La France apparaît un peu perdue avec ses valeurs. Depuis les attentats du 7 janvier dernier, les débats contradictoires et les conflits d’opinion n’en finissent plus autour des questions de religion et de liberté d’expression. Ainsi, après le grand rassemblement du 11 janvier, les temps sont de nouveau à la division, entre partisans de la satire, défenseurs de la morale, adeptes de la répression musclée ou de la loi du Talion, incultes, censeurs, libres penseurs, victimes de la terreur, et j’en passe… La question ne semble aujourd’hui plus aussi tranchée qu’au premier jour et nombreuses sont les voix, toutes convictions confondues, qui reprochent par exemple à Charlie Hebdo de souffler sur les braises. Pour beaucoup de Français, le respect des religions devrait ainsi s’imposer à tous, en opposition aux règles fondamentales édictées par la loi….
Faut-il alors donner raison aux associations familiales catholiques qui, ces derniers jours, menaçaient de porter plainte contre la société Gleeden, spécialisée dans les rencontres extra-conjugales, à propos de publicités jugées scandaleuses ? Chacun a le droit, en sa libre conscience, de ne pas aimer ces publicités, ni le message qu’elles véhiculent. Mais peut-on les interdire parce qu’elles incitent à l’infidélité et perturbent les convictions religieuses de quelques-uns ? La réponse est évidemment non et découle directement de l’application du droit français où, depuis longtemps, l’infidélité n’est plus considérée comme un délit.
C’est pourtant encore cette volonté de contrôle des bonnes moeurs que l’on retrouve dans l’actuel procès de DSK. En effet, si le personnage méritait sans doute d’être jugé lorsqu’il était soupçonné de viol, acte criminel hautement répréhensible, il est en revanche plus contestable de chercher à l’accuser pour son « mode de consommation sexuelle », fût-il différent de la majorité d’entre nous… Selon toute vraisemblance, la justice devrait d’ailleurs rendre son verdict en ce sens.
Il m’arrive sans doute, et j’imagine qu’à la plupart d’entre vous également, d’entreprendre certaines actions pouvant être considérées par certains moralisateurs comme inadaptées. Mais cela n’en fait pas un acte répréhensible, tout au plus une question d’interprétation de valeurs.
J’aime mon pays, notamment pour ses principes laïcs et démocratiques qui garantissent ma liberté. Car la France est un état régi par le droit, pas par la morale.
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