Non, vous ne rêvez pas ! Les collectivités locales semblent mieux se porter. Vous n’aviez pas remarqué ? L’éminente Cour des comptes, elle, vient de rendre public un très intéressant rapport sur les finances locales, lequel «tend à relativiser la gravité de la situation dénoncée par les élus». Personnellement, à la lecture du rapport, j’ai bondi. Il apparaît que la situation financière dans certaines communes est effectivement moins tendue que prévu… grâce à la hausse continue des impôts locaux. En somme, c’est bel et bien le citoyen – et les entreprises – qui supportent, pour partie, le désengagement de l’Etat. Une surprise ? Même pas, tant on commence à avoir l’habitude, sous ce Gouvernement, que l’on nous prenne d’un côté ce que l’on nous donne de l’autre. Bref, les impôts locaux ont connu leur plus forte progression depuis la réforme de la fiscalité locale en 2011. Ainsi, et malgré la baisse de la dotation globale de fonctionnement, certaines communes bénéficient de ce surcroît de recettes bienvenues.
Naturellement, la situation financière des collectivités s’est également améliorée, comme le démontre la Cour des comptes, grâce… à la baisse de l’investissement : – 25% en deux ans, globalement. Le bonheur des uns ne fait pas toujours celui des autres…
Si les communes semblent, pour l’heure, relativement à l’abri (une assertion à prendre avec toute la délicatesse qu’il convient, tant je ne suis pas persuadée que toutes soient dans cette situation, malgré ce qu’en pense la Cour), les Départements et les Régions sont en revanche, plus que jamais malmenés. Les investissements, dans les premiers, sont à la peine pour la cinquième année consécutive. Quant aux secondes, elles sont impactées de plein fouet par une augmentation drastique de leurs dépenses de fonctionnement, généralement dues aux transferts de compétences d’un Etat toujours volontariste, lorsqu’il s’agit de redistribuer les tâches qui jusqu’alors lui incombaient. Et cela, dans un contexte particulier de réorganisation de la carte des intercommunalités.
Alors, la Cour des comptes, jamais avare de bons conseils, révèle son idée : «le maintien de l’autofinancement des collectivités locales passe par l’intensification de leurs efforts de maîtrise des charges de fonctionnement et particulièrement sur leur masse salariale». Merveilleux, naturellement, les collectivités avaient besoin de ce genre de conseil ! Selon une très récente étude publiée par Ranstad, le spécialise du marché des ressources humaines, près d’une collectivité locale sur deux envisage de réduire ses effectifs, arguant de la baisse des dotations de l’Etat. Elles étaient 25 % à imaginer cette solution en 2015. Les auteurs soulignent que jamais la proportion de collectivités anticipant un recul de leurs effectifs n’avait été aussi importante.
Si le léger redressement des finances locales s’accompagne de freins à l’emploi, d’une baisse de l’investissement et d’augmentations d’impôts, qui en bénéficie ?
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