Dans le cadre de sa politique agricole, l’Agglomération annécienne a favorisé l’installation d’une maraîchère à Alby-sur-Chéran.

« Aujourd’hui, on vous remet les clefs du champ ! » Fabienne Duliège, vice-présidente agriculture de Grand Annecy et agricultrice de son état, symbolisait la semaine dernière par cette formule, l’installation d’Anne Aurière en maraîchage à Alby-sur-Chéran. Les pieds dans l’herbe haute et mouillée constellée de bouses de vaches, l’assistance composée d’élus, de voisins et de professionnels, prenait sans doute la mesure de la sueur à produire pour transformer cette prairie d’un hectare en fertile terre maraîchère. Pas de quoi, pourtant, faire peur à Anne Aurière qui, grâce à l’intervention de l’Agglomération d’Annecy, va enfin pouvoir réaliser son rêve. « Je veux être maraîchère depuis toujours », confirmait-elle.

Dans le cadre de sa politique agricole, Grand Annecy a en effet acheté cette parcelle et la grange qui y est construite, pour les mettre à disposition, via un bail agricole de trente ans, d’un paysan. « Nous avons un défi à relever, expliquait Frédérique Lardet, présidente de Grand Annecy : augmenter notre autonomie alimentaire qui est relativement faible. Pour y parvenir, la collectivité doit s’engager dans l’acquisition de terrains. »

Alertée par la mairie d’Alby-sur-Chéran sur les demandes récurrentes d’acquisitions de ce lot, l’Agglomération s’est alors rapprochée de la Safer pour aller convaincre le diocèse d’Annecy, propriétaire, de lui vendre le tout. « Le diocèse ne voulait pas vendre, car il gardait l’espoir que la parcelle, classée en zone agricole depuis longtemps, devienne un jour constructible », détaillait Jean-Claude Martin, maire de la commune. Après moult négociations, Grand Annecy a fini par acquérir cette propriété du Biollet pour 127 350 euros, grange comprise. Cette dernière, de 80 m2 au sol, doit être restaurée l’année prochaine pour un montant estimé à 350 000 euros.

30 ans : c’est la durée du bail agricole qui a été signé entre Grand Annecy et la maraîchère. De quoi donner à cette dernière une visibilité qui fait parfois défaut dans la profession.

Anne Aurière commencera dès cette année à travailler le sol pour produire ses premiers légumes en 2024. En parallèle, cette botaniste, diplômée en agriculture, poursuivra son travail en tant que salariée au Marché du Potiroux, à Chainaz-les-Frasses. Une installation progressive qui lui permettra de mettre en œuvre son projet sereinement, pour lequel elle pronostique un investissement de départ d’environ 40 000 euros.

Elle prévoit notamment la mise en place de trois ou quatre serres maraîchères pour avoir des légumes de saison de façon plus précoce. L’une d’entre elles sera dédiée à la production de ses propres plans. Trois jardins de plein champ et un verger (pommes, poires) complèteront le tout. « Et pour délimiter les parcelles, dit-elle, je vais planter des haies vives de petits fruits. » L’idée est de produire des fruits et légumes bio, locaux et diversifiés, qu’elle commercialisera par un système de paniers et par la vente directe à la ferme.

« On teste ici le maraîchage, conclut Frédérique Lardet, qui ne représente que 10 % des activités agricoles sur notre territoire, mais nous avons aussi la volonté d’aider d’autres productions, comme les céréales. Nous espérons avoir d’autres opportunités comme celle-ci. » La culture biologique, les circuits courts, la volonté de travailler avec la restauration et les épiceries locales et de participer à l’animation du territoire sont quelques-uns des critères que s’est fixée l’Agglomération pour sélectionner ses candidats futurs à l’installation.