Festival : Le bonheur des mômes a-t-il un prix ?

par | 22 août 2018

L’an dernier, le festival « Au bonheur des mômes », au Grand Bornand, a changé de formule – mais pas d’esprit, assure la directrice de l’office du tourisme Isabelle Pochat-Cottilloux – en devenant payant.

Théâtre, marionnettes, mime, danse, chanson, cirque, déambulations… Tout ce que le spectacle vivant peut proposer aux enfants sera au Grand-Bornand, du 27 au 31 août. La station des Aravis se prépare à terminer l’été par la 27e édition d’un festival que certains décrivent rien moins que comme « l’Avignon des enfants ». 90 000 spectateurs sont attendus pour Au bonheur des mômes 2018. Et, parmi ces spectateurs, 250 programmateurs. Normal : « Nous faisons partie des plus grands festivals jeune public d’Europe », assure la directrice de l’office de tourisme Isabelle Pochat-Cottilloux.

Sans doute l’un des plus respecté par les professionnels, également. La récompense du travail artistique mené depuis 27 ans par le théâtre de la Toupine, créateur du festival, qui a misé depuis le début sur la qualité, la pluralité des formes artistiques, les interactions avec les jeunes publics et l’implication des locaux. C’est ce cocktail qui donne sa couleur particulière au festival. Une ambiance joyeusement décalée mais toujours travaillée ; le choix constant de la qualité mais jamais de l’élitisme. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Alain Benzoni, directeur artistique du théâtre de la Toupine et du festival, organise tout au long de la semaine un hommage à Jacques Higelin.

« Ce que nous voulons faire, c’est du spectacle intelligent pour tous, de la femme enceinte au centenaire : de la culture populaire au meilleur sens du terme. » Au bonheur des mômes est aussi un manifeste en grandeur réelle en faveur du spectacle vivant. Les éditions précédentes, le militant Benzoni incitait les jeunes spectateurs à ne pas être trop sages. Cette année, fake news oblige, il leur enjoint avec Faut pas croire de ne pas trop s’en laisser conter… sauf par les conteurs bien sûr.

« FAIRE DU SPECTACLE INTELLIGENT POUR TOUS, DE LA FEMME ENCEINTE AU CENTENAIRE. » Alain Benzoni, directeur artistique.

Ne rien lâcher sur la qualité

Et le budget ? Hors ressources humaines (supportées par la commune et l’office de tourisme), il est passé de 688 000 euros en 2016 à 743 000 euros en 2017 (les chiffres de l’édition 2018 ne sont pas encore connus). Une hausse induite par les évolutions des charges et des normes, et rendue possible par une évolution majeure du festival : les spectacles en déambulation étaient encore gratuits il y a deux ans, soit environ la moitié des animations. En 2017, l’office de tourisme et la mairie ont souhaité mettre fin à cette gratuité.

« Nous nous sommes beaucoup interrogés sur les façons d’adapter notre modèle, explique Isabelle Pochat-Cottilloux, mais nous avions tous envie d’en conserver l’essentiel : une fréquence annuelle, une durée d’une semaine pour contenter à la fois le public en séjour (la moitié des spectateurs) et celui de proximité. Surtout, nous ne voulions rien lâcher sur la qualité de la programmation. » Ces choix imposaient la hausse du budget. « Nous avons choisi de demander au public une participation de 5 euros par jour ou 20 euros la semaine. Elle nous permet de respirer financièrement et de muscler la programmation. »

Le pass fait grimper la part des recettes propres de 52 % à 70 %. L’autre moitié des spectacles sous chapiteau ou en salle restent payants (de 4 à 12 euros la place). Les organisateurs ont beaucoup réfléchi à la manière de présenter ce pass, et pris le temps de répondre à chacun l’an dernier. « Ça a été lourd en termes d’organisation, pour mettre en place ce nouveau système et surtout pour l’expliquer », reconnaît Isabelle Pochat- Cottilloux. Un an après, elle ne regrette pas les choix. « Globalement, le public a bien compris et nous reste fidèle. Venir au festival, c’est faire un choix. » Celui de « lâcher les écrans » pour « venir voir du vivant », pour reprendre le slogan du festival.


Par Philippe Claret

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