Bois : Un modèle d’optimisation à Saint-Didier-sur-Chalaronne

par | 20 août 2020

Conçues par le cabinet d’architecture Hergott et Farabosc, les extensions de l’ensemble scolaire Saint-Joseph ont su utiliser des matériaux locaux à un coût maîtrisé.

Comment rendre accessible aux personnes à mobilité réduite et agrandir un bâtiment en pisé, hérité du XIXe siècle, sans le dénaturer ? Comment retrouver par ailleurs, le même confort thermique offert, en été comme en hiver ? Et tout cela sans surcoût ? Voici les enjeux qui ont présidé aux travaux de rénovation et d’extension de l’ensemble scolaire Saint-Joseph, à Saint-Didier-sur-Chalaronne. « Dans un souci de cohérence, mais aussi de préserver à la fois la planète et les savoir-faire régionaux, la solution de construire en bois, à partir de matériaux locaux s’est imposée comme une évidence », a exposé Julie Hergott, du cabinet d’architecture Hergott et Farabosc, lors d’une visite organisée, jeudi 9 juillet, par la Fédération interprofessionnelle du bois de l’Ain (Fibois 01). Pour ne citer que les escaliers et menuiseries, en chêne rouge de la Dombes, ils ont ainsi été sciés par la Scierie Pépin à Saint-Nizier-le-Bouchoux, transformés par la Menuiserie Philibert à Frans et posés par C’Bois, à Jassans-Riottier.

Saint-Joseph partie techniques apparentes

Pédagogie

« Quand nous avons commencé à travailler sur cet établissement, la partie lycée n’existait pas. Nous avons commencé par aménager des coursives extérieures et profité de la suppression des circulations internes, afin d’augmenter les capacités d’accueil du bâtiment existant. Nous avons ensuite réalisé deux extensions, la première livrée à la rentrée 2017, un réfectoire-foyer, la deuxième en cours de construction, avec des classes et des labos », poursuit Julie Hergott. De même que le pisé, protégé par les coursives, n’a pas été enduit, à l’intérieur des extensions, de nombreux éléments de construction, certains contreventements en douglas du Haut-Beaujolais, par exemple, ou des équipements comme le chauffage et les VMC sont restés apparents. Seules les parties sous les combles sont masquées par des faux plafonds. « Il s’agit de faire comprendre aux lycéens comment fonctionne un bâtiment, d’un point de vue technique. Par ailleurs, nombre d’élèves des environs vivent dans des maisons en pisé, sans savoir comment elles ont été construites, ni comment les entretenir. Or, ils en seront peut-être propriétaires demain. »

Saint-Joseph contreventement

Volonté et conception

Construire en bois, c’est cher, pense-t-on. Et plus encore avec des ressources locales. « Nous sortons à 1 500 euros hors taxe du mètre carré, ce qui correspond au prix d’une construction dans les matériaux habituels », dément Julie Hergott. Le secret ? « C’est juste une question de volonté et de conception. Sur une paroi en ossature bois, on compte normalement neuf couches. Ici, nous en avons cinq. Nous n’avons ni pare-pluie, ni pare-vapeur, ni doublage, ce qui permet de réduire à la fois le recours à des matériaux, souvent industriels et rarement locaux, d’une part, et la main-d’œuvre d’autre part. La couche extérieure est composée d’un enduit sur 80 cm de fibre de bois. C’est lui qui joue le rôle de pare-pluie. À l’intérieur, c’est l’assemblage des panneaux de bois qui assure l’étanchéité à l’air. De surcroît, nous avons tenu compte dans notre conception, des dimensions standards des panneaux, pour réduire, voire supprimer, le nombre de chutes, ce qui permet de diminuer le prix du matériau livré et posé. Tout l’enjeu est de réaliser des économies sans jamais rogner sur le confort d’usage, pour les élèves comme pour les professeurs. » Outre le confort thermique, l’acoustique des salles a ainsi été particulièrement soignée. « Cela peut vite rendre un bâtiment invivable, surtout en milieu scolaire », conclut Julie Hergott.

Saint-Joseph extension

Le coût de la sobriété

Selon la maîtresse d’ouvrage Julie Hergott, plus un bâtiment est passif, plus l’utilisateur est actif. Aussi, il reviendra aux professeurs de Saint-Joseph de baisser les stores aux heures chaudes et d’ouvrir les oscillo-battants le soir, pour faire circuler l’air dans les classes. C’est à ce prix que les nouveaux bâtiments pourront exprimer leur plein confort thermique d’été.


Par Sébastien Jacquart

Une Eco de l'AinCet article est paru dans le magazine ECO de l’Ain du 20 août 2020. Pour retrouver l’intégralité des articles de notre hebdomadaire, mais aussi nos suppléments et hors-séries, c’est ICI et ICI.

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