Frédérique-Sophie Braize : « Peu importe qu’un auteur soit un homme ou une femme »

par | 07 mars 2024

Frédérique-Sophie Braize est titulaire d’un master en économie et, surtout… romancière. Depuis Évian, en Haute-Savoie, elle écrit des livres qui incarnent la montagne et les peuples alpins. Son septième roman, L’Amour aux trousses, rend hommage aux Savoyardes exilées en Russie en 1914…

Est-ce qu’un auteur peut vivre de sa passion aujourd’hui ?
Vivre uniquement de ses droits d’auteur, c’est compliqué. Pour ma part, je suis aussi “travailleur indépendant” : j’ai créé mon activité en lien avec l’acte d’écrire et la lecture. J’anime des ateliers d’écriture et des rencontres autour du livre. Je fais aussi de l’accompagnement littéraire personnalisé.

Concrètement, comment fonctionnent les droits d’auteur ?
Un auteur perçoit un à-valoir au moment de remettre un texte. Ensuite, il touche des droits d’auteur sur les ventes. Il y a aussi le droit à prêt public et le droit de reproduction. Il faut compter, en outre, les cessions de droits : pour ma part, mes livres sont réédités au format poche, en gros caractères et en club du livre. Tout cela fait partie de mes revenus d’auteure.

Dans le milieu de l’édition, être une femme fait-il une différence ?
Quand un éditeur reçoit un manuscrit, si le texte lui plaît, il lui importe peu que l’auteur soit un homme ou une femme. Seule la qualité du récit compte.

Il est révolu, le temps où il fallait s’appeler George Sand pour masquer sa féminité ?
Certainement ! Voyez-vous, mon prénom, Frédérique-Sophie, renvoie aussi à une romancière clandestine de l’aristocratie russe. Elle écrivait des livres sous le pseudonyme de son frère, Frédéric de Prusse, très connu pour ses écrits alors qu’il n’était qu’un prête-nom. L’aristocratie jugeait inconvenant pour une dame de s’adonner à la fiction.

Vous étiez prédestinée à écrire, avec un prénom pareil, non ?
J’ai appris l’existence de mon homonyme russe en faisant des recherches pour mon nouveau roman, L’amour aux trousses*. L’histoire se déroule en Russie et en grande partie à Chambéry. Je cherchais des informations sur les 315 Savoyardes exilées en Russie. Certaines d’entre elles ont été “offertes” en cadeau diplomatique au dernier tsar, en 1914.

Donc, votre roman est basé sur des faits réels…
Oui. Le gouvernement français voulait s’assurer du soutien militaire de la Russie face à l’Allemagne avant que la guerre de 1914 n’éclate. Des Savoyardes ont été confiées plus exactement à la tsarine, comme gouvernantes et préceptrices pour ses quatre filles, car le français était la langue de la cour. Ces Savoyardes ont vécu des choses improbables. Je viens de signer avec le Reader’s Digest, qui sortira en juin 2024, un condensé de ce roman, L’Amour aux trousses.

Ce qui surprend dans votre parcours, c’est que vous quittez le monde rationnel de l’économie pour la fiction… Comment s’est passée la bascule ?
Je me destinais à une carrière de cadre dans de grands groupes après mon master économique à l’école polytechnique du Pays de Galles. Mon père était lui-même dirigeant de plusieurs entreprises. La bascule s’est faite pendant ma grossesse, à l’âge de 27 ans : j’ai vécu de graves complications. La médecine était impuissante à me soigner.

Vous abandonnez les chiffres pour les Belles Lettres, sans regret ?
Pendant mon accouchement par césarienne, je suis tombée dans le coma et j’ai vécu deux expériences de mort imminente… Je suis restée hospitalisée plusieurs mois avec un pronostic vital engagé. Contre toute attente, j’ai survécu. Il fallait que je prenne soin de mon bébé grand prématuré. Après cette succession de chocs, on ne voit plus les choses de la même façon.

* « L’Amour aux trousses », paru en octobre 2023 aux éditions Presses de la cité.

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