Des plus grandes ETI aux plus petites TPE et start-up, les entreprises savent cultiver l’innovation en Savoie Mont Blanc. Elles ont aussi bénéficié jusqu’à maintenant d’un solide écosystème.
Somfy, NTN-SNR, ou encore Bollhoff Otalu. Ces grandes entreprises savoyardes déclinent l’innovation au quotidien, si l’on en croit le nombre élevé de brevets qu’elles déposent chaque année. Mais l’innovation n’est pas réservée aux grandes structures. Elle est aussi le fait de sociétés plus modestes et de startup. Citons par exemple le robot “Toutilo”, qui a été conçu pour faciliter la vie des maraîchers, arboriculteurs et producteurs de plantes aromatiques par la société rumillienne Touti Terre (créée en 2014). André Montaud, directeur général de Thésame, la plateforme technologique haut-savoyarde évoque également le succès rencontré par le fabricant annécien de petits pots bio pour bébés Potpotam.
Dynamique de métropole
«Actuellement, le nombre et la qualité de nos start-up d’excellence peuvent également s’apparenter à une dynamique de grande métropole », affirme-t-il d’ailleurs. Des jeunes pousses notamment épaulées par la structure French Tech in the Alp – et son pendant national, la French Tech –, qui vise à positionner le sillon alpin comme l’un des principaux territoires numériques en Europe. Ainsi, sur 12 start-up primées au dernier “Consumer electronic show” de Las Vegas, pas moins de 3 étaient annéciennes : les sociétés In&Motion (air bag “intelligent”), Joy (montre connectée), Miliboo (miroir connecté).
Même dynamique innovante en Savoie, notamment au sein du parc d’activités de Savoie Technolac qui fête ses 30 ans cette année. Bénéficiant à la fois de l’implantation de structures comme l’Université Savoie Mont Blanc, ou l’Institut national de l’énergie solaire, il a fait du soutien aux entreprises innovantes l’une de ses spécialités. «Poursuivre le développement de Savoie Technolac comme terrain d’application des innovations technologiques » est l’une des priorités du parc, selon son président Luc Berthoud. Une stratégie amplifiée par l’incubateur de Savoie Technolac qui a permis en 2016 de créer 22 entreprises. Et comme en Haute-Savoie on parle d’un véritable écosystème.
En 2017, c’est le Crédit agricole des Savoie qui viendra par exemple renforcer ce soutien à l’innovation en ouvrant à Savoie Technolac un accélérateur de start-up. De même, Thésame a récemment obtenu le pilotage du cluster robotique Coboteam, «l’un des rares clusters à ne pas être installé dans la région lyonnaise», indique André Montaud. Sa mission : animer toute la filière robotique et drones sur la région Auvergne-Rhône-Alpes. Autre reconnaissance importante : celle du Peak collaborative index, qui promeut la «recherche-formation entreprise au service de l’élaboration et de la promotion des relations collaboratives clients & fournisseur », coordonné, là encore, par Thésame.
Ce dernier a en effet été retenu comme référentiel par la filière automobile afin de mener une vaste enquête qualitative. «C’est important pour un territoire de sous-traitants comme le nôtre, car l’impact de l’industrie automobile y est très fort, détaille André Montaud qui rajoute, un déploiement vers d’autres filières comme le bâtiment ou l’énergie est désormais envisageable.» Il faut aussi compter avec le programme Elence (auparavant dénommé SQVTPG, Santé, qualité de vie au travail et performance globale) labellisé par l’Agence européenne de la santé, porté notamment par Thésame et financé par l’État, la région Auvergne-Rhône-Alpes et la Carsat. Ou comment, dans l’usine du futur, on sera à même de placer l’homme au coeur de l’entreprise, en utilisant mieux l’intelligence humaine, et sa flexibilité pour transformer la structure, construire, diffuser des outils et méthodes innovants au service de l’entreprise.
Conserver l’écosystème
Si ces réussites ont pu voir le jour, c’est parce que l’on est, en Pays de Savoie, «dans une véritable logique de clusters». Clusters notamment soutenus par les collectivités locales. Mont-Blanc industries, Citia, Cetim-CTDec, Outdoor sport valley, cluster montagne… «Ils amènent tout un ensemble de services aux entreprises, des services qu’elles doivent trouver en local», rappelle André Montaud. Or, avec l’évolution des compétences des collectivités et des ressources financières associées, liées à la loi NOTRe, et à la mise en place de la nouvelle région Auvergne-Rhône- Alpes, le paysage devrait profondément changer. «Nous voulons conserver, et même développer, cette formidable densité de services aux industries. Il faut pouvoir continuer à se comparer aux meilleurs mondiaux. C’est très efficace comme modèle !», conclut André Montaud.
In&Motion : l’airbag nouvelle génération
L’innovation comme ADN. Trois jeunes ingénieurs anciens élèves de l’Ecam Lyon, Rémi Thomas, Valentin Honoré et Pierre-François Tissot, cofondateurs d’In&Motion, startup annécienne en pleine ascension, ont inventé un gilet air bag “intelligent” pour protéger les skieurs. Véritable bijou de technologie, il peut déceler une perte d’équilibre irrécupérable, et se gonfler en moins de 0,1 seconde, afin de protéger les zones les plus sensibles avant l’impact au sol du skieur. Après avoir collaboré avec les membres de l’équipe de France de ski cross, leur premier gilet – dont la clé de voûte est un algorithme complexe couplé à des capteurs – est homologué par la FIS, fin 2014.
Rémi Thomas détaille : «POC, la marque suédoise d’équipements de protection pour sportifs l’a distribué dès 2015. Avant Rossignol, avec lequel nous venons de signer un partenariat en février 2017». L’airbag pour skieurs a également remporté un Innovation award au CES 2016, “Consumer electronic show de Las Vegas”. In&Motion a su dès l’origine s’intégrer dans l’écosystème régional, en s’appuyant sur des structures comme Initiative Grand Annecy, le cluster Minalogic, Outdoor sports valley, Bpifrance ou encore la French tech.

