Revenons encore une fois sur l’affaire Fillon. Non pas que je veuille absolument faire partie de la « conspiration médiatique », mais simplement parce qu’en tant que citoyen, j’ai du mal à comprendre ce qui pousse ce dernier à maintenir, coûte que coûte, sa position de candidat au poste suprême de président de la République…
L’histoire continue encore cette semaine avec l’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre de François Fillon, évidemment suivie d’une large hémorragie de son électorat et ses soutiens politiques. Ainsi, au fil des semaines, la campagne présidentielle n’en finit plus de s’articuler autour des affaires judiciaires, des critiques de la concurrence, voire de l’orientation sexuelle présumée des candidats, souvent au détriment des idées et des programmes.
A ce jeu-là, le Front National n’est évidemment pas le dernier à dégainer, comme lorsque Florian Philippot dénonce la « mascarade » politique à laquelle participe le candidat de la droite en maintenant sa position, et rappelant combien « l’affaire [du Pénélopegate] sur le fond est grave ». Et c’est sans vergogne que Marine Le Pen, de son côté, prône « la tolérance zéro » tout en refusant par ailleurs de se rendre à une convocation judiciaire sur l’embauche de ses assistants parlementaires. Car la dame est également sous le coup d’une enquête, soupçonnée d’emplois fictifs (tout comme d’ailleurs cinq autres eurodéputés FN), cachant en réalité un système occulte de financement de son parti. Une procédure qui vient donc se rajouter à celles déjà en cours pour Marine et son parti à propos d’escroquerie, de financement illicite, de déclaration inexacte de patrimoine. C’est ce qu’on appelle familièrement « l’hôpital qui se fout de la charité ».
« AU MILIEU DE TOUT CE REMUE-MÉNAGE, PERCENT QUAND MÊME QUELQUES DOSSIERS DE FONDS ET, PARMI CEUX-CI, LE PLAN SANTÉ. »
A propos d’hôpital justement…. Au milieu de tout ce remue-ménage, percent quand même quelques dossiers de fonds et, parmi ceux-ci, le plan santé ressort comme une priorité. En effet dans un pays en crise, les dépenses de santé pèsent plus fortement sur le budget des ménages, excluant petit à petit de nombreux citoyens de l’accès aux soins. De plus, l’allongement continue de la durée de vie engendre une multiplication des frais qui obligent, comme pour les autres acquis sociaux (retraite, chômage), à repenser le mode de financement actuel. De nombreux Français sont donc légitimement inquiets de voir certains remboursements revus à la baisse ou certaines cotisations augmenter.
Pourtant, si l’on réfère au programme des cinq principaux candidats, tous désireux d’aller chercher le plus de voix possible, on peut s’attendre à une amélioration de notre système de santé : pas de baisse des remboursements actuels, meilleure prise en compte des soins dentaires, des lunettes et des prothèses auditives, hausse des effectifs dans les hôpitaux et lutte contre la désertification médicale. Ah le bonheur des promesses de campagne… Le mode de financement de ces différentes mesures reste en revanche plus floue, chacun tendant à laisser penser qu’une meilleure gestion générale du budget de l’État viendrait à bout du problème.
La réalité sera forcément beaucoup moins belle. Face à l’obligation de réforme du modèle actuel, il faut évidemment s’attendre au cours des prochaines années, à une forte augmentation du coût des assurances destinées à compenser un désengagement de l’Etat. Tout comme il est raisonnable d’imaginer l’apparition de nouvelles taxes. Mais une question demeure : à qui s’appliqueront ces frais supplémentaires ? Au moment de trancher, les candidats auront-ils à l’esprit l’impact de l’Obamacare sur le bilan de l’ex-président des Etats-Unis ?
Stéphane Coltice
Directeur délégué de la publication
s.coltice@eco-ain.fr
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