Sept ans après le début des études de faisabilité, Ali Énergie inaugure la première boucle d’eau de chaleur et de froid alimentée par un lac, en France.
Accessible depuis une trappe métallique qui affleure dans l’herbe, la boucle d’eau est invisible depuis l’extérieur mais elle a déjà beaucoup fait parler d’elle. Intervenue le 11 mai, un mois après la mise en service, l’inauguration de ce réseau de chaleur et de froid marque l’aboutissement d études engagées en 2016 et de deux ans et demi de travaux ponctués d’embûches pour Idex, qui réalise là une première française. L’installation dessert les 570 logements du quartier des Trésums (édifié à l’emplacement de l’ancien hôpital), un hôtel et la future piscine des Marquisats, dont la construction devrait s’engager en septembre. L’espace nécessaire à une quatrième pompe à chaleur a déjà été prévu, de manière à anticiper des raccordements futurs.
2,5 km de long
D’une longueur de 2,5 km, le réseau puise l’eau à 20 m de profondeur, là où elle affiche une température constante de 6°C. Des tuyaux de 450 m de long l’acheminent jusqu’à un bac tampon puis des échangeurs. Alimenté par les calories prélevées dans l’eau, le circuit chaud compte trois pompes à chaleur. D’une puissance de 13 GWh/an, il couvre 95 % des besoins en chauffage et eau chaude sanitaire. Le complément est apporté par des chaudières à gaz, également utilisées pendant les périodes de maintenance ou en cas de secours.
L’été, l’installation couvre la totalité des besoins de climatisation, avec une puissance de 500 MWh/an. L’eau – dont la température est plus basse que l’air ambiant – est injectée directement dans le réseau pour rafraîchir les bâtiments. La boucle utilise quinze fois moins d’électricité qu’un système de climatisation classique et évite la production de 2 600 tonnes de CO2 par an.
Après utilisation, l’eau est intégralement rejetée dans le lac, à une profondeur de 7 m. Sa température est plus fraîche l’hiver (-2 à -3°C), puisqu’elle a perdu des calories, plus chaude l’été (13 à 15°C), quand elle en a gagné.
10 M€ investis
La maîtrise d’œuvre du programme a été assurée par le bureau d’études SGI, qui est notamment intervenu sur le projet hydrothermique Genilac, à Genève. Idex, qui se charge de l’exploitation et de la maintenance pour une durée de vingt-cinq ans, a porté l’investissement (10 M€) avec le soutien technique et financier (1,7 M€) de l’Ademe. Le Crédit agricole Immobilier (qui réalise le quartier des Trésums) et la Ville d’Annecy ont également apporté leur appui. « Toutes les innovations sont sujettes à certains aléas, mais il est de notre responsabilité de lutter contre le réchauffement climatique », assure le maire, François Astorg. Pour Benjamin Frémaux, le président d’Idex, « l’opération ajoute une nouvelle dimension au lac d’Annecy, qui devient aussi un formidable réservoir d’énergie ».
Une société locale d’exploitation
Basée à Meythet, Ali Énergie (Annecy lac Idex Énergie) est la société locale dédiée à l’exploitation et la maintenance de la boucle d’eau. Elle est chargée de fournir le chauffage, l’eau chaude et la climatisation aux abonnés du réseau des Trésums. Elle appartient au groupe français Idex (2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022 avec 5 700 salariés), seul opérateur du marché verticalement intégré sur l’ensemble de la chaîne de valeur des énergies locales (de la production à la distribution, en passant par l’optimisation). En Auvergne-Rhône-Alpes, le groupe emploie 600 salariés pour un chiffre d’affaires 2022 de 147 M€. Il compte 8 agences pilotées par une direction répartie entre Lyon et Savoie Technolac.
Sophie Boutrelle
Photo : Frédérique Lardet, présidente de Grand Annecy, et François Astorg, maire d’Annecy aux côtés de Benjamin Frémaux, pdg d’Idex et Jérémie Neveu, directeur « infrastructures ».







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