Depuis 30 ans, ITOH DENKI assemble dans la vallée de l’Arve des pièces importées du Japon. Rencontre avec le dirigeant du groupe, Kazuo Itoh.
Vous avez commencé votre aventure française à Cluses, pouvez-vous nous raconter ?
En octobre 1987, nous avons d’abord créé une co-entreprise avec Somfy : nous vendions les moteurs co-conçus avec eux, différents des moteurs actuels et surtout utilisés dans les usines. Cette collaboration qui a duré dix ans a permis des échanges de compétences et de vendre nos produits respectifs. Pour nous, c’était l’occasion de nous implanter en France. Ce que nous avons fait en créant par la suite une entreprise autonome à Cluses. Manquant de place, nous nous sommes implantés à Saint-Pierre-en-Faucigny en 2002. L’entrepôt a été agrandi il y a deux ans : la surface a été doublée. Mais déjà nous envisageons d’agrandir encore : nous avons encore prévu un doublement de la surface courant 2018. Nous avions anticipé l’agrandissement à notre arrivée à Saint-Pierre, sans toutefois imaginer que ce serait dans de telles proportions.
Avant votre arrivée en Haute-Savoie, aviez-vous déjà entendu parler de la vallée de l’Arve ?
Depuis longtemps, j’entendais parler de la vallée au Japon et de son premier rang pour les pièces de décolletage. Nous avons une vallée identique autour de Nagano ; ma grand-mère vivait là-bas et j’y allais enfant. On les appelle d’ailleurs les “Alpes japonaises”. Il y a un écosystème industriel un peu semblable autour de l’usinage et du décolletage en particulier. Ce territoire s’est développé après-guerre au moment de la reconstruction du Japon. Les vallées et le décolletage vont toujours ensemble.
Quelle est la vision du Japon sur l’industrie française et européenne ?
Les gens en Europe sont doués et innovants, notamment les Français. L’Europe est au top au niveau logistique, contrairement au Japon. Je crois que c’est lié aux guerres du XXe siècle sur le sol européen qui ont poussé les gens à prévoir.
Quelles sont les activités regroupées à Saint-Pierre-en-Faucigny ?
Sur place, les équipes assemblent les rouleaux moteurs avec des pièces importées du Japon. Nous proposons plusieurs configurations possibles en fonction des clients. Nous produisons ici pour nos clients d’Europe occidentale et aussi un peu d’Afrique.
Vous êtes l’inventeur du rouleau motorisé qui a fait la réputation d’Itoh Denki…
Il y a 40 ans, je fabriquais un moteur triphasé, très souvent utilisé dans les usines pour les barrières électroniques ou à la maison dans la machine à laver. Au début, je vendais ces moteurs aux fabricants de vidéo VHS. Les rouleaux motorisés autonomes ont permis d’optimiser leurs process de production en augmentant la vitesse des convoyeurs. C’était plus rapide et économiquement plus rentable. Ces moteurs ont amélioré les processus de fabrication du secteur à l’époque et ont poussé l’économie japonaise sur la scène internationale.
Quels sont les avantages de ces rouleaux ?
Un seul opérateur peut contrôler plusieurs rouleaux moteurs. Ils peuvent communiquer en direct avec la machine : un cerveau central donne ses consignes à chacun des rouleaux moteurs qui sont tous dotés d’un petit cerveau. Ceux-ci communiquent aussi entre eux pour réaliser des mouvements plus compliqués. Les cerveaux peuvent être corrigés/ améliorés, par exemple en fonction des évolutions réglementaires. Ils peuvent aussi apprendre, mais c’est important de maintenir le contrôle humain.
Votre technologie avait déjà anticipé les évolutions futures ?
Chez Itoh, nous avions une bonne connaissance en mécanique sur les anciens types de moteurs. Mais j’avais déjà en tête les développements futurs et, depuis 20 ans, nous concevons et commercialisons des rouleaux moteurs capables de répondre aux avancées technologiques et aux besoins de l’industrie 4.0.
Propos recueillis par Sandra Molloy
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