La Capeb et la CNATP ont échangé avec des élus aindinois, le 2 mars, sur le “faire mieux avec moins” dans le BTP. Une démarche encore coûteuse.
La valorisation des déchets dans le BTP ou encore faire mieux avec moins, le thème, de plus en plus présent au cœur des entreprises, s’est invité à une table ronde de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) coorganisée avec la Chambre nationale de l’artisanat, des travaux publics et paysagistes (CNATP), en présence d’élus aindinois, le 2 mars à Viriat. « Le BTP représente deux à trois millions de tonnes de déchets chaque année. Ce volume comprend environ 1 % de déchets dit dangereux et 10 % de déchets dits non dangereux. Le reste est considéré comme inerte, c’est-à-dire, comme des matériaux n’interagissant pas avec leur espace extérieur dans le temps », explique Sébastien Duc, secrétaire départemental à la CNATP 01.
Des déchets qu’il faut traiter, mais à quel prix ? « Quand nous avons voulu isoler nos locaux, nous avons acheté une palette de laine de verre ainsi qu’une palette de 50 plaques de plâtre. Nous nous sommes retrouvés avec les emballages plastiques de l’ensemble, une palette non consignée et les chutes de plâtre. Pour leur passage en déchetterie, nous avons payé 55 €. Pour un artisan, se rendre à la déchetterie deux fois par semaine représente un coût de 5 000 € par an », déplore Georges Aghadjanian, cogérant de Ent AGH, spécialisée dans la maçonnerie.
Un coût élevé
La loi Antigaspillage ajoute pour le moment des difficultés aux artisans. « Depuis la loi Agec, de nombreuses actions ont été mises en place dans l’industrie agroalimentaire, contrairement au monde du BTP. Actuellement, nous avons un tri à sept flux, cela veut dire pour nos entreprises une sensibilisation des salariés, du temps pour le tri et une location de benne. Pour une entreprise artisanale, on évalue ces actions à un emploi à temps plein, soit 20 000 € par an », commente Valérie Brevet, membre de l’administration de la Capeb, en charge du dossier des déchets. Quant aux déchetteries professionnelles, les sociétés présentes le regrettent, leur maillage demeure trop faible.
8 354
La CNATP représente dans l’Ain plus de 2 000 entreprises des travaux publics et du paysage ; la Capeb, 6 354 entreprises du bâtiment.
Report de la filière REP bâtiment
Dans le cadre de la loi Agec, une filière REP (responsabilité élargie du producteur) bâtiment, composée d’éco-organismes, devrait se mettre en place. Ces derniers, des entreprises privées agréées par les pouvoirs publics, financeront la reprise des produits mis sur le marché une fois ces derniers arrivés en fin de vie. « Nous allons devoir payer pour cela une éco-contribution dans dix mois, mais il faut que nous sachions d’ici six mois à quoi cela correspond et à quoi s’attendre, pour pouvoir le répercuter dans nos devis et sensibiliser nos clients à ce sujet. Les gens ont compris l’écotaxe pour l’achat d’une machine à laver, mais une écotaxe dans le bâtiment risque d’être mal prise, regrette Éric Donetti, président de la Capeb 01. Nous souhaitons être consultés pour cette mise en place et qu’il y ait une vraie transparence sur ce sujet. » Initialement prévue au 1er janvier 2022, la filière REP est reportée au 1er janvier 2023.
Joséphine Jossermoz
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