Confinement : chapitre 1

par | 20 mars 2020

Engagée dans une « guerre » contre la propagation du Covid-19, la France se confine depuis le 17 mars à 12 heures. Une situation inédite face à laquelle chaque acteur économique essaie de répondre au mieux. Tour d’horizon, forcément partiel.

Alors que le printemps pépie et bourgeonne, la France entre en hibernation forcée. En « guerre » – pour reprendre la terminologie présidentielle – contre la pandémie du Covid-19 qui paralyse chaque jour un peu plus le monde, l’Hexagone cherche comme ses voisins européens son salut dans le repli sur soi.

Depuis la mi-mars, la fermeture du pays – les écoles, puis les stations, les commerces et les restaurants, les entreprises, et les frontières – a pris pratiquement tout le monde de court. Bien qu’aux premières loges de l’arrivée du virus en France, les Pays de Savoie n’ont pas échappé à cette sidération. Pourtant, très vite, toutes les entreprises se sont organisées pour faire face à cette nouvelle réalité d’une France confinée : réunions d’urgence, ordinateurs déménagés, câbles tirés, télétravail, nouveaux protocoles de communication…

Chaque entreprise décline à sa manière et en fonction des spécificités de son activité les mesures de distanciation sociale. Il y a celles qui télétravaillent, celles qui ferment et se mettent au chômage partiel, celles qui voient au contraire leur activité boostée par l’épidémie… Petit tour d’horizon, forcément partiel.

Savoie Transmissions, ouvert par civisme

Si l’expert en maintenance et distribution de solutions dans les transmissions industrielles a choisi de rester opérationnel, ce n’est pas pour faire du chiffre d’affaires mais bien par civisme. « Nous travaillons avec des établissements de santé (maintenance des convoyeurs automatiques de la pharmacie et de la cantine), des sociétés pharmaceutiques, de l’agroalimentaire et de traitement de l’eau », explique son pdg Pierre Arboireau.

Dès les premiers jours, Savoie Transmissions (25 salariés, 4,6 millions de chiffre d’affaires) a appliqué les règles en vigueur, déployé le télétravail quand les fonctions le permettent. Seuls subsistent sur son site de Chavanod la direction, des techniciens de maintenance et le magasinier. Au lendemain de l’annonce de la mise en place du confinement, un drive a été mis en place pour enlever et déposer colis et palettes, afin d’éviter tout contact avec l’extérieur. Désormais, les interventions n’ont lieu que sur signature du dirigeant, et que si elles sont essentielles. Mais Pierre Arboireau n’exclut pas une fermeture dans les prochains jours si la situation venait à se détériorer davantage.

Fanuc France, toujours actif

Le groupe japonais spécialiste de la robotique et de la machine-outil poursuit son activité. Ses locaux à Paris, aux Echets (région lyonnaise) et à Marnaz sont fermés au public jusqu’au 31 mars, mais un service d’astreinte assure la maintenance et le SAV… quand 70 % des clients sont à l’arrêt. « Chacun s’organise », souligne Jean-Hugues Ripoteau, président de Fanuc France et vice-président de Fanuc Europe, qui affiche un chiffre d’affaires de 170 millions d’euros avec 212 salariés. À date, 50 % de l’effectif est en télétravail… « Parce que la Terre ne s’arrête pas de tourner dans ce contexte particulier », Fanuc met en ligne des formations à destination de ses clients et intégrateurs pour qu’ils se forment à ses nouveaux produits et logiciels. Pour Jean-Hugues Ripoteau, « cette situation sera certainement un mal pour un bien. Nous allons peut-être prendre conscience que la fabrication de certains produits doit être rapatriée en France ».

La production reprend chez Miliboo

Le spécialiste du meuble design et connecté, Miliboo, annonce qu’il dispose d’un niveau de stocks et de canaux d’approvisionnement suffisants pour répondre à la demande en ligne de ses clients en France, en Espagne et en Italie. Le groupe haut-savoyard précise par ailleurs que ses fournisseurs chinois ont repris progressivement leur fabrication et que les usines chinoises produisent désormais dans des conditions normales.

