurs équipes, pour concevoir quatre dômes dans différents thèmes. L’esprit de chaque espace a été impulsé par les quatre écoles partenaires qui devront réaliser l’habillage intérieur et extérieur par la suite. Ainsi, un des dômes devrait porter sur la pollution sonore, un autre sur le végétal, un troisième sur un système d’irrigation et le dernier sur la robotique. « L’idée d’un tel format, du hackathon, est sur un temps très court de réaliser un travail conséquent. Pour participer à cet événement, les gens sont parfois venus d’assez loin et répondent à toutes sortes de profils. Dans la vingtaine de participants, nous avons des compétences assez atypiques, comme des menuisiers, une restauratrice de sculptures, des artistes… » explique Brune Neyron Bancel, chargée de médiation à l’association AADN. « Ce que l’on souhaite partager à travers ce projet, c’est une vision de l’avenir, en particulier de l’écologie », poursuit Pierre Amoudruz, directeur artistique du projet chez AADN.

Réflexion

« Ce moment était l’occasion d’associer la culture et la réflexion de personnes diverses. Cela nous permet d’apporter une culture scientifique dans le milieu rural d’une manière un peu décalée, qui sort totalement de l’esprit traditionnel », se réjouit Virginie Grignola- Bernard, directrice d’Altec. Finalement, à l’instar d’Ainpuls, Dôme Bresse Camp relève également d’une progression collective pour résoudre un questionnement. « Ce genre d’initiative est importante et nécessaire, aujourd’hui. Si on se penche sur les pratiques managériales, les teams buildings sont déjà sur ce mode de fonctionnement. Cette forme de dôme est d’ailleurs choisie dans cette idée, une nouvelle façon de se réunir, une nouvelle façon de penser. » Le projet sera restitué au public au mois de mai dans un village de dômes.


Par Joséphine Jossermoz

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