L’abaissement de la vitesse à 80 km/h

par | 11 juillet 2018

L’entrée en vigueur de la réforme sur la limitation de la vitesse à 80 km/h sur des routes départementales n’en finit plus d’opposer les favorables et les contestataires. leurs arguments sont de poids. pour vous faire une opinion, votre journal leur a donné la parole…

Pour/Contre

Éric Schietse, Directeur de l’Association de Prévention Routière Auvergne-Rhône-Alpes

« Qui remettrait en question la ceinture de sécurité ? »

REPÈRES

4 juillet 1967
Naissance à Trévoux (Ain)
2014
Directeur de l’Association de Prévention Routière Rhône-Alpes
Juillet 2017
Il élargit ses fonctions à l’Auvergne

Malgré l’entrée en vigueur de la loi, la fronde des opposants se poursuit!

Effectivement, il faut dire que c’est un changement important pour l’ensemble des automobilistes. Il impacte leurs habitudes de la même manière que le fut la ceinture de sécurité. À l’époque, les réticences furent nombreuses. Les gens trouvaient cette ceinture gênante et même dangereuse pour la conduite. Il a fallu du temps pour que cette réforme soit intégrée. Aujourd’hui, qui la remettrait en question?

On juge parfois cette nouvelle réforme un peu trop parisianiste!

Identifier les zones accidentogènes est plus compliqué qu’on ne le pense. On a connu une époque où l’on pouvait prétendre qu’une majorité de routes concentrait les accidents les plus graves, mais ce n’est plus trop le cas. Quand on étudie une carte, c’est beaucoup plus diffus. Dire qu’il faut laisser au local le soin d’appréhender le problème n’est plus valable. Et puis, remettre cela dans les mains des responsables locaux serait leur demander d’assumer une responsabilité juridique ou morale trop importante en cas de pépins graves.

On dit que les zones les plus éloignées, ou celles qui ont déjà beaucoup de contraintes, vont être les premières à pâtir de cette mesure!

Au contraire! Ce sont les premières qui en bénéficieront ! Cela correspond à de courts trajets où la perte de temps sera minime et où la sécurité routière sera renforcée. Les accidents mortels dans nos départements passent essentiellement par ces routes à double sens, sans terre-plein central. C’est donc d’abord sur ces routes-là que les gens vont bénéficier de la réforme.

Des communes ou des départements regrettent ne pas avoir eu plus de temps pour mettre en application la réforme!

Nous avions souhaité une expérimentation étalée sur cinq ans et plus importante sur l’ensemble du réseau de manière à avoir des résultats plus signicatifs, moins contestables et qui aurait permis aux gens de mieux intégrer le problème. Là, le temps a été plus court et les tronçons plus restreints, ce qui n’est pas forcément très parlant pour les gens. Mais on reste quand même persuadé que cette limitation réduira, quoi qu’il en soit mécaniquement le nombre de victimes.

Les chauffards se moquent des réformes!

Ceux qui roulent déjà très vite et qui ne voudront pas passer en grand excès de vitesse, c’est à dire à 40 km/h de plus que celle autorisée pour laquelle on peut vous retirer sur le champ le permis de conduire, lèveront un peu le pied. Et 10 km/h de moins, en cas d’accidents, ça peut avoir des conséquences!

Pour/Contre

Jean-Pierre Girard, premier adjoint à la mairie de Bourgoin-Jallieu et Vice-président de la CAPI ; ancien concessionnaire automobile

« On ne tient pas compte de la réalité du terrain ! »

REPÈRES

21 avril 1951
Naissance à Bourgoin
1982
Directeur de sa première concession automobile
2014
Elu premier adjoint à la mairie de Bourgoin-Jallieu et vice-président de la CAPI

Pourquoi vous opposez-vous à cette réforme?

Je suis surtout opposé à la forme, car pour ce qui est d’améliorer la sécurité, qui peut être contre? Rechercher la sécurité des automobilistes, faire baisser le nombre de victimes sont de nobles ambitions. Mais ce qui est proposé, c’est une vision technocratique et parisienne qui ne tient pas compte de la réalité. Il y a des lieux où la vitesse est déjà limitée à 70 km/h, cela prouve bien que l’autorité de tutelle est bel et bien apte à prendre certaines décisions de terrain quand c’est nécessaire.

On a connu les mêmes réticences sur la ceinture de sécurité avant de s’y habituer…

Ce n’est pas tout à fait pareil! Il y a des lieux qui sont source de tous les accidents, et il convient évidemment de mettre en place toutes les mesures pour abaisser la vitesse au bon niveau, mais pas systématiquement. Il y a des endroits où la vitesse à 90 km/h reste acceptable, et c’est faire ombrage à tous ceux qui conduisent sans poser de problèmes que de leur imposer les 80 km/h. C’est cette non prise en compte de la réalité qui est rejetée par de nombreux élus. Ce n’est pas le bon sens! L’État a des représentants dans tous les territoires, des préfets, notamment dans les régions et les départements, qui sont à même de prendre les décisions qui permettent de dire, çà et là, que c’est plutôt telle ou telle vitesse qu’il faut pour augmenter la sécurité routière. L’autre élément de cette décision très automatisée, ce sont les sommes phénoménales que cela coûte pour changer les panneaux.

On parle tout de même de 400 morts en moins par an!

Encore une fois, tout le monde souhaite que le nombre diminue jusqu’à disparaître totalement un jour, pourquoi pas! Mais au moment où s’applique cette loi, où on la commente, on déplore la façon dont elle a été construite et mise en place. Je pense qu’on pourrait arriver au même résultat, si ce n’est plus, en adaptant la vitesse véritablement au lieu. L’objectif pourrait être atteint, et même, pourquoi pas, dépassé, en améliorant la forme.

Quels sont, selon vous, les contraintes, voire, les dangers, qui guetteraient les automobilistes du Nord-Isère?

Sur les lieux qui ne méritent pas le fait d’abaisser la vitesse à 80 km/h, c’est d’abord les amendes qu’ils vont recevoir et qui vont servir à ren ouer les caisses de l’Etat! Je pense que pour bon nombre de nos concitoyens, il y a un mélange des genres entre l’objectif de sécurité et le côté nancier. Alors que le seul objec- tif, c’est celui de la sécurité, et que pour cela, il y aurait juste besoin de s’adapter aux réalités du terrain.

Par Eliséo Mucciante

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