MND revoit le calendrier de ses opérations

Le 30 avril, lors de la présentation de ses résultats semestriels 2019-2020, MND présentera son carnet de commandes actualisé, intégrant les nouveaux contrats et la situation en Chine où il avait réalisé 12 % de son chiffre d’affaires en 2018- 2019 (57,3 millions sur quinze mois). L’arrêt des chantiers conduits par le groupe en Chine est intervenu avec les fêtes du Nouvel an chinois et s’est poursuivi avec le Covid-19. Des discussions sont en cours avec ses clients pour revoir le calendrier de ses opérations.

Restaurant-épicerie Maï

À Annecy, le comptoir de cuisine vietnamienne à consommer sur place ou à emporter Maï met provisoirement la clé sous la porte. Créée en septembre 2017, l’entreprise qui a recours à l’emprunt, trois loyers (deux restaurants-points de vente et un laboratoire-cuisine) à rembourser et treize salariés à payer a voulu maintenir la vente à emporter pour rétribuer à leur juste valeur ses équipes impliquées (après avoir dû mettre les six employés travaillant au restaurant au chômage partiel) et écouler son stock de produits frais. Mais l’absence de clients a raison de sa bonne volonté. Sa fondatrice, Marie-France Cartier, est totalement désemparée. « Ce midi, j’ai encaissé 42 euros. À ce rythme, continuer me coûtera plus cher que ça ne me rapporte. » Et la dirigeante de déplorer : « Même si les banques réagissent très vite, nous ne pourrons pas rattraper le manque à gagner dans l’année. » Alors si d’ici la fin de la semaine, tout n’est pas vendu, Maï prévoit d’offrir les plats préparés au personnel soignant de la clinique.

Les Laboratoires Rochex à flux tendu

L’entreprise de Juvigny, fabricant de produits d’entretien et de désinfection à l’usage des professionnels, maintient son activité pour répondre aux demandes express de ses clients : hôpitaux, cliniques, maisons de retraite et autres sociétés de prestation de service comme les entreprises de nettoyage. Sa production de produits désinfectants a plus que doublé au détriment des produits traditionnels, quasiment à l’arrêt. Pour Richard Bryon, coassocié et directeur général des Laboratoires Rochex (7 millions de chiffre d’affaires 2018, 47 salariés), « ce pic n’est à terme pas viable. Certes, nous allons faire du chiffre à la marge, mais dans une totale désorganisation ». À date, l’entreprise croule sous les appels et les commandes. Tout le personnel est présent sur site, excepté les commerciaux en télétravail.

Un plan de continuité pour Alpina Savoie

L’entreprise savoyarde d’agroalimentaire Alpina Savoie reste ouverte pour répondre à la forte demande de produits secs, observée ces derniers jours en grandes et moyennes surfaces. Alpina Savoie met en place « un plan de continuité » pour avoir une activité la moins dégradée possible et « continuer à s’adapter au jour le jour », explique le directeur général Jean-Philippe Lefrançois. L’entreprise a, dans un premier temps, « puisé dans ses stocks mais cela n’a pas été suffisant, des mesures ont été prises pour produire plus que d’habitude ».

Sur les 200 références que compte la marque, 40 au maximum continueront à être produites. Pour les salariés, cela se traduit par : des heures supplémentaires pour la production, une équipe de nuit et des personnes à la retraite rappelées pour la préparation des commandes ; du télétravail, du chômage partiel ou des arrêts maladie (garde d’enfants, personnes fragiles) pour le reste du personnel. Le directeur général assure que « l’approvisionnement en matières premières est sécurisé ». Des mesures sanitaires ont été mises en place pour tout le personnel, avec la mise à disposition de gels hydroalcooliques et de fortes précautions dans les ateliers.


Par la rédaction


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