Mardi 25 octobre, le Tribunal administratif de Grenoble a suspendu l’arrêté préfectoral qui autorisait le lancement des travaux de la retenue d’eau du plateau de Beauregard.
« L’intérêt public qui découle de la réalisation d’une retenue collinaire essentiellement destinée à assurer l’enneigement artificiel de la station est insuffisant à remettre en cause l’urgence qui tient à la préservation du milieu naturel et des espèces qu’il abrite ». C’est en ces termes que le Tribunal administratif de Grenoble a suspendu, mardi 25 octobre, l’arrêté préfectoral du 19 septembre qui autorisait le lancement des travaux de la retenue d’eau de Beauregard, à La Clusaz.
Une retenue d’une capacité de 148 000 mètres cubes destinée majoritairement – mais pas seulement – à renforcer le réseau de neige artificielle. Une victoire pour les associations environnementales (France Nature environnement, La nouvelle montagne, Mountain wilderness, la Ligue de protection des oiseaux), qui avaient saisi l’institution en urgence.
« C’est un soulagement pour l’ensemble des associations, collectifs et habitants investis depuis deux ans contre ce projet », déclarent-elles. La Zad (zone à défendre), que des activistes avaient montée sur place fin septembre et qui a accueilli jusqu’à 300 personnes, est en cours de démontage et nettoyage, comme demandé par le préfet. Celui-ci prend par ailleurs acte de l’ordonnance du juge des référés et souligne qu’elle « ne préjuge pas de la légalité de l’arrêté préfectoral au fond. »

A La Clusaz, où des centaines de personnes s’étaient mobilisées vendredi 21 octobre en faveur de ce projet, le maire, Didier Thévenet, se veut « calme et serein », mais note lui aussi que l’ordonnance « ne préjuge pas du fond du dossier » et que cette décision est « provisoire ». Il annonce qu’il va se pourvoir en cassation d’ici la fin de la semaine et espère que l’Etat en fera autant. « Notre projet est légitime », dit-il, mettant notamment en avant les difficultés d’approvisionnement en eau potable rencontrées avec acuité cet été.
Au-delà de leur victoire, les associations voient dans cette décision un « signal fort » envoyé aux communes et stations de montagne : « La production de neige artificielle pour gagner quelques années sur le changement climatique et prolonger le modèle du “tout ski” ne peut pas justifier la destruction d’habitats, d’espaces naturels et d’espèces protégées », martèlent-elles.
C’est également le sens d’une tribune publiée le 22 octobre dans les colonnes du journal Le Monde. Rédigée « depuis Annecy », elle fait référence aux projets de Beauregard, de Cenise, du Danay ou du Semnoz. Signée par plus de 300 acteurs économiques du territoire, elle implore à « écrire un nouveau chapitre sur les stations et les sports d’hiver » et exprime sa « reconnaissance à ceux qui se mobilisent pour défendre ce qui peut encore être sauvé ».


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