Antoine Armand est le nouveau député de la deuxième circonscription de Haute-Savoie (Annecy-Aravis). Issu d’une famille de Cruseilles (il est l’arrière-petit-fils de Louis Armand), il a choisi, après avoir grandi à Paris, de se réinstaller sur les terres familiales. De ce double ancrage, ce polyglotte (anglais et allemand), grand germanophile et multi-diplômé, veut faire un atout au profit des Haut-savoyards. Entretien.
Cet article complète la grande interview parue dans Eco Savoie Mont Blanc du 2 septembre, que vous pouvez retrouver en version papier et dans notre liseuse en ligne.
Vous avez fondé une association en mémoire de votre arrière-grand-père, Louis Armand. Vous êtes féru d’histoire ?
Oui, mais pas seulement ! Cette association, Voies d’avenir rend hommage à Louis Armand, né à Cruseilles, ingénieur (ndlr : polytechnicien et major de l’école des Mines), Résistant, président de la SNCF puis d’Euratom… Mais elle a aussi pour ambition de promouvoir l’enseignement professionnel, dont il était un fervent partisan.
La désindustrialisation, ce n’est pas que le départ des usines, c’est aussi la perte des savoir-faire. Nous sortons tout juste de l’image d’Épinal sur l’enseignement professionnel destiné aux mauvais élèves incapables de poursuivre le cursus général et il faut continuer d’œuvrer pour la promotion de cet enseignement.
Mais vous-même, vous n’avez pas suivi une voie professionnelle, ni même technique…
C’est vrai, mais ça ne m’empêche pas d’être convaincu de l’intérêt de cet enseignement et de l’intérêt de l’industrie !
Après une licence en philosophie, un master’s degree en relations internationales et un autre en économie, l’École normale supérieure puis l’Ena, vous choisissez l’Inspection des finances, pourquoi ?
Les questions économiques et écologiques sont centrales. Comment assurer une croissance soutenable en même temps qu’une transition écologique ? Ce modèle reste à inventer, nous ne l’avons pas encore trouvé. Mais l’Inspection des finances est un lieu formidable pour alimenter la réflexion. Mener des missions d’évaluation pour les ministres permet d’aller au plus profond des rouages de l’État. De l’extérieur, cela peut paraître très “techno” mais en réalité c’est un lieu d’apprentissage très concret.
Et cela permet de mieux gérer l’argent public. Cela m’a conforté dans l’idée qu’être efficace n’était pas forcément une question de plus ou de moins de moyens. Et que, malgré les progrès déjà accomplis, il y avait encore beaucoup à faire en matière de simplification et d’efficacité des services publics.
En matière politique, qu’est-ce qui vous a poussé à vous présenter en Haute-Savoie plutôt qu’à Paris ?
La Haute-Savoie, c’est le berceau de ma famille et le territoire où je me suis réinstallé il y a trois ans, il n’y avait rien de plus naturel. Parce que c’est “ma petite patrie” mais aussi avec l’idée qu’il faut “déparisianiser” notre vision de la société. D’être à cheval entre Paris et Annecy est intéressant car cela permet de confronter les visions. Je suis très content d’être élu en Haute-Savoie, de porter la voix de ces territoires. C’est une responsabilité immense mais c’est surtout une très grande chance..

Vous n’aviez que 30 ans, vous étiez quasiment inconnu du grand public et pourtant vous avez été élu avec 60% des voix au second tour. La circonscription était “imperdable” ?
Je vous remercie (Rires) ! Je vous rappelle qu’il y avait quand même beaucoup de concurrence au premier tour (ndlr : dont l’ancien député UMP Lionel Tardy et la conseillère régionale Catherine Pacoret). Oui, j’ai profité de la dynamique générée par la victoire d’Emmanuel Macron et au deuxième tour j’avais en face de moi une candidate du Parti communiste (ndlr : Loris Fontana était mandatée par le PC et candidate sous l’étiquette Nupes), mais je crois que le dynamisme de ma campagne et l’envie de renouveau ont joué.
À l’Assemblée, vous êtes membre de la commission “Développement durable et aménagement du territoire” : c’était votre premier choix ?
Oui. Je suis inspecteur des finances mais je suis aussi passionné par ces questions d’aménagement et de développement durable, qui sont également très importantes pour le territoire. Cette commission aborde de multiples domaines : agriculture, biodiversité, énergie, gaz à effet de serre mais aussi aménagement, occupation des sols… Je pense utile d’y apporter mes compétences….
Comment avez-vous vécu vos premières semaines de mandat ?
C’était intéressant… et éprouvant ! Et il faut s’en féliciter ! Le peuple français a fait la proportionnelle avec un scrutin majoritaire : à mes yeux, c’est une opportunité. Cela permet des discussions de fond, comme sur le pouvoir d’achat… Parfois, il faut faire des concessions pour trouver l’équilibre. Nous sommes élus pour un projet mais les électeurs attendent aussi de nous d’être responsables.
Faire des réformes avec une majorité relative, c’est possible ?
Oui, et le vote de la loi pouvoir d’achat l’a prouvé. A nous, majorité, d’être responsables… même si les autres – je pense notamment à la Nupes, qui a multiplié les amendements inutiles et les gesticulations – ne le sont pas. J’ai bon espoir que cela évolue bien dans le mandat.
Quel est votre programme pour la rentrée ?
Le mois de septembre va être beaucoup consacré au travail en circonscription et aux négociations avec les autres groupes politiques. À titre individuel, j’ai été nommé rapporteur pour avis du programme “Transition énergétique – climat” du projet de loi de finances (ndlr : c’est-à-dire le budget 2023 de la France ; il devrait être présenté par le gouvernement courant septembre puis examiné ensuite par le Parlement), qui va notamment aborder les sujets de la rénovation des bâtiments, de la transition des véhicules ou de la qualité de l’air – des enjeux majeurs pour la Haute-Savoie.
Photo du haut : Antoine Armand, dans sa permanence électorale (partagée avec Véronique Riotton, députée de la première circonscription), à Annecy, début août – Crédit : Eric Renevier
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Vous critiquez la fermeture de Fessenheim la plus ancienne construite sur une faille sismique avec une densite de population importante. Je pense que vous seriez le premier a nous secourir en cas d;accident, comme vos ancetres en1870 et1940.NE decidez pas toujours de Paris a la place des autres.