Experts-comptables / Odile Dubreuil : « nous voulons conserver notre régime de retraite complémentaire »

par | 06 mars 2020

Odile Dubreuil, la présidente de l’Ordre des experts-comptables de la région explique les raisons pour lesquelles sa profession tient à conserver son régime spécial de retraite complémentaire. Voici son interview.

À l’instar des avocats, votre profession milite pour le maintien de son régime spécial de retraite. Quelles en sont les raisons ?

Il ne s’agit pas d’une position de principe. Notre caisse de retraite, la Cavec, créée en 1949, a toujours été gérée en direct par la profession. Elle est segmentée en deux volets. Le premier concerne ce que j’appelle la retraite de base. Le second concerne la complémentaire. Pour être clair et simple, nous sommes disposés à ce que la retraite de base soit concernée par la réforme mais pas le second. Et pour cause ! La complémentaire présente aujourd’hui un excédent de 1,7 milliard d’euros au niveau national. Ce qui atteste de fait une excellente gestion de la part de l’ordre. Ce résultat est dû en grande partie au fait que les expertscomptables partent à la retraite en moyenne à l’âge de 67 ans. Nous cotisons donc plus longtemps que la plupart des professions et ce depuis 1981, date à laquelle François Mitterrand avait ramené l’âge légal de la retraite à 60 ans. Cette réforme nous paraît donc injuste.

Quelles seraient les conséquences financières de cette réforme pour votre profession ?

Elles seraient catastrophiques. Cette réforme obligerait les experts-comptables à cotiser 36 % de plus avec à la clé une baisse de 12 % du montant de leur pension de retraite ! C’est totalement inacceptable. Notre profession serait fragilisée à l’avenir. Comment voulez-vous attirer de futurs professionnels dans ces conditions ? Moins d’experts-comptables, cela aurait des répercussions terribles sur l’économie. Nous sommes un peu le coach des chefs d’entreprise, notamment ceux de TPE et PME. Cela pourrait déstabiliser un certain nombre d’entreprises. Le Gouvernement doit être conscient des conséquences de ses orientations. Nous ne militons donc pas que pour nous mais aussi pour l’intérêt collectif.

Dans le tumulte législatif, [ndlr : que le Gouvernement vient de faire adopter le texte en première lecture via le 49.3], comment pouvez-vous vous faire entendre par le Gouvernement ? Faire grève comme les avocats ?

Les avocats ont la possibilité de faire grève, pas nous. Leur mouvement n’a comme conséquences que des reports d’audiences. Si nous faisions la même chose, nous ne pourrions effectuer les déclarations fiscales et autres et cela aurait des répercussions sur les entreprises qui se verraient pénalisées par les services fiscaux. Le gouvernement n’a pas manqué de nous le rappeler. Nous avons donc entrepris d’autres actions. Notre président national a écrit une lettre ouverte au ministre concerné. Nous attendons d’être reçu par le gouvernement afin de trouver une issue favorable… In fine, nous avons sollicité la presse nationale et locale. Mais pour l’heure, nous attendons encore l’esquisse d’une discussion…

Etes-vous inquiète ?

Oui nous le sommes. Mais je le redis : nous sommes d’accord pour contribuer, dans un souci de solidarité nationale, à l’effort collectif en acceptant que notre retraite de base soit absorbée par cette réforme. Mais qu’on nous laisse gérer notre caisse complémentaire ! Cette position me semble juste et équilibrée.

« Notre profession serait fragilisée à l’avenir. Comment voulez-vous attirer de futurs professionnels dans ces conditions ? Moins d’experts-comptables, cela aurait des répercussions terribles sur l’économie. Nous sommes un peu le coach des chefs d’entreprise, notamment ceux de TPE et PME. Cela pourrait déstabiliser un certain nombre d’entreprises. Le Gouvernement doit être conscient des conséquences de ses orientations. »

Par Jean-François Pibre


Cet article est paru dans votre magazine ECO Nord Isère du 6 mars 2020. Il vous est exceptionnellement proposé à titre gratuit. Pour retrouver l’intégralité de nos publications papiers et/ou numériques, vous pouvez vous abonner ici.

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