Comme l’ont déjà souligné de nombreux confrères, les bonnets rouges dont ont décidé de s’affubler les contestataires de l’écotaxe en signe de reconnaissance n’est pas un symbole choisi au hasard. En effet, parti de Bretagne, le mouvement rappelle en premier lieu la révolte paysanne de 1675 pour la liberté armorique, communément appelée « révolte des bonnets rouges ». Mais l’accessoire peut également évoquer les bonnets phrygiens dont se couvraient les révolutionnaires de 1789 et que porte désormais Marianne défendant la République.
Alors, est-on aujourd’hui à l’aube d’une nouvelle révolution destinée à rétablir les valeurs de cette même république : liberté de consommer – égalité de salaire – fraternité dans la fraude fiscale ? On peut dire sans risque de se tromper que l’on s’en rapproche chaque jour davantage.
L’écotaxe n’était pourtant pas une mauvaise idée puisque reposant sur l’idée du « pollueur-payeur ». Malheureusement, elle vient étouffer encore un peu plus des professions déjà largement mises à mal et notamment des transporteurs qui doivent déjà faire face à une concurrence étrangère déloyale, une réglementation drastique et des coûts d’exploitation en constante augmentation. Elle représente aussi la goutte d’eau de trop dans la course à la taxation entreprise depuis plusieurs mois par le gouvernement et entraînant un phénomène de rejet total de la part de la majorité des contribuables.
C’est pourquoi aujourd’hui la grogne monte et c’est pourquoi, même si certaines têtes pensantes alertent sur les risques de manipulation, de nombreux citoyens sont désormais prêts à soutenir la cause des Bonnets rouges, des Sacrifiés et autres Indignés, et à venir grossir les rangs des révolutionnaires.
Même les footballeurs professionnels se disent prêts à faire grève pour sauvegarder leur pouvoir d’achat. Mais ne nous leurrons pas, leur démarche ne relève pas pour autant d’une quelconque solidarité. Eux préfèrent le rouge de leur voiture à celui du couvre chef armoricain. Le jour où ces derniers accepteront de porter un bonnet en acrylique au risque de sacrifier les sculptures capillaires qui ornent régulièrement leur tête, une révolution sera véritablement en marche.
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