Avec un premier arrêt pour visite décennale programmé pour janvier, la centrale est à pied d’œuvre pour répondre à cet « enjeu industriel et de territoire ».
Lancé en 2014, le Grand carénage du Centre nucléaire de production d’électricité (CNPE) du Bugey entre dans la dernière ligne droite, puisque le premier arrêt de tranche pour visite décennale est programmé pour le 18 janvier 2020, le dernier en 2023. Le nombre des intervenants quotidiens sur le site sera doublé, sur la période, par rapport à un fonctionnement normal, pour atteindre 4 000 salariés et prestataires. « Un véritable enjeu industriel, mais aussi de territoire », rappelle Pierre Boyer, directeur de la centrale.
Emploi
Pour y faire face, deux groupes de travail se réunissent régulièrement. Le premier planche sur l’emploi, la formation et l’insertion, le deuxième sur l’accompagnement des entreprises prestataires en termes de visibilité des marchés et de conditions d’accueil des salariés. « Notre ambition est de transformer l’annonce de notre besoin de main-d’œuvre en résultats concrets, reprend Pierre Boyer. Depuis l’année dernière, ont déjà été effectuées au sein des entreprises prestataires, 259 embauches directes en CDI auxquelles s’ajouteront prochainement, 110 recrutements supplémentaires, grâce notamment au sourcing effectué par Pôle Emploi et aux programmes de formation financés par la Région. C’est une vraie fierté que d’avoir participé, entre autres, à l’insertion d’une vingtaine de personnes éloignées de l’emploi. » Et pour continuer sur cette lancée, un job dating du nucléaire sera organisé le 19 novembre au Conseil régional. Il réunira tous les prestataires qui proposeront leurs offres en CDI aux demandeurs d’emploi. La centrale a par ailleurs renouvelé son partenariat avec Ladapt de l’Ain, réalisant pour 61 500 euros d’achats auprès du secteur protégé et adapté. Enfin, des actions sont conduites auprès des lycéens, à l’occasion de la journée de l’industrie ou de la journée des droits des femmes, pour faire connaître les métiers du nucléaire.
Hébergement
Du côté du deuxième groupe de travail, 859 offres d’hébergement temporaire sont aujourd’hui référencées sur la plateforme dédiée, en hausse de 45 % sur un an, tandis qu’une réflexion est en cours avec Action Logement pour expérimenter la mise en place d’une offre collective. Une cantine supplémentaire a été aménagée sur le site, de même qu’un parking de 900 places. Un aménagement complété par la construction d’une nouvelle entrée. « Une analyse des flux routiers vient d’être lancée pour évaluer les mesures supplémentaires à prendre, afin de désengorger le trafic autour du site », complète Pierre Boyer qui annonce également la mise en place d’une plateforme de covoiturage, Mov’ici, en lien avec la Région, l’intercommunalité et les entreprises du Parc industriel de la Plaine de l’Ain.
Marchés
En 2018, 75 millions d’euros de marchés ont été passés auprès de 579 entreprises locales. Une dynamique entretenue en décembre dernier, par l’organisation de rencontres d’affaires entre les sociétés détentrices des marchés et les entreprises du cru. Le CNPE du Bugey travaille par ailleurs avec la CCI de l’Ain, les trois autres centrales de la région et leurs chambres de commerce respectives, à une plateforme d’information sur les marchés accessibles aux entreprises locales.
À propos du Grand carénage
Le Grand Carénage est un vaste programme industriel national, qui vise la prolongation d’un certain nombre de centrales nucléaires pour dix années supplémentaires, au-delà des 40 ans prévus à leur conception.
Renouvellement, réévaluation, requalification des équipements et des installations, mise en conformité avec les nouvelles exigences de sûreté post-Fukushima… Pour Bugey, c’est un ensemble d’investissements pour un montant total de 2,1 milliards d’euros, sur la période 2014-2025, avec un pic d’activité sur les années 2020 à 2023.
Un écart de fabrication sur le générateur vapeur de Bugey 3
Le 9 septembre, EDF a informé l’Autorité de sûreté nucléaire d’un écart sur le traitement thermique des soudures de 16 générateurs de vapeur produits par Framatome et installés sur six réacteurs en exploitation, parmi lesquels figure le réacteur numéro 3 de Bugey. « Pour garantir leur résistance, les soudures doivent être traitées thermiquement. Framatome s’est aperçu, dans le cadre de l’amélioration de ses procédés, d’un défaut de température, au début des années 2000. Cependant, les normes de fabrication des générateurs de vapeur prévoient des marges importantes. Ces marges n’étant affectées, les matériels restent aptes à assurer leurs fonctions, y compris dans la durée », (r) assure Pierre Boyer, directeur de la centrale du Bugey.
Par Sébastien Jacquart
Cet article est paru dans le magazine ECO de l’Ain du 26 septembre 2019. Pour retrouver l’intégralité des articles de notre hebdomadaire, mais aussi de nos suppléments et hors-séries, c’est ICI.
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