Gérard Collomb vient fêter les 60 ans du PGHM

par | 31 mai 2018

Jeudi 31 mai, Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, était à Chamonix pour célébrer les 60 ans du Peloton de Gendarmerie de haute montagne (PGHM) et les 30 ans du Centre national d’instruction au ski et à l’alpinisme de la Gendarmerie (CNISAG). Le 2 février, le lancement officiel des festivités anniversaires avait été l’occasion de rappeler l’histoire du PGHM. Une histoire relatée dans Eco Savoie Mont-Blanc du 9 février.

« Les souffrances deux deux alpinistes Vincendon et Henry n’ont pas été vaines. Par l’onde de choc qu’elles ont provoqué au sein de l’opinion publique, elles ont progressivement abouti à la mise en place des PGHM dès 1958. » Soixante ans après la tragédie qui avait tenu la France en haleine fin décembre 1956 et début janvier 1957, l’émotion était encore palpable, lundi 2 février à Chamonix, dans la voix du lieutenant-colonel Stéphane Bozon, commandant du PGHM local, à l’occasion du lancement des festivités anniversaires.

Lancement des festivités anniversaires le 2 février à Chamonix.

Une ouverture volontairement marquée par l’histoire de ces deux jeunes alpinistes partis tenter une hivernale vers l’éperon de la Brenva le 22 décembre 1956. Très rapidement, la météo se dégrade et l’expédition tourne au cauchemar. Quatre jours après leur départ, leurs amis s’inquiètent dans la vallée, d’autant que la neige tombe à n’en plus finir, empêchant toute caravane de secours de s’aventurer à leur rencontre. D’ailleurs, on ignore où ils sont. Le 27 décembre, un employé du téléphérique du Brévent les aperçoit à la jumelle, immobilisés sur une lame de sérac en dessous du Grand Plateau. Apparemment épuisés mais en vie, cinq jours après leur départ. La météo est toujours exécrable. Plusieurs tentatives de secours, menées par des guides, échouent. Les militaires du Groupe de haute montagne prennent les choses en main, hélicoptère à l’appui. Celui-ci ne peut pourtant décoller que le 31 décembre, à la faveur d’une éclaircie… pour se crasher non loin des victimes. Elles sont désormais six à secourir (les deux alpinistes, les deux pilotes et deux guides). Le 1er janvier, des guides de l’École de haute montagne (EHM) ramènent tant bien que mal les secouristes à l’abri Vallot et promettent à Vincendon et Henry de revenir les chercher, après les avoir installés dans la cabine de l’hélicoptère accidenté. Mais le mauvais temps revient et rien n’est possible avant le 3 janvier, jour de l’évacuation, par hélicoptère, des secouristes isolés à l’abri Vallot. Un survol de la carcasse ne donne rien : aucun signe de vie. Décision est prise d’arrêter les tentatives de sauvetage.

La tragédie Vincendon et Henry (morts en 1957 dans le Mont-Blanc après une longue attente des secours), a été l’électrochoc qui a conduit à la création des PGHM.

LE SECOURS POUR PASSION

« Ma conviction est que Vincendon et Henry étaient sauvables, et c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles on en parle encore », analyse Yves Ballu, historien et auteur de Naufrage au mont Blanc, où il raconte cette tragédie. C’est aussi ce fait d’hiver glaçant, qui a fait la une des journaux pendant des jours, qui a motivé la création des pelotons de gendarmerie de haute montagne. « Si le PGHM avait existé à l’époque, ils auraient pu être sauvés », poursuit-il.

Aujourd’hui, 22 unités de gendarmerie de secours en montagne sont implantées sur tous les massifs français. La Haute-Savoie en compte deux : celle de Chamonix, qui regroupe 44 militaires et trois chiens, et celle d’Annecy, avec ses 13 personnes également sous les ordres du commandant Bozon.

L’unité chamoniarde réalise environ 850 opérations de secours par an dans le Mont-Blanc et 1 200 ailleurs en Haute-Savoie.

« Tous sont guides ou moniteurs de ski, détaille leur chef. Ils pratiquent tous leur discipline à un très haut niveau, que ce soit l’alpinisme, l’escalade ou même le wingsuit ! Ce sont des passionnés qui font constamment preuve d’ingéniosité pour améliorer les techniques de secours. »

Composée uniquement d’hommes, l’unité chamoniarde affiche une moyenne d’âge de 35 ans et réalise entre 830 et 850 opérations de secours par an sur le massif du Mont-Blanc, auxquelles s’en ajoutent 1200 autres ailleurs dans le département. En 2017, 1208 personnes ont ainsi été secourues dans le Mont-Blanc, et 1 972 dans les massifs alentours. 39 décès ont aussi été constatés localement, 96 hors périmètre chamoniard. « C’est la randonnée pédestre qui tue le plus, mais on en parle peu », affirme le commandant Bozon, qui rappelle que la majorité des accidents surviennent à la belle saison.

UN BRONZE A LA MÉMOIRE DE VINCENDON ET HENRY

Tournée vers les sommets où Jean Vincendon et François Henry ont perdu la vie début janvier 1957, une sculpture de bronze orne désormais l’entrée du PGHM de Chamonix. Elle représente la dernière image prise par le guide Honoré Bonnet, des deux hommes vivants. Pétrifiés dans leurs vêtements, déjà. Henry à gauche et Vincendon à droite. Une inscription entoure sobrement la scène : « Vincendon et Henry vos souffrances ont fait naître nos devoirs. 1958 création des PGHM ». Réalisée par le fondeur d’art borain Joseph Canova, l’œuvre est elle-même le fruit d’une long cheminement né du traumatisme occasionné par cette tragédie. « A l’époque, se souvient Joseph Canova, j’avais neuf ans et je me rappelle de l’émotion de ma mère à l’évocation de ce drame. » En 2002, la lecture de l’ouvrage d’Yves Ballu, Naufrage au mont Blanc, rouvre la cicatrice. Un an plus tard, le sculpteur planche sur un premier croquis. Mais ce n’est qu’après la rencontre, en 2016, de Joseph Canova avec le commandant du PGHM de Bourg-Saint-Maurice, Jean-Pierre Mirabail, que l’idée ressuscite et traverse les massifs jusqu’à Chamonix. « Je suis très content et très flatté d’avoir pu faire cela », commente l’artiste.

 

TROIS JOURS DE FÊTE

Les 15, 16 et 17 juin le PGHM de Chamonix invite la population à une grande fête dans le centre-ville de Chamonix. Animations, stands, débats, démonstrations… devraient ponctuer ce long week-end.

 

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