Interview / Gaylord Pedretti : « Je veux créer un G20 de la montagne ».

par | 10 juillet 2017

Le bouillonnant patron de Like That, concepteur du High Five Festival à Annecy, souhaite ajouter à cet événement majeur et festif du ski un volet B TO B plus important dès 2018. Voici son interview.

“ÊTRE LÀ OÙ L’ON NE T’ATTEND PAS EST LA MEILLEURE MANIÈRE DE GAGNER LA PARTIE… LA COMPÉTITION JE L’AI AIMÉE QUAND JE SUIS DEVENU CHEF D’ENTREPRISE !”

Qui se cache derrière Gaylord Pedretti ?

Un fils de commerçants, fan de ski, de 36 ans ! Mes parents tenaient First Track, un magasin de sport à Serre Chevalier où je passais le plus clair de mon temps. C’est d’ailleurs pour le promouvoir que j’ai créé mon premier événement “ski”. J’avais 17 ans et j’ai dû batailler ferme pour convaincre Patrick Ollier, alors maire de Serre Che ! Au final, j’ai gagné : mon premier “Big Air First Track” a réuni 100 compétiteurs et 750 participants au concert !

Cette première a-t-elle agi comme un déclic ?

Elle m’a mis le pied à l’étrier, moi qui voulais faire carrière dans le ski sans être ni moniteur, ni commerçant. J’aime le marketing et la communication événementielle. En 2000, j’ai monté Catex Crew, un collectif et un magazine en ligne sur les sports de glisse avec des copains graphistes, rédacteurs et vidéastes. En 2003, j’ai été débauché par Deux Alpes Loisirs après avoir organisé un concert public en marge du Mondial de snowboard de la station car mes potes et moi ne pouvions pas accéder aux soirées officielles. Un peu frondeur Gaylord… Enfant, j’étais plutôt solitaire et j’ai toujours beaucoup observé. Cela m’a permis de trouver ma place. J’ai en quelque sorte toujours créé les choses dont j’étais privé. Je voulais faire du journalisme. Comme je n’avais pas les diplômes, j’ai conçu un magazine en ligne. De même pour l’événementiel, le ski ou Annecy. Je ne rentre pas dans les cases, j’aime mettre des coups de pied dans la fourmilière… Je suis d’une génération libre. Et la liberté d’entreprendre, c’est une chance qu’il faut savoir saisir. …

Et surtout débordant d’imagination ?

Aux Deux Alpes, où j’ai organisé le Mondial du ski et celui du Snowboard de 2003 à 2008, j’ai commencé à théâtraliser des événements, comme le Taravana Freestyle qui instaurait un lien entre Tahiti et la station pour promouvoir le snowboarder tahitien Gary Zebrowski. Pour moi, l’événementiel est une grande pièce de théâtre. Tu composes, tu mets en musique… C’est parfois un défaut, mais je préfère la carte blanche à la carte bleue ! En 2008, vous changez de cap et créez Like That à Annecy.

Pourquoi ?

J’avais besoin de nouveautés et de créer des événements ailleurs, surtout en ville. Je me suis installé à Annecy par hasard ; hasard qui a bien fait les choses puisqu’un an plus tard s’est créé OSV, Outdoor Sports Valley [NDRL : pôle d’entreprises dédiées aux sports nature] qui est devenu un vrai partenaire. Les Deux Alpes m’ont également suivi. La société des remontées mécaniques a passé à l’agence sa première commande pour valoriser le glacier et son snowpark. J’ai alors conçu et organisé jusqu’en 2014 le Kumi Yama, rendezvous estival ski-snowboard dans un décor rendant hommage à la culture japonaise. En 2013, j’ai même vendu une licence d’exploitation au groupe japonais MacEarth Co. qui gère 28 stations de ski au pays du Soleil-Levant.

Et l’urbain dans tout cela ?

