Avec 2 milliards de travaux et des recrutements massifs, le territoire s’organise pour faire face aux besoins.
C’est un ensemble d’opération de renouvellement, de réévaluation et de requalification des matériels des installations de la centrale nucléaire du Bugey pour prolonger sa durée de vie au-delà des 40 ans prévus à sa construction, avec une prise en compte des mesures de sécurité post Fukushima. Démarré en 2014 pour une période allant jusqu’en 2025, le Grand Carénage prévoit 2,1 milliards de travaux, dont le pic doit avoir lieu sur 2020 et 2021. En temps normal, la centrale emploie quelque 2 000 personnes, 3 000 lors des arrêts de tranche et autres opérations de maintenance. Cette fois, ce seront 4 000 personnes qui travailleront sur le site. « C’est un défi financier, industriel, technique et logistique dont l’un des enjeux sera de mettre en relation nos prestataires habituels avec d’autres entreprises locales et de permettre à ces entreprises de former leurs équipes aux spécificités du nucléaire », explique Pierre Boyer, son directeur. La centrale aura besoin de robinetiers, chaudronniers, électriciens, logisticiens, génie civil… « Ce sont des métiers classiques de l’industrie, mais notre secteur d’activité a ses exigences. » Sur la partie non nucléaire interviendront également, des entreprises de gros œuvre et du second œuvre du bâtiment, notamment pour créer les structures destinées à accueillir tous ces travailleurs.
Métiers industriels
Avec cet afflux, vont se poser des questions de recrutement, de formation, de circulation et de stationnement (sur et aux abords du site), de logement et d’hébergement. Or, « le Grand Carénage n’est pas quelque chose qui s’impose au territoire mais doit lui profiter. Le recrutement, notamment, ne doit pas perturber les activités des entreprises du Parc industriel de la Plaine de l’Ain », estime Pierre Boyer. Aussi, mercredi 22 novembre, a été mise en place une instance de concertation et de coordination. Celle-ci implique les CCI de l’Ain et de l’Isère, la Direccte, le conseil régional, les conseils départementaux de l’Ain et de l’Isère, la métropole de Lyon, les communautés de communes de la Plaine de l’Ain et Balcon du Dauphiné, ainsi que les acteurs de l’emploi : Pôle Emploi, Cap Emploi, les agences d’intérim et l’agence de développement économique.
Concertation
« Deux groupes de travail ont été créés : l’un sur l’emploi, la formation et les compétences, l’autre sur l’accompagnement et l’accueil des entreprises. Ils vont plancher sur les différentes thématiques en jeu, de façon interdépartementale, pour voir comment on absorbe ce surcroît d’activité, comment permettre aux entreprises locales de profiter de la manne et comment offrir des formations aux personnes en recherche d’emploi qui correspondent aux besoins des entreprises, indique Pascale Preveirault, sous-préfète de Belley. Maintenant que l’instance de concertation est en place, ses acteurs vont se rencontrer régulièrement, à partir de janvier, pour dresser l’état des lieux et proposer des solutions, dès le mois de juin, date du prochain comité de pilotage. Et nous aurons probablement un comité de suivi à mi-parcours. Nous tenons là une vraie opportunité de développement d’une dynamique territoriale à l’échelle de plusieurs départements. » Une dynamique qu’EDF, par la voix de Pierre Boyer, se dit fière de porter, à travers un projet « qui peut se révéler d’utilité publique ».
La centrale
La centrale nucléaire du Bugey compte quatre unités de production en activité, construites entre 1978 et 1980. Ces quatre réacteurs engendrent 25 TWh d’électricité, soit 4 % de la production d’EDF. En 2016, 210 millions d’euros y ont été investis, représentant 54 millions d’euros de marchés pour les entreprises locales.
Par Sébastien Jacquart
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