Pour ou contre la journée de solidarité ? il s’agit d’une question à 2 420 millions d’euros : ce qu’elle rapporte à l’état.
À Eco Savoie Mont Blanc, la journée de solidarité a lieu ce lundi de Pentecôte et sera prise soit sur une journée de RTT, soit sur une journée de congés pour l’ensemble des collaborateurs. Le lundi de Pentecôte était le jour désigné par le gouvernement lors de la création de la journée en 2004, par Jean-Pierre Raffarin, en réponse au choc provoqué l’été caniculaire précédent par le décès de 15000 personnes. Depuis 2008, dirigeants et représentants du personnel (la concertation est obligatoire) peuvent choisir un autre jour. Certains le font, puisqu’en 2016, une étude Randstat établissait que 30 % des salariés français prévoyaient de travailler ce jour-là. Reste que 70%, donc, restent chez eux.
Les membres de notre communauté Eco confirment cette tendance de fond. Pour la moitié d’entre eux, le jour de solidarité sera pris sur un jour de congé ou de RTT, et quatre sur dix ne travailleront pas ce lundi. En 2004, il s’agissait d’aider personnes âgées et handicapées, mais c’était aussi un moyen de supprimer en douceur un jour férié, les salariés étant “invités” à travailler pour l’État. Le premier volet de la réforme reste valide. Mais le second objectif est visiblement raté : pour 62 % des membres de notre communauté, la journée est un non-événement ; le lundi de Pentecôte est resté un jour férié et chômé, même si c’est d’une façon un peu particulière.
Financièrement, la mesure est efficace. La Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, bénéficiaire des fonds récoltés, prévoit de recevoir 2,42 milliards d’euros au titre de la contribution solidarité autonomie. Par ailleurs, depuis 2013 les retraités participent via la contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie (Casa), qui devrait rapporter 765,4 millions en 2018. Depuis 2004, la journée de solidarité a rapporté 30 milliards d’euros, la Casa 3,36 milliards.
En 2018, les 2,42 milliards serviront à nancer les prestations de compensation du handicap et les maisons départementales des personnes handicapées (629 millions), les allocations personnalisées d’autonomie pour les personnes âgées, ainsi que des établissements et services médico-sociaux (338,7 millions pour les personnes handicapées, 967,7 millions pour les personnes âgées).
L’affaire est si rentable pour l’État qu’Emmanuel Macron et sa ministre Agnès Buzyn ont évoqué la possibilité d’en créer une seconde. Même pas en rêve, répondent aussi bien les syndicats patronaux que de salariés et, plus modestement, les membres de notre communauté.
Le dernier enseignement de notre enquête est que, après trois semaines à circuler de pont en pont, voire en viaduc, une majorité de lecteurs ne veulent en aucun cas supprimer un jour férié en mai.
Par Philippe Claret
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