Trois jeunes ingénieurs anciens élèves de l’Ecam Lyon, Rémi Thomas, Valentin Honoré et Pierre-François Tissot, cofondateurs d’In&Motion, startup annécienne en pleine ascension, ont inventé un gilet air bag “intelligent” pour protéger les skieurs.
Déclinaisons multiples
Aujourd’hui, elle décline son système de protection pour les motards et vient de sortir un airbag s’intégrant aux combinaisons des pilotes de Grand prix. Rémi Thomas explique : «Nous avons lancé une campagne grand public “AirbagRevolution” en recrutant 500 motards européens qui vont être équipés pour tester le produit». D’ores et déjà approuvé par la Fédération internationale de motocyclisme, ce gilet a lui aussi reçu un award au CES 2017 de Las Vegas. Quant au petit dernier de la gamme airbag, il s’adresse aux cavaliers avant, pourquoi pas, des déclinaisons pour les personnes qui travaillent en hauteur, les personnes âgées, voire les drones… La start-up, qui emploie 12 salariés, est déjà fortement positionnée sur l’international. Rémi Thomas confirme : «En participant au CES, notre but était de présenter le produit mais aussi d’adapter la campagne AirbagRevolution au marché nordaméricain ».
R-Tech : mécatronique et éco-conception

Nicolas Galmiche, directeur général R-Tech.
Installée à Marignier, R-Tech est née en 2010 de la fusion entre deux sociétés locales fabriquant des machines spéciales industrielles, la société Jacky Rennard et la société Systech. Spécialisée dans la gestion de projets d’automatisme industriel, R-Tech a d’abord commencé par concevoir un chariot croisé numérique pouvant s’ajouter à une machine traditionnelle pour combler son manque de précision et de souplesse. Puis, R-Tech a lancé Eco-Hycam, un projet éco-conçu visant à l’efficacité industrielle des process.
Le principe : donner une nouvelle jeunesse à de vieilles machines mécaniques, rapides certes, mais en les dotant des technologies à commande numérique pour encore plus de flexibilité et de précision. Une remise aux normes “vertueuse” qui va de la sécurité accrue autour de la machine à des économies d’énergie d’environ 25 %, en passant par le recyclage des pièces de l’ancienne machine. Après avoir déposé une candidature dans le cadre des appels à projets Initiative PME éco-conception de l’Ademe, notre entreprise, soutenue par la CCI de Haute-Savoie, figure parmi les 26 lauréats retenus. À la clé, une subvention et un potentiel commercial mondial pour nous avec des milliers de machines à équiper.»
BpiFrance : sous le signe de l’optimisme

Philippe Koch, délégué Innovation Bpifrance en Savoie, Haute-Savoie et Isère.
Les entreprises de la région semblent prêtes à reprendre leur rythme de croisière. Après les bons chiffres de 2015, Bpifrance a poursuivi sur sa lancée : en 2016, nous avons soutenu près de 14 000 entreprises d’Auvergne-Rhône-Alpes pour 3,35 milliards d’euros. Pour l’innovation en Savoie Mont Blanc, nous avons soutenu une centaine de dossiers pour 18 millions d’euros, répartis à égalité entre l’aide à l’innovation directe et les prêts sans garanties.
Autre joli succès, celui de la “French Tech” dont Bpifrance est partie prenante – le projet désigne l’écosystème des start-up françaises et une initiative publique d’innovation portée par le ministère de l’Économie. Son pendant local, le regroupement French Tech in the Alps, poursuit l’objectif d’accélérer la dynamique financière autour des start-up d’Annecy, Chambéry, Grenoble, Valence, et d’aider à mieux les faire connaître. Ainsi, en 2016, nous avons pu aider trois startup étrangères à s’installer au Bourget-du-Lac par le biais du programme “French ticket”. Intensification du partenariat avec la Région, positionnement des métropoles, création d’une filiale assistance export sont les sujets importants pour nous en 2017.»
Par Fabienne Bachelard
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