Les records ne cessent de tomber, année après année. Dans un monde en crise(s), les 500 plus grandes entreprises de Savoie (73) et de Haute-Savoie (74) continuent invariablement de grandir… Mais sur quelles communes sont-elles implantées ? C’est ce que nous vous proposons de découvrir dans l’infographie ci-dessous.

Après la nette augmentation constatée l’an dernier (+15 %), le chiffre d’affaires (CA) cumulé de ce Top 500 des entreprises en Savoie Mont Blanc est encore fermement orienté à la hausse (+7,6 %). Il atteint ainsi 47,8 milliards d’euros (Md€). Il faut tenir compte du fait que ce classement est basé sur les exercices comptables 2023 (lire page 9 les précisions méthodologiques) mais n’empêche : tous les indicateurs sont en progression, une fois de plus.

Ainsi, le CA cumulé des 10 premiers de notre classement 2024 affiche +19,7 % (sur les entreprises du Top10, lire aussi notre focus spécifique, pages 77 à 82). Il est évidemment toujours dominé par l’Annécien Sopra-Steria : à 5,8 Md€, son CA est plus conséquent… que celui de ses trois premiers “poursuivants” réunis ! Tiré par une telle locomotive, le Top 10 génère à lui seul 40,2 % du CA cumulé du Top 500.

Cette édition devrait, sauf surprise l’an prochain, être la dernière dans laquelle le Top 10 n’est pas intégralement composé de “milliardaires” (plus de 1 Md€ de CA) : elles sont 9 sur 10 cette année (+1 par rapport à 2023). C’est d’autant plus impressionnant que dans la première édition du Top 500 (sortie début 2016, sur la base des bilans 2014) ces “milliardaires” n’étaient que deux.

6,5 % : c’est la part du chiffre d’affaires des entreprises de Savoie au sein du Top 10. Elles ne sont que 2 sur 10 et ce sont les deux moins bien classées. Le constat historique « les grands groupes en Savoie, les PME en Haute-Savoie » est bien révolu. L’hégémonie de “la Yaute” se retrouve, à des degrés moindres, dans le Top 50 (64 % des entreprises pour 78,4 % du CA) et le Top 100 (67 % des sociétés, 77,3 % du bilan).

Carte géographique des plus grosses entreprises en Savoie et Haute-Savoie :

Poids des « gros » et hausse des seuils

Le Top 100, lui, pèse près des trois quarts du CA cumulé du Top 500 : le fameux principe de Pareto (20 % des causes produisent 80 % des effets) n’est pas si loin. En son sein, les 50 premiers comptent pour près des deux tiers (63,9 %) et les 25 entreprises les mieux classées totalisent à elles seules plus de la moitié du CA du Top 500 (54,8 %). Le seuil d’entrée dans ce Top 100 se situe, dans cette édition 2024, à 78 M€, en hausse de 10,6 % (70,48 M€ de l’an dernier).

Plus spectaculaire encore, la hausse sur 2 ans atteint presque 20 M€, soit +33,5 %. Le seuil d’entrée dans le Top 500 connaît une évolution comparable : il s’établit à 13,60 M€ cette année, soit +7 % en un an et +33,5 % en deux exercices (10,18 M€ en 2022). La hausse est également spectaculaire quand il s’agit d’observer le nombre d’entreprises qui franchissent telle ou telle barre symbolique. Si Sopra s’approche de celle des 6 Md€ mais sans la franchir, derrière – et c’est une nouveauté – une deuxième entreprise est à plus de 2 Md€ (groupe automobile Maurin).

307 : c’est le nombre d’entreprises du Top 500 localisées en Haute-Savoie, soit 61,4 % du total. La prépondérance de la Haute-Savoie est encore plus marquée en termes de chiffre d’affaires : “le 74” pèse 72,7 % du total (34,7 Md€ sur 47,8 Md€).

Plus nombreuses au-dessus des 100 M€

La barre des 500 M€ est franchie, elle, par 15 entreprises de Savoie Mont Blanc. C’est… 3 de moins que l’an passé ! Cette bizarrerie au regard de l’évolution globale de ce Top 500, tient à plusieurs facteurs : Provencia n’a pas communiqué ces chiffres, DMBP (négoce de bois et matériaux ; enseigne Dispano) et le Crédit Agricole des Savoie sont repassés de peu sous la barre (499 M€ et 491,58 M€) mais ce n’est sans doute que conjoncturel. En outre, Ferroglobe France (ex-Ferropem) a fermé son site de Château-Feuillet (Tarentaise) en 2022, faisant évidemment plonger son CA 2023 (406,7 M€).

À l’inverse, Trimet a bondi de 32 %, flirtant avec les 659 M€ contre 498 M€ sur l’exercice 2022, preuve que l’industrie lourde n’est ni condamnée ni à visage unique. Elles sont toujours 31 à dépasser les 200 M€ de CA (inchangé ; mais c’était 21 dans l’édition 2022) et elles sont maintenant 73 à franchir le cap des 100 M€. Et pour l’anecdote, la n°73 est localisée… dans “le 74” (Nicomatic, Bons-en-Chablais ; 100 M€).

Là encore, la progression est spectaculaire sur deux ans : en 2022, 54 entreprises étaient au-dessus des 100 M€, puis 63 l’an dernier et donc encore dix de plus cette année : les rangs ont grossi de plus d’un tiers (+37,7 %) depuis l’édition 2022. Spectaculaire. Au moment d’expliquer la progression des entreprises du Top 500 sur l’exercice comptable 2023, l’inflation (+5,2 % en 2023 après +4,9 % en 2022) vient immédiatement à l’esprit : les entreprises répercutent comme elles le peuvent la hausse de leurs divers coûts (matières, énergies, salaires…).

Multiples facteurs d’explications

Toutefois, comme nous l’avons vu, la hausse moyenne du CA du Top 500 est de +7,6 % : une fois de plus, c’est plus que l’inflation et c’est surtout très supérieur à la hausse moyenne du PIB français (+0,9 %). Comment l’expliquer ? Les facteurs sont multiples : dynamisme démographique, diversité des activités (9 secteurs différents sont représentés au sein du Top 10), importance de l’export… Et puis il y a la conjoncture.

En 2023, la saison touristique a été plutôt bonne, les ventes de voitures également, l’industrie avait connu une bonne dynamique (au moins jusqu’à l’été), y compris pour la sous-traitance automobile, la consommation locale était restée à un bon niveau… En 2024, l’actualité internationale (Moyen-Orient, Ukraine, élection de Donald Trump, appétits chinois exacerbés, catastrophes environnementales multiples…) et l’incertitude politique hexagonale n’ont pas favorisé la croissance économique.

Possible, donc, que les bilans du prochain Top 500 ne soient pas aussi euphoriques que ceux de cette édition. Mais foin de pessimisme : le talent et le dynamisme des entreprises de Savoie Mont Blanc pourraient, une fois encore, nous surprendre.

Méthodologie : comme précisé par ailleurs, ce Top 500 est réalisé sur la base des bilans 2023 (voire 2022-2023 pour certaines activités saisonnières). Pour figurer dans le classement, deux impératifs : que le siège social soit situé en Savoie ou Haute-Savoie et que l’entreprise communique son bilan, auprès du tribunal de commerce et/ou de nos services.

Éric Renevier

Cet article est issu de notre magazine TOP 500 2024 Palmarès des entreprises en Savoie Mont Blanc, disponible au format liseuse en ligne ou au format papier.

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