Il y a quelques semaines, Carlos Ghosn, le très médiatique patron de Renault, proposait de reporter une partie de sa rémunération variable équivalant à 430 000 euros (sur un total annuel dépassant les 10 millions) dans le cadre d’un accord de compétitivité. Dans le même temps, Philippe Varin, président du groupe PSA, ainsi que tous les membres du Directoire, annonçaient qu’ils renonçaient eux-aussi à cette part variable, indexée sur les performances (en baisse) de l’entreprise.
Ces annonces ont eu pour effet de rappeler les salaires mirobolants de ces quelques patrons du CAC 40, jetant l’opprobre sur l’ensemble de la profession, par assimilation du grand public. La réalité est pourtant bien différente : le salaire moyen d’un dirigeant de PME français est plus de cent fois inférieur aux chiffres enoncés, alors même que celui-ci prend des risques avec son propre argent et non celui des actionnaires. D’ailleurs, ce dernier sera immédiatement sanctionné en cas de défaillance sur son résultat. Pourquoi en serait-il autrement pour les mandataires sociaux ?
Dans ce contexte, la proposition de l’Assemblée Nationale d’établir de nouvelles règles de gouvernance au sein des grandes entreprises paraît alors bien légitime, notamment l’introduction du « pay on say », déjà en vigueur dans 17 pays, dont beaucoup nous servent régulièrement d’exemple : Allemagne, Suède, Royaume-Unis, États-Unis… En effet, ce principe consiste tout simplement à soumettre l’ensemble des rémunérations (fixes et variables) octroyés aux dirigeants-mandataires sociaux au vote des actionnaires. Après tout, ce sont quand même eux qui fournissent le capital de l’entreprise, en acceptant de tout perdre en cas de défaillance.
Même la Suisse vient de décider, par référendum et à l’initiative d’un chef d’entreprise, de permettre aux actionnaires réunis en assemblée générale de lutter « contre les rémunérations abusives ». Un projet similaire est également à l’étude au Parlement Européen.
0 commentaires