Les trois experts(1) chargés de faire des recommandations aux ministres de l’Économie et de la Transition écologiques sur l’assurabilité des risques climatiques ont rendu leur rapport début avril. Ils rappellent que les sécheresses, inondations, submersions marines et autres aléas cycloniques se traduisent déjà depuis vingt ans par une hausse très sensible des sinistres.

La sécheresse, qui est devenue le péril le plus coûteux du régime CatNat(2), devant les inondations, a coûté, sur dix ans, un peu plus d’un milliard (1,049) d’euros constants. Elle se traduit notamment par une alternance de périodes sèches et humides conduisant, entre autres, les argiles de surface à se contracter puis à se dilater, ce qui endommage des routes et des bâtiments aux fondations peu profondes comme les maisons.
Concernant les tempêtes de grêlons, France Assureurs(3) compte 235 communes impactées en 2022, tandis que le record était de 48 communes en une année sur la décennie 2010-2020. Alors que les précédents records depuis 1984 n’avaient pas excédé 1,3 milliard d’euros de dégâts, les dommages assurés liés à la grêle (hors sinistres sur cultures) se sont élevés, en 2022, à 5,1 milliards d’euros.
« Au-delà du caractère exceptionnel des pertes en 2022, on peut constater que les cinq années records sont toutes postérieures à 2009 et approchent ou dépassent le milliard d’euros de dommages, alors que la moyenne sur 1984-2021 est inférieure à 500 millions », précise le rapport d’experts.
Mais l’addition est bien plus salée encore. En France, les coûts d’indemnisation de dommages liés à des aléas climatiques s’élevaient à 10,6 milliards d’euros en 2022, soit 0,4% du PIB(4), sous l‘effet conjugué de phénomènes intenses de grêle et
d’une sécheresse d’ampleur inédite depuis quarante ans.
En moyenne, ils ont triplé depuis la fin des années 1980. Et la tendance ne va que s’accentuer. Selon la Caisse centrale de réassurance, le réassureur public français, le dérèglement climatique se traduirait par un coût de dommages annuels moyens supérieur à 3 milliards d’euros à l’horizon 2050, au titre du seul régime d’indemnisation des catastrophes naturelles.
Fort de ces éléments et de 37 propositions faites par les experts, le gouvernement compte déployer un plan d’action visant à renforcer la prévention et adapter le modèle assurantiel pour éviter l’abandon de zones jugées trop risquées.
« Le dérèglement climatique se traduirait par un coût de dommages annuels moyens supérieur à 3 milliards d’euros à l’horizon 2050, au titre du seul régime d’indemnisation des catastrophes naturelles. »
Et cela commence dès le 1er janvier 2025, avec une hausse de la surprime CatNat prélevée sur les contrats d’assurance (+8 points pour l’habitation, +3 points pour les garanties vol et incendie des contrats automobiles). La mesure générera 1,2 milliard d’euros de plus par an. Mais pas sûr que cela suffise longtemps.

(1)Thierry Langreney, président de l’association environnementale Ateliers du futur, Gonéri Le Cozannet, expert au BRGM et contributeur au 6e rapport d’évaluation du Giec, et Myriam Mérad, directrice de recherche au CNRS, sont les auteurs du rapport à retrouver en intégralité sur ecologie.gouv.fr
(2) L’indemnisation des catastrophes naturelles.
(3)France Assureurs (sur la base de documents de la Mission Risques naturels, de Keraunos et d’Anelfa)
(4) Source : France Assureurs
Sophie Boutrelle
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