Le Grand Genevois ne sort pas indemne de la pandémie mondiale. La deuxième vague a engendré une mortalité importante à laquelle les services de santé ont répondu avec des moyens limités, ajustés parfois avec le concours des institutions.
Le territoire franco-valdo-genevois a pris de plein fouet le retour de l’épidémie de Covid à l’automne dernier. Un pic de contaminations est atteint entre le 26 octobre et le 1er novembre en Haute-Savoie (avec 9 100 cas), dans le canton de Genève (6 700 cas) et dans l’Ain (6 200 cas). La semaine suivante, le contexte s’aggrave avec 3 900 résultats positifs dans le canton de Genève, 3 200 en Haute-Savoie et encore 3 000 cas dans l’Ain.
La tension dure ainsi une quinzaine de jours avec des taux de contaminations records, jamais enregistrés depuis le début de la pandémie. Les soignants ont dû attendre le 16 novembre pour constater les premiers signes d’infléchissement. Le taux de positivité s’est progressive-ment abaissé sur l’ensemble du Grand Genevois (25,5 % en Haute-Savoie, 19,5 % dans l’Ain, 17,2 % à Genève). L’Observatoire statistique transfrontalier constate, sur cette période, que « l’épisode de surmortalité est beaucoup trop important pour ne pas être lié à ces circonstances exceptionnelles ».
Outre l’effet Covid, le gommage d’autres pathologies moins prévenues ou prises en charge par un effet de concentration des moyens et de report de visites, sinon d’interventions médicales, a contribué à une surmortalité supérieure lors de la seconde vague. Début novembre, la Haute-Savoie enregistrait des décès en hausse de 153 %, le canton de Genève flirtait à +135 %.
Lourd tribut des +65 ans
Sur cette période, les “65 ans et +” ont été particulièrement touchés. Durant le pic, ces tranches d’âge ont enduré une hausse de 150 % des disparitions dans le canton de Genève, +178 % en Haute-Savoie et +99 % dans l’Ain. Le caractère urbain du territoire explique en partie la propagation du virus, plus encore dans les cantons suisses que dans la France voisine. Si la baisse du trafic automobile lors des flambées de contaminations a abaissé les concentrations de polluants sur le territoire frontalier, cet effet bénéfique est quasiment passé inaperçu.
Dans ce contexte, le Département de la Haute-Savoie a déployé, en lien avec la préfecture et l’ARS Auvergne- Rhône-Alpes, une unité mobile de vaccination vers les territoires les plus éloignés des centres de vaccination. Les hôpitaux universitaires de Genève (HUG) ont fait de même, ciblant surtout les quartiers étudiants. Cette catégorie a également bénéficié d’un soutien psychologique en Haute-Savoie, con é par le Conseil départemental à l’association ULTIM. Nonobstant, le système de santé reste souffrant, en termes de moyens surtout.
Au sein des HUG, les dix lits Covid étaient toujours occupés début septembre 2021. « Les hôpitaux ne sont pas débordés, mais leur fonctionnement est anormal. La situation est préoccupante au risque d’un report des opérations usuelles », analysait fin août Adrien Bron, directeur général de la Santé à Genève.
Souffrance des soignants
La Haute-Savoie a, elle, payé le recul de 16,2 % du nombre de lits dans les équipements de santé depuis 2000. En 2018, le département comptait 5 lits d’hospitalisation complète pour 1000 habitants. Souffrance humaine aussi après le clivage social engendré par l’obligation vaccinale des personnels soignants français. En août, une quarantaine de salariés de l’hôpital Annecy Genevois se rassemblait devant le site de Saint-Julien-en-Genevois pour contester cette contrainte et le passe sanitaire imposé aux visiteurs.
En réponse, les établissements ont mené des campagnes de recrutement, difficiles à satisfaire. Parallèlement, la patientèle des médecins généralistes haut-savoyards s’est accrue de 19 % sur les 13 dernières années. Dans l’Ain où le département souffre d’une démographie médicale affaiblie (6,9 généralistes/10 000 habitants 8,9 en France) , l’exécutif a lancé le recrutement de quatre médecins généralistes salariés et d’adjoints. Trois cabines de télémédecine sur les cinq prévues ont été installées à Montréal-la-Cluse, Belley et Bourg-en-Bresse.
Raphaël Sandraz
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