La Banque de France vient fait part de ses projections et de ses recommandations.
« L’année 2017 a été marquée par un rythme de croissance exceptionnel de 2,3 %, surtout sur la fin de l’année, avec 2,8 % sur le dernier trimestre. Un chiffre bien supérieur à la croissance potentielle, estimée à 1,25 %. Ce rythme ne nous paraît pas soutenable, ce qui peut expliquer, pour partie, la contre-performance du début 2018, autour de 0,2-0,3 % par trimestre », commente Patrick Croissandeau, directeur de la Banque de France dans l’Ain. À quelques jours de la publication du rapport annuel de la Banque de France, accompagné de la traditionnelle lettre du gouverneur de l’institution aux présidents de la République, de l’Assemblée et du Sénat, ainsi que des projections macroéconomiques semestrielles pour la France et la zone euro, celui-ci avait souhaité présenter ces perspectives et ces recommandations au monde économique local, lors d’un petit-déjeuner.
« En 2018, la croissance devrait tout de même être plus robuste que potentiellement attendue. On reviendra probablement sur un rythme qui nous permettra de finir l’année sur une moyenne de 1,5 % », poursuit le directeur qui rappelle la résurgence d’un certain nombre de risques : la dette privée des pays émergents en forte hausse sur la dernière décennie pour atteindre 55 % du PIB mondial et les tentations protectionnistes, notamment. « Une hausse de 10 % des droits de douane équivaut à une baisse du PIB mondial de l’ordre de 2 %, sans parler du choc d’incertitude », relève Patrick Croissandeau.
Les projections s’attendent à une inflation (hors énergie et alimentation) maîtrisée, de 1,2 à 1,6 % sur la période 2018-2020, loin de l’objectif de 2 % de la Banque Centrale Européenne. Il n’y a donc pas lieu de craindre d’évolution des politiques monétaires. Les taux resteront bas. « L’arrêt du quantative easing, annoncé pour octobre, correspond à un arrêt des achats de titres, pas à un arrêt des stocks. On ferme le robinet. On n’ouvre pas les vannes pour autant », rassure Patrick Croissandeau, de surcroît.
La région tirée par l’export
À l’échelon régional, l’étude de 15 000 bilans d’entreprise révèle une forte dynamique à l’export, dont le chiffre d’affaires a augmenté de 12,1 % en 2017, contre 5 % pour le CA global. Par secteur, le BTP (6,5 %), l’industrie et les services (5 %), ou encore le commerce (4 %) enregistrent les meilleures progressions, le commerce de détail et l’hôtellerie les plus faibles (autour de 2,5 %). Les taux de marges progressent de 6,5 à 6,8 %. Les flux d’investissement se maintiennent à un niveau satisfaisant (8,7 %), tandis que l’endettement est considéré comme maîtrisé, autour des 40 %.
Persistance du déficit extérieur
Forte de ces différents constats, la Banque de France considère que pour profiter du retour de la croissance, la France doit prioritairement travailler sur le volet de l’efficacité des dépenses publiques et sur le volet de l’éducation, de la formation et de l’apprentissage. « La persistance de notre déficit extérieur explique notre retard de croissance de 2,4 points par rapport à la zone euro, d’autant que celui-ci est lié aux échanges intra-européens, décrypte Patrick Croissandeau. Il convient donc de redresser la compétitivité du pays, notamment sa compétitivité hors coût via la compétence de la main-d’œuvre des entreprises et l’efficacité de la sphère publique. La dépense publique représente 56 % du PIB en France, contre 45 % pour la zone euro hors Hexagone. C’est un enjeu de souveraineté. Il s’agit de rendre la dette soutenable si les taux montent. Quant au travail sur les compétences, il vise à diminuer le chômage structurel. »
Emploi en hausse
Après 300 000 créations d’emploi en 2017, les projections de la Banque de France en envisagent 180 000 de plus en moyenne, par an, pour atteindre un taux de chômage de 8,2 % fin 2020.
Par Sébastien Jacquart
Cet article est paru dans ECO de l’Ain du 12 juillet 2018. Il vous est exceptionnellement proposé à titre GRATUIT. Pour retrouver l’intégralité des articles de notre hebdomadaire mais aussi de nos suppléments et hors-séries, c’est ICI
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