« Bien construire Annecy » : un référentiel attendu

par | 13 mai 2022

Après deux ans de travail, la Ville d’Annecy a présenté mardi dernier à une salle comble son référentiel intitulé « Bien construire Annecy ». Objectif : encadrer la production du bâti.

Promoteurs, architectes, bailleurs et autres acteurs de l’immobilier remplissaient la grande salle du Cap Périaz, mardi 3 mai, à l’occasion de la présentation, par la Ville, de son nouveau référentiel Bien construire Annecy. Il s’agit d’un document de 82 pages à destination des professionnels de la construction qui n’a « pas de caractère réglementaire », mais qui – comme indiqué dans sa présentation – « s’insère dans la chaîne de décision de la Ville comme référent, et sert de guide aux uns et de grille de lecture aux autres ».

Élaboré en concertation avec les professionnels, il se veut, selon le maire François Astorg, « un outil de pilotage de notre politique d’aménagement et d’urbanisme à la hauteur des défis que nous devons relever ». Ces défis sont de plusieurs ordres : améliorer la qualité de vie, permettre à tous de trouver un logement abordable, préserver l’environnement, limiter les émissions de gaz à effet de serre et le réchauffement climatique, remplir les objectifs d’une ville bas-carbone… En bref, et pour reprendre la formule de Nora Segaud-Labidi, maire-adjointe en charge de l’aménagement durable et de l’habitat : « rééquilibrer la situation et ne plus considérer le logement comme un produit financier ».

Sachant que « le principe des trois tiers est au coeur du document : un tiers de production en prix libre, un tiers en accession réglementée et un tiers en maîtrisé. » Le tout en associant habitants et riverains aux projets dès les premières études. Pour y parvenir, l’ensemble des participants à la présentation insistaient sur la notion de réinvention. Il faudra en effet réinventer la ville, l’adapter, et même la « réparer », selon Clément Blanchet, urbaniste-architecte conseil de la Ville. « Il faudra relisser, reconnecter, retrouver un bon sens et un pragmatisme communs pour construire bien et durablement. »

« Cette ville doit changer. Le document nous propose de mettre le qualitatif avant le quantitatif et c’est très bien. On doit apprendre à raisonner autrement qu’en termes uniquement financiers. La logique doit inclure la valeur financière, mais aussi les valeurs sociale et écologique. »

Pierre-Yves Antras, Directeur Général de Haute-Savoie Habitat

« N’ayons pas peur de la densité »

Et la densification sera nécessairement au rendez- vous. « N’ayons pas peur de la densité », expliquait Grégory Monod, président du pôle habitat de la Fédération française du bâtiment. « Elle est nécessaire pour changer la ville. Certains quartiers, comme Barral, ont déjà été densifiés et les logements s’y intègrent très bien. » En revanche, il faisait remarquer que les professionnels auront besoin d’initiatives publiques pour faire bouger les choses. « Le territoire en a manqué cruellement. » Il notait également que les freins viendront aussi des habitants et riverains…

Enfin, il appelait de ses voeux la création d’un observatoire du foncier. Vincent Davy, président de la Fédération des promoteurs immobiliers, insistait quant à lui sur l’importance du PLU (plan local d’urbanisme) pour organiser la densification, « ce qui n’est pas le cas pour le moment ». Et il pointait du doigt le « vrai enjeu » : le foncier. Un sujet repris un peu plus tard par Antoine Machado, président de Priams : « Où mettre des logements si nous n’avons pas de foncier accessible ? », questionnait- il. « Quand on construit une ville sur une ville, on construit sur des maisons qu’on rachète, et ces maisons ont une valeur, c’est comme ça ! ». « Si nous n’avons pas de foncier accessible, ça ne marchera pas », assénait-il.

Qui va payer le surcoût du foncier ?

Le financement du surcoût lié à la problématique du foncier est effectivement, selon Pierre-Yves Antras, directeur général de Haute-Savoie Habitat, « la question que tout le monde se pose : Qui le prendra en charge ? » Malgré tout, le référentiel est, à ses yeux, indispensable pour tenter de répondre aux préconisations du GIEC : « Cette ville doit changer. Le document nous propose de mettre le qualitatif avant le quantitatif et c’est très bien. On doit apprendre à raisonner autrement qu’en termes uniquement financiers. La logique doit inclure la valeur financière, mais aussi les valeurs sociale et écologique. »


Sylvie Bollard

2 Commentaires

  1. Saury

    Un document coûteux sans chiffres, sans cohérence, sans vision. Quand le mammouth accouche d’une souris alors que les besoins sont tellement importants. Se rapprocher des normes en vigueur ou à venir Rt2020 par exemple ? Verticaliser ? Dommage de dépenser autant de temps et l’argent pour un document qui n’apporte rien de nouveau. Annecy est toujours en retard de 30 ans sur son développement : subir plutôt qu’anticiper, surtout ne pas regarder ce qui se fait ailleurs, éviter la vision d’ensemble et se croire seul au monde.

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  2. anne

    Réparer Annecy…..c’est tout à fait ça…cette ville est malade des constructions anarchiques, peu esthétiques et en très grand nombre…. la soigner également de la pollution croissante, de la circulation automobile plus que dense….Annecy est situé dans un environnement naturel exceptionnel mais, hélas, complètement défiguré par l’appétit des promoteurs immobiliers peu soucieux du bien-être des habitants.
    il faut réagir vite, lutter et penser autrement ….!!!!

    Réponse

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