Encensé par la critique pour ses illustrations, Doré n’a jamais séduit en France par ses peintures. Affront réparé par le monastère royal de Brou!
« Les chemins de la culture s’arrêtent à Brou » s’enthousiasme Jean-François Debat, maire de Bourg-en-Bresse. Et les sentiers de la connaissance se concentrent en particulier au monastère royal le temps d’une exposition dévolue à Gustave Doré. Virtuose acharné de travail, « le dernier des romantiques » a rapidement conquis ses contemporains en tant qu’illustrateur. Présent dans l’imaginaire de chacun grâce à ses fameuses gravures de « La Divine Comédie » de Dante ou des contes de Perrault , l’artiste n’a pourtant jamais convaincu par sa peinture en France.
Du 12 mai au 16 septembre, le monastère royal prête donc ses lieux pour redorer le blason de son œuvre picturale. « Bourg-en-Bresse n’est pas seulement la ville où Doré a passé une partie de son enfance, elle possède aussi le deuxième fonds le plus important de son œuvre après Strasbourg », explique Magali Briat-Philippe, conservatrice du patrimoine, commissaire de l’exposition et responsable des services du patrimoine du monastère de Brou à Bourg-en-Bresse. Ce vendredi 11 mai, une poignée de privilégiés ont eu l’occasion d’assouvir leur soif de culture en assistant à une première visite guidée de « Gustave Doré (1832-1883), un peintre né ».
Les toiles se font alors le reflet d’un monde encore secoué par les guerres franco-prussiennes et les soulèvements populaires. Une idée prédomine: celle de vouloir tout expérimenter: couleurs, techniques, genres… C’est peut-être ce trop plein d’éclectisme qui déroute les critiques françaises et l’obligent à s’exporter hors des frontières. Londres sera alors l’un des lieux d’escale privilégiés de l’oeuvre pendant plus de vingt ans à la Doré Gallery . « Cet éparpillement, la difficulté de localiser certains tableaux et le goût de Doré pour les formats démesurés (Dante et Virgile dans le neuvième cercle de l’enfer mesurant 315 x 450 cm !), ont été les principaux obstacles pour organiser l’exposition », commente Magali Briat-Philippe.
Les arbitrages sur l’œuvre, aussi, ont relevé de la gageure tant le legs artistique est varié. Travailleur infatigable et créatif inclassable, le graveur s’est transcendé peintre le temps de portraits maniéristes ou de transcriptions grandiloquentes des saintes écritures. Fondements de cette corne d’abondance artistique, les couleurs subjuguent, émeuvent et impressionnent. C’est un regard neuf sur l’oeuvre de Gustave Doré qui fait de la capitale de l’Ain, un lieu de patrimoine vivant et attractif.
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