À l’occasion de sa deuxième édition de sa conférence économique, Grand Bourg Agglomération a abordé le thème de la responsabilité sociétale des entreprises.
« La RSE n’est plus seulement une possibilité, c’est un devoir », déclare Fabrice Lacour, président d’Hexalean Industrie. Par RSE, il faut comprendre Responsabilité sociétale des entreprises. Quels sont ses enjeux ? Comment agir ? Et quel intérêt ? Tels étaient les thèmes abordés à la conférence économique de Grand-Bourg Agglomération (lire l’encadré ci-dessous). La méthode vise notamment à atténuer ses impacts sur l’environnement, à créer de la valeur pour les parties prenantes ou encore à redéfinir la notion de réussite.
Un véritable atout
La RSE permet dorénavant de se distinguer de la concurrence en améliorant sa réputation, de fidéliser ses clients, mais aussi d’avoir accès à de nouveaux marchés, d’anticiper le durcissement du cadre législatif, de réduire ou de limiter certains coûts. D’un point de vue social, rien de tel pour motiver les collaborateurs et collaboratrices, tout en attirant les talents des jeunes générations, à la recherche de sens au travail. Sur la dimension environnementale, elle permet de diminuer son empreinte carbone, sans oublier la résilience qu’elle peut apporter face à des épisodes climatiques ou à des difficultés d’approvisionnement. Des atouts qui se mesurent même de manière chiffrée : « L’écart entre les entreprises avec et sans stratégie de RSE sur la performance s’élève à 13 %, sur l’environnement et l’éthique à 8 %, sur la relation client à 5 % et sur la relation fournisseur à 9 %. Aujourd’hui, 50 % des entreprises de plus de 50 salariés ont mis en place une telle politique, un chiffre qui retombe à 30 % avec de plus petites entreprises », précise Agnès Bertillot, présidente de la CPME 01, dont l’organisation tient à la disposition de ses adhérents, des outils pour les aider à s’engager dans cette voie.
À l’international, les groupes sont de plus en plus friands de ces trois lettres et demandent désormais souvent à leurs partenaires en affaires où ils se situent dans la démarche. « Nous avions déjà une sensibilité pour ce genre d’actions, mais depuis environ deux ans, on sent vraiment une pression des grands groupes pour nous entraîner vers ce sujet », explique Fabrice Lacour, président d’Hexalean Industrie. Même son de cloche pour la société Pi Install qui constate également une augmentation de son attractivité auprès des jeunes diplômés.
La pratique, de surcroît, est facile à valider comme l’a rappelé Pierre Andruzac, manager gestion des risques et RSE du groupe Bernard : « Toutes les entreprises font de la RSE depuis toujours, bien avant que le terme n’existe. À la demande d’un client, nous avons validé notre démarche en passant par EcoVadis, une entreprise française, qui nous envoie un questionnaire à compléter. Cela ne coûte que quelques centaines d’euros. Simplement en formalisant nos gestes du quotidien, nous avons obtenu un score qui nous a permis de figurer parmi les 11 % d’entreprises les mieux classées. »
Attention toutefois, une stratégie RSE ne s’engage pas au hasard. Mieux vaut démontrer sa démarche par des actions, plutôt que de prendre des engagements à la légère et de risquer sa réputation.
50 %
Plus de 50 % des entreprises de plus de 50 salariés ont une politique de RSE.
13 %
L’écart de performance entre les entreprises avec et sans stratégie de RSE est de 13 %.
Le Grand Bourg à l’ère sociétale
Après une première édition sur la sobriété foncière, Grand Bourg Agglomération a renouvelé sa conférence économique annuelle, le 23 septembre, sur le thème de la responsabilité sociétale et environnementale. Une occasion pour la collectivité d’évoquer son intérêt pour la démarche. « En tant que communauté d’agglomération, nous avons une responsabilité sociale sur notre territoire. Il nous est plus facile de nous y pencher, compte tenu de notre mission de servir le public. Nous agissons notamment en matière de mobilité et de décarbonation, que ce soit au travers des lignes de bus, du transports à la demande, de la location de vélos, etc. Nous intervenons également en faveur de l’emploi en cherchant à rapprocher les entreprises des chômeurs. Enfin, nous nous soucions beaucoup du foncier, de sorte à mieux l’utiliser et prendre en compte, notamment, l’imperméabilisation des sols », développe Michel Fontaine, vice-président à l’économie et à l’innovation.
La Banque de France peint un tableau noir
Si la crise sanitaire semble être derrière nous, les difficultés économiques ne feraient que commencer.
« En 2020 nous avons vécu la crise économique la plus grave depuis les années 1920, hors guerre mondiale bien évidemment. Les différentes zones économiques, que ce soit les États-Unis, la zone euro ou la France, ont retrouvé leur niveau en volume d’avant crise, avec quelques exceptions, notamment dans le secteur du transport, où l’on observe un retard conséquent. Dans le tourisme, c’était aussi le cas, mais le secteur a vécu un très beau rattrapage. On pourrait penser avoir perdu trois années car nous en sommes seulement au même point qu’en 2019. Mais, il est important de noter qu’au-delà de cette crise inédite, le rebond a été lui aussi complètement atypique », développe Philippe Kiehl. Le directeur départemental de la Banque de France a profité de la conférence économique de Grand Bourg Agglomération pour faire le point sur les conséquences de la crise sanitaire et sur la conjoncture économique. Si le rebond post-crise a été particulièrement fort, il a été ensuite durement affecté par la pénurie des matières premières, puis par les conséquences de la guerre en Ukraine.
Si les difficultés d’approvisionnement des entreprises diminuent et si la croissance doit être supérieure à 2,3 % en 2022, les entreprises continuent de faire face à des difficultés de recrutement persistantes. En parallèle, l’incertitude grandit sur l’accès à l’énergie.« Si jusqu’à maintenant, des carnets de commandes remplis permettaient d’amortir le choc, la demande est actuellement en baisse. »
De nombreuses incertitudes à court terme demeurent comme l’évolution de la guerre en Ukraine, les tensions à Taïwan, mais également une possible résurgence de la crise sanitaire.« À moyen terme, nous avons également quelques incertitudes fortes. Les dérèglements climatiques et les pertes de biodiversité se poursuivent avec des risques majeurs physiques, de transition de l’économie et d’adaptation générale. Moins d’un quart des entreprises suivies par la Banque de France ont pris la mesure de ces enjeux. En parallèle, la population active en France vieillit et a cessé de croître. Cela occasionne des difficultés croissantes de recrutement », analyse Philippe Kiehl. La Banque de France prévoit pour 2023, un fort ralentissement de la croissance à 0,8 %, pouvant aller jusqu’à une récession limitée à -0,5 % selon le marché du gaz. En 2024 toutefois, la croissance devrait reprendre à 1,8 % avec une remontée du taux de chômage.
Joséphine Jossermoz
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