Entrepreneuriat féminin : regards croisés de femmes engagées

par | 08 décembre 2022

En accompagnant les projets d’économie sociale et solidaire, la Fabrique des Possibles a la conviction d’œuvrer en faveur d’un puissant levier de transformation positive de la société.

Pour Paul Éluard, « il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous ». Cette citation attribuée au poète pourrait résumer la teneur de la soirée organisée à la Maison de la Culture et de la Citoyenneté de Bourg-en-Bresse, le 29 novembre. Le lieu feutré se faisait l’écrin d’un événement mettant en lumière l’histoire de femmes entrepreneures et engagées, une semaine après l’annonce de la nomination de la nouvelle astronaute Sophie Adenot à l’Agence spatiale européenne.

« Peu à peu les femmes grignotent des postes réservés aux hommes », a rappelé Isabelle Berger, directrice de RCF Pays de l’Ain et animatrice de la soirée proposée par la Fabrique des Possibles, accélérateur d’impact. Pour clore le mois de l’économie sociale et solidaire, cet événement était l’occasion de saluer des femmes qui, tout en ayant les pieds sur terre, ont créé leur entreprise.

D’ailleurs, en amont des débats, cinq créatrices d’entreprise, sélectionnées au préalable, ont été invitées à “pitcher” leur projet pour tenter de remporter le “Sprint créa” doté de 2 000 € par la Banque de France. Une belle illustration du travail collectif de la Fabrique des Possibles.

Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, moins de 35 % des entreprises créées sont dirigées par des femmes.

Inclusif et durable

Tout au long de l’année les équipes se mobilisent pour valoriser et accompagner les porteurs de projet pour un entrepreneuriat plus inclusif et solidaire. Rappelons au passage que la Fabrique des Possibles a été cofondée par l’AGLCA (centre ressource pour la vie associative et l’économie sociale et solidaire), France Active Ain, BGE (réseau associatif d’aide à la création d’entreprises), Ronalpia (Fondation entreprendre), l’Adie (Association pour le droit à l’initiative économique) et Ess’Ain (coopérative d’activité et d’emploi).

« C’est un collectif d’acteurs associatifs éco-créatifs qui intervient dans l’accompagnement à l’entrepreneuriat. Il s’est formé autour de la volonté commune de mutualiser nos ressources, pour faciliter l’accès à la création-reprise d’entreprise. Il est également fondé sur une ambition partagée de rendre l’entrepreneuriat plus inclusif et plus durable. Nous avons la conviction que chaque personne qui s’en donne les moyens doit avoir la possibilité d’accéder à des ressources pour entreprendre. La Fabrique est là pour lui apporter les outils, la formation, l’accompagnement et le financement dont elle a besoin pour réussir », a expliqué Pierre Seuzaret, membre actif du collectif et directeur de France Active.

La France est le 4e pays au monde à promouvoir l’entrepreneuriat des femmes.

Un encouragement volontariste

La Fabrique des Possibles s’enorgueillit d’accompagner des projets d’économie sociale et solidaire. Elle proclame que l’entrepreneuriat inclusif, c’est en premier lieu favoriser l’émancipation des femmes. Soutenue par la préfecture de l’Ain, Bpifrance, la Banque des territoires, la Banque de France et Grand Bourg Agglomération, le collectif a choisi de se fédérer au bénéfice de la gent féminine.

Cécile Grosjean, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité, a ainsi eu à cœur de relayer le message de l’État qui consiste à « encourager de façon volontariste, l’accès des femmes à l’entrepreneuriat et à lutter contre les stéréotypes encore présents dans le contexte professionnel ». « L’entrepreneuriat est une voie d’accès à leur émancipation et à leur autonomie économique », a-t-elle affirmé.Si les sondages montrent que l’aventure entrepreneuriale tente aussi bien les femmes – et particulièrement les jeunes – que les hommes, « dans les faits, en région Auvergne-Rhône-Alpes, on compte moins de 35 % d’entreprises lancées par des créatrices. Et ce chiffre progresse très peu au fil des ans. Nous devons être conscients des freins qu’elles rencontrent dans l’accès à l’entrepreneuriat. Elles ont besoin d’un accompagnement, notamment dans les secteurs d’activité où elles sont sous-représentées », a ajouté Cécile Grosjean.

Les clés de la réussite

Cette soirée a donné la parole à différents entrepreneures, comme Marine Sonot (Les Lodges de la ViaRhôna), Alexandra Thomas (Action Ricochée) et Laurie Chambard (Boc’A Récup’). Elles ont fait bouger les lignes au travers d’une table ronde inspirante, au côté du Dr Séverine Le Loarne-Lemaire, professeure à Grenoble École de Management et titulaire de la chaire Femmes et Renouveau Économique.

Les regards croisés de ces femmes engagées sur le territoire a porté sur « le développement du pouvoir d’agir » et la mise en œuvre d’une méthodologie comme levier pour imaginer sa place dans la société. En tant que femmes, elles ont abordé leur manque de confiance, « la peur de trop demander », a cité Laurie Chambard parmi les freins qu’elle s’est mise à elle-même.

Quant à Marine Sonot, si sa société a rapidement décollé, elle a dû convaincre les banques de l’aspect novateur de son projet touristique autour du logement insolite. « Soutenir l’entrepreneuriat féminin est une nécessité et c’est notre raison d’être », a conclu Pierre Seuzaret. Un plan d’actions régional a été signé la semaine dernière, il a pour objectifs de développer la reprise et la création d’entreprise par les femmes.


Nelly Richard, coup de cœur du “Sprint créa”

Nelly Richard

Nelly Richard a remporté le prix “coup de cœur 2022”, doté de 2 000 € par la Banque de France de l’Ain, lors de la soirée “Entrepreneure et engagée”. Cette habitante de Perrex est accompagnée dans son projet depuis janvier 2022 par la coopérative Ess’Ain. Depuis le mois de septembre, cette fille d’agriculteurs et maman de deux enfants travaille avec les cantines de Perrex, de l’Abergement-Clémenciat et de Baneins. Avec SDA (Super distributeur alimentaire), elle joue la proximité entre le champ et l’assiette, transmet le goût du bien manger et assure une juste rémunération aux producteurs.


Carole Muet

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