Toutes les années, c’est la même rengaine. Chaque mois de juin, parents et enfants vivent à l’heure du bac, entre angoisse et réconfort, révision de dernière minute et conseils de préparation. Année après année, les enjeux restent identiques : tel un rite initiatique, la réussite à l’examen fait passer le bienheureux dans le monde des adultes, matérialisé par le départ du cocon familial, l’indépendance et l’arrivée progressive sur le marché du travail. A l’inverse, échouer au baccalauréat fait du pauvre recalé un candidat potentiel au chômage longue durée, condamné au RSA et autres aides diverses et variés, au manque d’estime de soi et à l’opprobre générale. A tel point que seuls quelques artistes avouent encore, avec un certain plaisir, avoir échoué à l’examen, alors que les quelques 22% restants de la population regretteront toute leur vie de ne pas avoir davantage forcé leur talent pour accéder à des études supérieurs et un métier plus valorisant….
Depuis quelques jours, l’angoisse de l’attente est cependant terminée pour les 700 000 candidats de l’année dont plus de 80% auront obtenu le précieux sésame. L’heure est maintenant aux admissions post-bac. Certains ont passé des concours et connaissent déjà leur destination. D’autres se dirigeront vers l’université et devront alors s’en remettre au logiciel APB (Admission Post-bac), un algorithme qui décide des affectations des candidats en fonction de critères déterminés tels que notes aux examens et bulletins scolaires…
Le bac n’est donc pas une fin en soi. Pour accéder aux meilleures filières, mieux vaut également pouvoir se prémunir d’une mention et, dans tous les cas de figure, d’un bon livret scolaire basé sur les appréciations des professeurs et sur les contrôles continus. Ainsi, un mauvais élève qui, par chance, aurait obtenu son diplôme, ne se verrait pas pour autant ouvrir les portes de son choix. A l’inverse d’un élève brillant qui aurait été retenu sur dossier, avant même de passer l’examen…
Mais alors quelle est véritablement la valeur du baccalauréat ? De plus en plus de voix s’élèvent, parmi lesquels professeurs et personnalités de l’éducation nationale, pour dénoncer l’imposture d’un examen calibré pour être réussi par le plus grand nombre. Ainsi, les correcteurs sont-ils priés, avant chaque session, de faire attention à leurs moyennes afin de coller au plus près aux exigences de réussite. De même, après les corrections individuelles, se mettent en place des commissions d’harmonisation, pour décider collectivement de remonter certaines notes jugées trop basses. Il n’existe donc pas de barème de corrections auquel chaque correcteur puisse se référer, pour donner tout son sens à cet examen national ? Que nenni. Chacun note en fonction de son expérience et de son environnement. Autant dire qu’un baccalauréat n’aura jamais la même valeur en fonction de son lieu d’obtention…
Malgré tout, ce diplôme conserve une véritable valeur symbolique, ne serait-ce que parce qu’il constitue un premier apprentissage de l’effort, de la gestion du temps et du stress. Mais il aurait grand besoin d’un sérieux dépoussiérage pour conserver sa crédibilité. Et peu importe si le nombre d’admis baisse. Cela pourrait même être l’occasion de revaloriser d’autres filières de qualification tant réclamées par les entreprises, à commencer par l’apprentissage et l’alternance…
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