Mon objectif était de recréer le Mondial du ski en ville, à une période calme de l’année, l’automne. En 2010, à Annecy, j’ai importé du Canada l’IF3 Europe, unique manifestation européenne dédiée à la culture freeski, avec projections de films et village de marques. J’ai commencé à toucher des partenaires extra-sportifs avec Orange. En 2014, j’ai voulu voler de mes propres ailes et imaginé le High Five Festival pour m’offrir la liberté et atteindre de plus hauts sommets.

1 Gaylord Pedretti a créé son premier événement ski à 17 ans. 2 Le show Big Air quitte la place des Romains pour le Pâquier en 2017. 3 Le High Five, un événement devenu leader pour l’industrie du ski.

Qu’est-ce qui singularise le High Five ?

C’est un événement intergénérationnel qui lance en avant-première la saison d’hiver, un festival de Cannes du ski mixant ski et 7e art avec des avantpremières, des champions, un village de marques, des animations, une compétition internationale de Big Air sur une piste éphémère. Notre défi était d’en faire un événement leader pour l’industrie du ski, et c’est désormais le cas. D’ailleurs, même les stations et des entités comme l’ESF, la Compagnie des Alpes y prennent part.

Le B to B est aujourd’hui un aspect du festival que vous souhaitez développer ? Comment ?

Avec OSV, nous avons d’ores et déjà lancé la soirée B to B du High Five, le “Before”. Aujourd’hui, notre village de marques affiche complet et on prévoit de tripler la taille du chapiteau en 2018. Je veux que le High Five grandisse et devienne l’événement symbole de l’entrée dans l’hiver pour le B to C et pour le B to B, qu’il soit « The place to be ». En 2018, je souhaite créer, en parallèle du festival, une sorte de “Mifa* du High Five” autour d’un concept “G20 de la montagne”, c’est-à-dire un lieu où les choses se décident pour dessiner et rendre plus lisible la montagne de demain. À force de travailler avec les stations, les institutions, l’industrie du ski et du snowboard, les magasins, les médias spécialisés… Je me rends compte qu’ils n’échangent pas. La concurrence internationale est de plus en plus forte. On a les plus belles montagnes… On doit faire changer les choses et pas seulement les regarder, agir et non subir.

Des nouveautés pour le High Five 2017 ?

La grosse nouveauté, c’est bien sûr l’organisation du Show Big Air sur le Pâquier. De nouvelles animations pour le public vont se rajouter. On a aussi prévu une émission quotidienne diffusée sur Facebook, sur un ton décalé : le “Ail Five”. Elle sera présentée par quatre grands chefs du coin, comme Yoann Comte, et sera concoctée avec les vidéos des festivaliers, réalisées avec leur smartphone et envoyées par mail.

Quels sont les secrets de votre réussite ?

La passion, la remise en question et la détermination nous aident beaucoup à avancer. Se dire « Je vois ce que je crois » et non l’inverse. L’événementiel, c’est pour moi l’étonnement, le « waouh » et je pense tous mes événements comme des marques. Plutôt que de dire comment faire (consulting), je fais (constructing) … Like That, c’est aussi une agence 360° où tout est intégré. Nous avons même une succursale dédiée à la gestion de carrière de dix skieurs pro… On est ainsi sûr de pouvoir compter sur eux pour nos rendez-vous !

Quel manager êtes-vous ?

Je suis comme un sélectionneur au foot. Je prône et travaille l’esprit d’équipe. Je crois au collectif. Je prends mes collaborateurs comme ils sont et je les positionne en fonction de leurs compétences. J’écoute, j’enlève les doutes…

Et quel entrepreneur ?

Le monde entrepreneurial est une partie d’échecs. Il faut savoir prendre des risques, perdre et gagner. Tu déplaces tes pions et tant qu’il en reste, même un seul, tu peux l’emporter. Je ne lâche rien. Être là où l’on ne t’attend pas est la meilleure manière de gagner la partie. L’important est de ne pas s’endormir sur un acquis. J’adore être jugé sur mes résultats. La compétition, je l’ai aimée quand je suis devenu chef d’entreprise !


Propos recueillis par Hélène Vermare

Crédit photo : © David Malacrida.

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