À la manière d’un objet précieux, le futur centre de conservation s’installe comme un signal, dans la zone d’activités de Bissy, à Chambéry.
Le centre de conservation départemental des collections de la Savoie sera livré à l’automne 2025, après deux années de chantier et 6,3 M€ de travaux. La vocation culturelle qu’il incarne lui vaut de se démarquer face aux activités économiques qu’il côtoie dans la zone industrielle de Bissy, à Chambéry. « L’enjeu est de laisser deviner une activité par essence invisible, puisque la vocation première de ce bâtiment est de protéger les œuvres et collections du département. Il s’agit aussi d’offrir aux équipes un lieu de travail optimisé et de qualité », explique Xavier Leplaë, architecte et directeur d’agence chez W-Architectures, mandataire du groupement de maîtrise d’œuvre.
Dialogue avec la montagne
L’écriture choisie est celle de deux blocs massifs en béton teinté gravé de motifs dialoguant avec les montagnes alentour. Simple et précise, elle s’inspire des traditionnels coffres savoyards, en bois sculpté.
D’une surface utile de 3 180 m², le programme se compose de deux bâtiments séparés (le plus grand pour le stockage, le plus petit pour l’atelier) et fonctionnant indépendamment l’un de l’autre, de manière à faciliter l’entretien, limiter les risques et optimiser les espaces dédiés à la conservation. Sa forme compacte limite les consommations énergétiques, importantes en raison de la nécessité de maintenir une atmosphère sèche garantissant la préservation du métal présent dans les œuvres conservées.
Défis techniques
Compte tenu de sa vocation, le centre de conservation est un bâtiment très technique. Mais sa réalisation implique d’autres défis, comme la nature du sous-sol très marécageux, qui a nécessité des fondations sur pieux profondes et un matelas drainant. Un prototype de 11 mètres de haut a également été réalisé afin de tester différents points, comme le coulage en une seule fois du voile de béton recouvrant les façades. « Nous voulions une peau la plus monolithique possible, sans aspérité et sans joint apparent. De la même manière, nous avons fait de nombreux essais pour déterminer la meilleure technique pour créer, en creux, les motifs traditionnels, en retirant de la matière, ou pour trouver la bonne teinte de lasure », détaille Xavier Leplaë.
Hauts d’un mètre, les acrotères accentuent la hauteur des façades et dissimulent les éléments techniques des toitures-terrasses. Dotées de panneaux photovoltaïques, celles-ci sont végétalisées avec un substrat calibré pour permettre un foisonnement de la végétation favorable au cycle carbone et à l’écoulement des eaux.
Le centre de conservation a pour vocation de protéger, sans limite de temps, les collections départementales, comme celles du musée Savoisien, dont la modernisation (2019-2023) a coûté 22 M€.
Les acteurs du programme
Le conseil départemental de la Savoie a délégué la maîtrise d’ouvrage à la SPL de la Savoie. La maîtrise d’œuvre a été confiée à W-Architectures avec Paul & Seguin Architectes, les bureaux d’études Batiserf, Thermibel, Nyeborg préventeur, Unberverde, Ceteco, IGC et Socotec.
Sophie Boutrelle
Crédit photo : W-Architectures
0 commentaires