La médecine libérale a-t-elle un avenir ?

par | 26 mars 2015

Lundi 18 mars, les députés ont apporté un premier élément de réponse en adoptant la proposition de loi de Marisol Touraine visant à généraliser le tiers-payant d’ici 2017. Cette décision est éminemment démagogique puisqu’elle correspond à l’envie de 70% des patients de ne plus avancer d’argent pour le paiement de leurs consultations. Elle répond aussi à un besoin pour les 20% de Français qui, d’après les sondages, renonceraient régulièrement à certains soins de santé pour des raisons financières, et permettrait peut-être de désengorger les services d’urgence des hôpitaux. Pourtant les médecins s’opposent quasi-unanimement à cette réforme qui, à n’en pas douter, renforcera leur surcharge administrative et les coûts inhérents, mais aussi créera un lien de subordination inédit avec l’assurance maladie et les mutuelles complémentaires.

Ainsi, différentes interrogations apparaissent en filigrane derrière ce changement imposé. Les professionnels de la santé s’inquiètent notamment (à tort ou à raison ?) de voir leurs revenus ponctionnés par ce travail de gestion supplémentaire. En effet, pour un généraliste consciencieux effectuant de trois à quatre consultations à 23 euros de l’heure, le revenu de son labeur apparaît sensiblement identique à celui d’un garagiste, alors que son temps d’exercice sera beaucoup plus court. Mais à six clients de l’heure, le rapport devient différent…

L’inquiétude de la profession relève aussi de l’intention manifeste de Marisol Touraine de procéder à une « fonctionnarisation » progressive des médecins. Si elle s’inscrit pleinement dans le modèle social français basé sur la solidarité, en rendant la médecine plus équitable pour tous, cette modification pourrait cependant creuser encore le déficit de la Sécu en déresponsabilisant davantage le patient face au coût de l’acte médical. La situation financière de notre pays ne semble pas compatible avec ce type de débordement.

Alors que faire ? Une réforme du système de santé français semble bien nécessaire. Certains praticiens ont depuis longtemps laissé l’appât du gain chasser le serment d’Hippocrate. Leur volonté de gagner plus et de travailler dans les meilleures conditions, a notamment favorisé l’apparition de déserts médicaux inacceptables. Pour que la qualité de notre système de soins demeure, il faudra bien que les médecins, rémunérés essentiellement grâce à l’impôt, acceptent un jour de ne plus être payés à l’acte et, plus encore, admettent que la liberté d’installation n’est plus envisageable.

Mais le gouvernement gagnerait sans doute à privilégier la concertation…

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