Cécile Haug, responsable technique du Service de santé au travail de l’Ain, livre ses conseils pour mieux appréhender le télétravail.
Finalement, le télétravail est-il un avantage ou un inconvénient pour celui qui le pratique ?
Une entreprise où le télétravail est bien bordé, où un accord d’entreprise a été passé, où le management a évolué, les gens y trouvent globalement leur compte. En revanche, si l’on reste sur l’état de crise de mars dernier et qu’on n’avance pas sur quelque chose de plus construit, ils trouvent vite des inconvénients.
Quels sont les risques psychologiques encourus ?
Le fait de travailler seul permet de mieux se concentrer et d’être plus efficace. Pour autant, on peut se trouver face à une situation que l’on ne sait pas gérer et que personne ne voit. Cela peut être une charge de travail trop lourde. Si on ne met pas en place un certain de nombre de mesures de management, cela devient dangereux. On en voit parfois qui basculent dans des addictions.
Pour le patron aussi, le télétravail a ses inconvénients !
La difficulté, pour l’employeur, c’est qu’il manage moins par le contrôle que par la confiance ; les horaires de travail, par exemple. C’est une rupture avec le management conventionnel. On donne plus d’autonomie à la personne, tout en veillant qu’elle atteigne bien l’objectif fixé. La clé du télétravail, c’est de fixer des objectifs clairs et précis.
Doit-on se préparer le matin comme si on se rendait sur son lieu de travail ?
Le fait de se donner un timing, de se lever, de s’habiller, sont des rituels qu’il faut absolument mettre en place si l’on veut être dans un cercle vertueux. Si l’on reste en pyjama toute la journée, on va avoir du mal à cerner la vie privée de la vie professionnelle. On est aussi plus sédentaire. On ne va plus chercher la feuille à l’imprimante ou boire le café avec son collègue. On est toute la journée sur son poste à la maison. Il faut avoir conscience de ce risque et s’obliger à ne pas être sédentaire. On peut s’obliger par exemple à faire un tour d’un quart d’heure à pieds après sa journée de travail.
Malgré tout, ne faut-il pas essayer d’être en présentiel au moins une fois par semaine ?
Depuis le 6 janvier, une directive ministérielle autorise à se rendre dans l’entreprise un jour par semaine. C’est important, cette journée de retour, parce qu’elle permet aux gens de remonter le collectif, de pouvoir échanger. Pour ceux qui sont en prise de poste, comme les jeunes qui débutent, c’est difficile d’être totalement en télétravail.
Les entreprises sont-elles équipées pour instaurer le télétravail ?
Cela dépend de leur maturité dans les nouveaux outils numériques. Certaines entreprises du Pays de Gex, très orientées vers la Suisse, qui travaillent notamment beaucoup avec le CERN ou avec ses instances internationales, connaissent déjà très bien les outils numériques : visioconférences, webinaires, etc. Une des conditions pour que le télétravail marche, c’est la connaissance des outils numériques.
Le télétravail représente-t-il pour vous l’avenir ?
Oui, le présent et l’avenir, mais point trop n’en faut quand même. Bien sûr, le collectif de travail avec tous les moyens modernes et numériques peut être entretenu, mais après, c’est comme les apéritifs Skype, au bout d’un moment, ça lasse un peu quand même (rires…). Entre 100% et rien, il faut trouver le juste milieu.
Webinaire
Le Service Santé au Travail de l’Ain prépare un webinaire sur le thème du télétravail à l’adresse des entreprises. La rédaction d’Eco de l’Ain communiquera les conditions de participation dès connaissance des éléments.
Par Éliséo Mucciante
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