L’édito de Myriam Denis : « Droit au but »

par | 04 juillet 2019

Polémique autour d’une échancrure de short ou rémunération des Bleues, Myriam Denis revient, dans son édito, sur le sexisme dans le sport.

Myriam Denis8h30 au bureau, ce mardi 2 juillet. J’ai travaillé la veille au soir sur une idée d’édito (la réforme des retraites, si vous voulez savoir). Aussi, ce matin, je sais qu’il ne me reste « plus » qu’à finaliser mon texte. Sauf que… Internet, parfois, c’est Tantale. J’ai entendu parler d’une affaire qui m’intéresse, je veux creuser…

Je prenais donc “tranquillement” connaissance d’un article traitant du sexisme malheureusement ordinaire vécu par une jeune athlète australienne, Tayla Harris, lorsque mon attention fut soudain attirée par autre chose que du texte. Au beau milieu de la page, une pub se lance sous forme de vidéo. Une jeune femme jouant les ravissantes idiotes vante les mérites du shopping dans je ne sais plus quelle boutique, le tout agrémenté de clichés tous plus sexistes les uns que les autres. La jeune tête de linotte friande de consumérisme à outrance apparaissait elle-même d’un ridicule incroyable. J’ignore ce qui m’a le plus interpellée : trouver ce genre de publicité à l’heure actuelle, ou bien la découvrir justement au cœur d’un article dont la vocation est précisément de dénoncer cette aberration qu’est le sexisme, en l’occurrence dans le sport.

L’article dont je prenais connaissance relatait les frasques dont a été victime cette jeune athlète, Tayla Harris. Son nom ne vous dit peut-être rien, mais la photo d’elle en pleine action a déchaîné les passions. Le cliché la montre levant très haut la jambe pour effectuer un tir puissant dans le cadre de son sport, le football australien. On aperçoit l’échancrure de son short (quoi de plus normal, au regard de l’angle de la prise de vue et la position de la sportive) et ce geste a suscité nombre de réactions pour le moins vexatoires pour cette sportive de haut niveau. La Ligue de foot australienne a donc… supprimé la photo des réseaux sociaux, plutôt que d’intervenir sur les commentaires de personnes vraisemblablement frustrées de ne pouvoir dégager une telle puissance. Avant de faire machine arrière et de rétablir le cliché de cette athlète avec un message d’excuses.

« LORS DE LA COUPE DU MONDE FÉMININE DE FOOT, L’ÉQUIPE DE FRANCE N’A PAS EU À ROUGIR DE SES PERFORMANCES. MAIS DE SA RÉMUNÉRATION… »

Dans le même temps, lors de la Coupe du monde féminine de foot, l’équipe de France n’a pas eu à rougir de ses performances. Mais de sa rémunération… De nombreux articles ont fleuri tout au long de la compétition, lorsque les Bleues étaient encore en lice, pour dénoncer les écarts tout simplement ahurissants entre les salaires des joueurs masculins et féminins. Si un écart de salaire est difficilement justifiable, n’oublions pas d’analyser ceci à la lumière des retombées financières qui ne sont pas équivalentes – hélas – entre les genres. D’ailleurs, les Françaises ont privilégié cet argument à la polémique. Comme si l’équipe féminine avait de toute façon un peu moins voix au chapitre, déjà heureuse de parvenir à ce niveau de médiatisation… À moins que ce ne soient les sommes dévolues à leurs homologues masculins qui soient injustifiées… Aux États-Unis, on ne joue pas dans la même cour. Certaines sportives ont en effet lancé une action en justice au printemps contre leur fédération au motif « d’une discrimination institutionnelle basée sur le genre », pour réclamer davantage d’équité salariale. Avec un palmarès qui ferait des envieux, ces femmes ont décidé de porter leurs revendications – arguments financiers à l’appui – sur le terrain de la loi. Enfin, cette Coupe du monde féminine a été l’occasion de rappeler combien les filles et les femmes peuvent exceller dans tous les domaines – y compris celui du sport, n’en déplaise à certains. Loin d’apparaître comme des petites choses fragiles, l’aplomb des joueuses, leur persévérance, leur goût de l’effort ont fait voler en éclat les soupçons d’incompétence qui auraient potentiellement pu peser sur elles. Combien de temps encore faudra-t-il courir après notre dû ? Tous les jours, les femmes marquent des points.

Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr

Les jobs d'été vus par Faro

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Découvrez également :

Lifestyle | Sport et déco, le nouveau duo gagnant

Une salle de sport ou un espace dédié à l’activité physique n’est plus réservé uniquement aux grandes demeures. Un matériel et quelques appareils permettent de s’entraîner quotidiennement et même de donner du cachet à la décoration. En 2023, près de six Français...

LIRE LA SUITE

Publicité