Après une série d’attaques de loups dans les alpages de la vallée de Chamonix, la Communauté de communes fait appel à des scientifiques pour aider les éleveurs.
Cinq attaques en moins d’un mois entre Servoz, Les Houches, Chamonix et Passy. Une trentaine de brebis tuées. On n’avait jamais vu ça dans les alpages du pays du Mont-Blanc. Des attaques de loups, il y en avait certes eu auparavant, mais jamais avec une telle intensité.
« On a déjà eu des attaques les étés précédents, confirme Nicolas Evrard, maire de Servoz et vice-président de la communauté de communes de la vallée de Chamonix-Mont-Blanc (CCVCMB), mais de façon très sporadique. Du coup, ça n’avait pas forcément déclenché la mise en place de mesures de protection des troupeaux. » Très souvent seuls dans la montagne, sans berger ni patou, les moutons sont donc très vulnérables. « Ici, poursuit l’élu, on a deux types d’éleveurs : les locaux qui possèdent des petits troupeaux et qui font cela essentiellement par passion ; et nous accueillons aussi des bêtes venues du Sud de la France, comme au hameau du Tour, à Chamonix. » C’est sur ce troupeau d’un millier de brebis, protégé par un parc de protection et des chiens entraînés qu’a pourtant eu lieu la plus grosse prédation : 20 ovins massacrés en deux nuits. « Et on est sûr qu’il s’agit du loup car on l’a vu sur les pièges photos. »

Face à cette situation, la CCVCMB a décidé de missionner un cabinet spécialisé – l’Institut pour la promotion et la recherche sur les animaux de protection, IPRA – pour réaliser sans délai des diagnostics de vulnérabilité au profit de chaque éleveur concerné sur le territoire. Tous les éleveurs (ils sont une trentaine environ), qu’ils détiennent des ovins, des caprins ou des bovins, peuvent demander cette aide qui sera financée par la collectivité. « La première phase va consister à réaliser un diagnostic scientifique pour savoir à quel type de loup on a affaire : solitaire, en meute, en couple, jeune… », explique-t-il. Une vingtaine de pièges photos ont été installés pour en savoir plus. Parallèlement, les chercheurs de l’Ipra apporteront leurs connaissances aux agriculteurs en matière de comportement du loup, mais aussi du chien de protection et des moutons. Ils les guideront dans la mise en place sur le terrain de mesures de protection adaptées à chaque cas. « Il va aussi falloir que des groupes d’échanges se créent entre les éleveurs pour qu’une information rationnelle et précise circule, pour lutter contre la rumeur. »
Pour la CCVCMB, il s’agit d’abord d’assurer la cohabitation entre le pastoralisme et les prédateurs. Un enjeu qui passe par le soutien des éleveurs, notamment des jeunes qui ont misé sur cette activité pour en vivre. C’est aussi une mesure d’avenir pour le territoire tout entier : sans troupeaux, les alpages auraient tôt fait de se couvrir de friches.
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