Mise en oeuvre dans des groupes comme des PME, la méthodologie LEGO SeriousPlay est diffusée par plus de 500 « facilitateurs ».
Véritable “Stradivarius” de la méthode de travail en équipe, selon Hugues Leininger, directeur de CSM Sarl, Lego SeriousPlay est un jeu sérieux aujourd’hui utilisé dans des milliers d’entreprises (groupes, pme, start-up). À l’origine, la méthode est née chez le géant danois du jeu, lui-même confronté dans les années 90 à la concurrence des consoles électroniques et à un vieillissement de son modèle d’entreprise.
« C’est le patron de Lego Group qui a eu l’idée de contacter des chercheurs spécialisés dans la conduite du changement, la stratégie et l’innovation, – l’un de l’IMD de Lausanne, l’autre du MIT de Boston –, pour rendre l’entreprise plus agile et l’aider à faire les bons choix stratégiques », explique Hugues Leininger. En 2000, le groupe Lego crée même une société de conseil, Discovery, pour lancer l’activité. En 2011, c’est la Fondation Lego qui reprend le flambeau et diffuse la méthode auprès de consultants devenus formateurs. Ils sont aujourd’hui plus de 500 “facilitateurs” dans le monde à la mettre en oeuvre.
Penser avec ses mains
Basée principalement sur les théories du constructivisme, elle permet littéralement de “penser avec ses mains”. Utilisant de simples briques Lego et Duplo, Lego SeriousPlay se révèle un outil d’intelligence collective, pour résoudre tout ce qui relève de la dynamique RH dans un projet. « La méthode s’appuie sur la création de métaphores grâce à des constructions en briques qui catalysent de façon insoupçonnée les processus de réflexion et d’innovation. Chaque groupe doit apprendre à bâtir ensemble et raconter le modèle construit », poursuit Hugues Leininger.
Grâce à ce langage, tous les participants – quel que soit leur niveau hiérarchique – sont à égalité, et les potentiels sont libérés. Résultat : le groupe va au-delà du constat et est amené à chercher des solutions concrètes à des problématiques, lors de séquences de plusieurs demi-journées, voire de plusieurs journées. « Une séquence ne doit pas durer plus de deux jours, car cela demande beaucoup d’énergie. Quand on met en place un atelier, l’apprentissage va croissant. Il faut donc travailler dans la durée avec le même groupe », conclut Hugues Leininger.
Il va prochainement démarrer une collaboration avec un groupe du CAC 40 du secteur du luxe. L’objectif est d’amener plus d’agilité au sein du comité exécutif afin d’aborder autrement les enjeux de la transformation digitale. CSM va également favoriser la mise en oeuvre d’un travail plus collaboratif dans un centre de recherche grenoblois, qui construit actuellement un centre d’innovation ouverte, ou encore développer des séminaires dans une grande école de commerce parisienne.
En Savoie, la société ne manque pas de références parmi lesquelles le Medef Savoie ou l’entreprise Cemoi. Et en Haute-Savoie, CSM a travaillé avec le Club des Entreprises de l’Université Savoie Mont-Blanc pour faire s’exprimer les étudiants sur l’image qu’ils avaient de l’industrie.
Faciliter une fusion
Jean-Marc Schemitick, président de BioAlpes (Albertville) a eu l’idée de faire appel à la méthode pour résoudre la problématique de la fusion avec Biolac (Annecy). « Il s’agissait de lever les angoisses pour que chacun puisse s’exprimer librement », explique Élisabeth Jacquin, l’une des biologistes. Deux groupes ont été constitués pour représenter la structure existante, et la structure future. Un week-end d’intégration a permis de présenter le nouveau groupe et d’analyser la méthode. Résultat : un dialogue s’est institué entre les 16 biologistes du nouveau groupe, qui parlent désormais le même langage.
Accepter les remises en question
Entreprise générale filiale du groupe BJ Participations, Crea Design (Chambéry), spécialiste de l’aménagement de l’espace de travail, a fait appel à la méthode Lego SeriousPlay pour résoudre deux problématiques. « Il s’agissait de faire davantage communiquer les équipes de nos différentes agences afin de favoriser les échanges et fluidifier la communication » explique Patrice Jay, son dirigeant.
Autre enjeu : aider les chefs de projet et conducteurs de travaux à trouver des outils de communication adaptés pour améliorer les échanges, cette fois, avec les sous-traitants comme avec les clients. Deux groupes de huit personnes ont exprimé leurs idées à travers les représentations créées : « Il leur a fallu expliquer le pourquoi des figures, argumenter et donc aller chercher les bons mots. Chacun à son tour, ils ont tous joué le jeu », poursuit Patrice Jay qui s’est lui aussi prêté à l’exercice.
Après une journée de mise en situation et une demi-journée de synthèse, les résultats ont été, selon lui, probants. Dans le premier groupe, la communication entre agences s’est bien mise en place, avec des structures aujourd’hui beaucoup plus connectées entre elles. Certains services ont été centralisés via des outils informatiques. Et grâce au bureau d’études techniques basé à Lyon, chaque chef de projet peut suivre son dossier au plus près.
Dans le second groupe, chacun peut mesurer le chemin parcouru dans une communication plus efficace avec les partenaires. « Pour moi, la remontée d’informations a été très utile et cela m’a conduit à une remise en question de certaines méthodes de management. Cela implique d’avoir l’esprit ouvert car la méthode met en évidence des informations qui ne font pas toujours plaisir : c’est une logique d’amélioration continue qui s’impose. » Convaincu que la créativité et des solutions originales sont au rendez-vous de ce jeu sérieux, Patrice Jay a recommandé l’usage de la méthode, – même en situation de crise –, à d’autres chefs d’entreprise.
Pour en savoir plus :
https://www.lego.com/en-us/seriousplay
Par Françoise Lafuma.
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