Même s’il s’agit rarement d’une stratégie viable à long terme, la triche a toujours fait partie des moyens utilisés par des individus comme par des entreprises, pour prendre l’ascendant à un moment donné. Ainsi, dès notre petite enfance, nous « apprenons » à tricher pour avoir une chance de l’emporter au jeu de dames face à des adultes plus aguerris mais tout disposés à se laisser duper par leurs chers petites têtes blondes. Et c’est également en racontant quelques énormités que l’on cherche le plus souvent, dans la cour de l’école, à se distinguer dans un groupe, pour obtenir une position dominante ou, plus simplement, un joli sourire de notre voisine de classe.
Puis en grandissant, on découvre que ces mensonges ne sont finalement pas l’apanage des plus jeunes, comme tendaient à le laisser croire nos parents, mais sont également largement usités par les adultes jusqu’à devenir, pour certains, un véritable art de vivre. C’est le cas pour les sportifs de haut niveau dont les performances dépendent sans cesse davantage de leur faculté à absorber diverses substances illicites sans se faire repérer. C’est également le cas de nos hommes politiques qui, souvent, sont prêts à nous laisser croire n’importe quoi à des fins électoralistes, quand ce n’est pas pour de plus sombres desseins encore… Ainsi, nos modèles, nos exemples, nos représentants se sentent-ils autorisés à se référer au mensonge, avec une certaine impunité. C’est sans doute de là que vient tout le problème…
Il n’y a donc aucune raison pour que le mensonge et la triche épargnent l’entreprise. Qui n’a jamais eu affaire à un commerçant peu scrupuleux prêt à jurer ses grands Dieux que son service en verroterie était fabriqué en pure porcelaine de Limoges ou que son huile d’olive frelatée provenait d’oliviers crétois centenaires jamais traités et bénéficiant des meilleurs conditions d’exploitation possibles ? D’un agent immobilier vous certifiant que cette toiture ancestrale offrait le charme de l’ancien tout en vous garantissant de la moindre fuite ? D’un webdesigner usant d’un vocabulaire abscons afin de vous faire croire que son savoir-faire est financièrement inestimable ?
Et dans l’industrie, ces pratiques frauduleuses prennent souvent une dimension plus…industrielle. Citons pour exemple, les ententes illégales réalisées par les fabricants de yaourts, de lessive, de téléphonie afin de se préserver de la concurrence et de ménager leurs marges, ou encore les scandales réguliers révélés dans l’industrie agroalimentaire pour tromperie sur la marchandise. Certains ont même fait du mensonge leur principal argument commercial à l’instar des fabricants de caisses enregistreuses livrées avec un logiciel permettant d’effacer certaines transactions… Toutes ces activités sont connues, et pourtant la plupart de ces entreprises conservent pignon sur rue.
L’affaire Volkswagen n’est donc rien de plus qu’un nouveau pavé dans la mare. Elle déstabilisera temporairement l’entreprise, réjouira certains de ses concurrents, offrira quelques opportunités à des clients bien conseillés, contribuera peut-être à la rédaction de nouveaux amendements juridiques, avant que tout ne rentre finalement « dans l’ordre ». Mais ce n’est pas une raison pour se laisser faire…
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