Exposition : Rousseau marche sur les toiles de Bernex

par | 30 mai 2024

Moins d’un an après son arrivée à la direction des musées de Chambéry, Nicolas Bousquet assène un grand coup de culture : depuis le 17 mai, Olivier Bernex récite Rousseau sur ses toiles généreuses et nerveuses.

Les toiles d’Olivier Bernex, artiste-peintre, auteur de la série “Promenades intérieures” qui orne les murs des musées chambériens – Beaux Arts et Charmettes -, sont visibles depuis le 17 mai. L’artiste signe une interprétation des Rêveries du promeneur solitaire, de Jean-Jacques Rousseau, traduite au pinceau de manière puissante et nerveuse, tant par la taille des tableaux que par le geste ample et la narration vigoureuse des couleurs.

“Promenades intérieures” se lit comme un cœur à cœur entre le peintre, Olivier Bernex, et le penseur, Jean-Jacques Rousseau. Dix chapitres d’une vie tantôt tourmentée, tantôt euphorique ou mélancolique. « Une citation de l’écrivain accompagne chaque tableau, pour une meilleure compréhension du thème traité », explique Nicolas Bousquet.

Souci du détail : une courte exégèse des Rêveries du promeneur solitaire apporte un éclairage philosophique et sociologique appréciable, sous la plume experte de Michael Kohlauer, professeur émérite à l’Université Savoie Mont Blanc et spécialiste de Rousseau.

Bernex peint Rousseau

C’est à titre posthume que la figure paternelle se rappelle au bon souvenir d’Olivier Bernex lorsqu’il découvre l’existence, en 2006, d’un livre sur les Rêveries de Rousseau (éditions Bordas) écrit en 1966 par son père, Raymond Bernex, et dont il ignorait tout : « Mon père n’avait jamais parlé de cette vie d’auteur parallèle à son métier de professeur de grammaire. En découvrant son livre après sa mort, j’ai pensé que j’étais passé à côté de quelqu’un. Aujourd’hui, dans cette exposition, il y a forcément quelque chose de troublant qui se joue, de nature presque mystique. »

Le père d’Olivier Bernex, Raymond, est l’auteur d’un ouvrage sur les Rêveries du promeneur solitaire de Rousseau.

L’édition des Rêveries écrite par Raymond Bernex a été saluée par la critique. L’ouvrage a été réédité en 1976 puis en 1996, grâce à sa « dimension très pédagogique », selon Nicolas Bousquet. « Raymond Bernex a ajouté beaucoup de notes aux textes de Rousseau. Il y avait une analyse littéraire fine doublée d’une approche biographique », complète le directeur des musées chambériens.

Une relation filiale transcendée

Ce rendez-vous manqué avec le père, cette relation filiale tronquée, Olivier Bernex l’a magnifiée, transcendée même, sur ses toiles géantes où se mêlent la figure paternelle et celle du mentor tant aimé, Jean-Jacques Rousseau, jusqu’à se fondre totalement dans la gouache.

« Rêveries du promeneur solitaire est un texte initiatique et inattendu, parce qu’il a été écrit au cours des deux dernières années de la vie de Rousseau et publié après sa mort », indique encore Nicolas Bousquet.

Prêté par la bibliothèque de Neuchâtel, le manuscrit authentique des Rêveries du promeneur solitaire de Rousseau est à contempler au musée des Beaux Arts de Chambéry.

Trois œuvres seront offertes à Chambéry

Cette exposition, en place jusqu’au 17 novembre 2024, présente environ 150 œuvres, dont 50 tableaux et 50 dessins d’Olivier Bernex, auxquels s’ajoutent des publications anciennes et des manuscrits originaux de Jean-Jacques Rousseau. La plupart des œuvres sont la propriété de l’artiste. Quelques-unes sont des prêts de particuliers ou d’institutions.

L’opération aura coûté près de 100 000 €. « À l’issue de l’exposition, les musées de Chambéry vont acquérir une œuvre d’Olivier Bernex. Lui-même va nous en offrir trois autres », note Nicolas Bousquet avec satisfaction.

Olivier Bernex, artiste précoce (il a fait sa première exposition à 11 ans) et prolixe, a composé ses toiles avec ses tubes et surtout ses tripes : « Ce nouveau siècle des Lumières est marqué par une lutte contre l’industrialisation excessive. Il y a une forme de révolte dans ma peinture, qui signale, par des indices, une espèce de mal-être, de difficulté de m’adapter à ce monde. »

Olivier Bernex, se décrit comme un artiste peintre figuratif décrivant des mondes intérieurs.

Bernex joue avec la matière

Olivier Bernex lance un regard aiguisé sur le monde des arts et de la peinture en particulier : « Il y a un problème immense concernant la place de la peinture aujourd’hui. Pour moi, il s’agit d’un travail entre l’ombre et la lumière. Je ne me reconnais pas comme un peintre abstrait. Mes tableaux sont figuratifs, malgré la première impression qu’ils renvoient. Les composants de la peinture classique : l’équilibre, les couleurs, la masse, les formes, le fond, le geste, etc., tout ceci reflète vraiment ce que l’on m’a enseigné à l’époque où j’étais étudiant aux Beaux-Arts de Paris. Il est très important de jouer avec les matières, avec les complémentaires et les primaires aussi. Ces choses ne sont plus tellement abordées aujourd’hui. »

Plus d’informations sur : https://www.chambery.fr/440-les-expositions-temporaires.htm

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