L’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB) fête ses vingt ans d’existence. Plus qu’une course mythique, elle est devenue une marque, qui s’exporte dans le monde.
Pour les amateurs et les pros d’ultra-trail, l’UTMB Mont-Blanc, c’est le Graal. Du 28 août au 3 septembre, 10 000 participants, parmi les meilleurs mondiaux, prendront le départ de cette course de montagne, qui affiche au compteur 171 km et un dénivelé positif de 10 000 m, dans un cadre grandiose.
Que de chemin parcouru depuis 2003 ! Difficile d’imaginer que, cette année-là, seulement 722 coureurs (67 à l’arrivée !) ont disputé cette première édition. Depuis, l’UTMB est devenu une grosse machine bien huilée. L’entreprise organisatrice UTMB Group (trois entités), créée par Michel et Catherine Poletti à Chamonix, emploie désormais 70 salariés (contre une dizaine en 2019), dont une majorité en France, et afficherait un chiffre d’affaires consolidé de 14 M€ en 2022, avec trois filiales en Angleterre, en Espagne et à Hong-Kong.

Des retombées économiques locales considérables

Un modèle économique juteux avec l’explosion du trail running. Les recettes proviennent quasi pour moitié des inscriptions (40 à 300 €, selon les courses), ainsi que des partenariats avec les grandes marques type Hoka (on parle de montants à sept chiffres et plus par an, sans que cela ait été confirmé par l’organisation), des institutionnels et des droits médias.
Pour les dix‑huit communes de l’espace Mont-Blanc concernées, les retombées économiques directes se sont élevées 23 M€ en 2022. « Ce chiffre, qui émane d’une enquête, ne prend en compte que la consommation des coureurs et de leurs accompagnants (deux fois plus nombreux) », précise Isabelle Viseux-Poletti, directrice d’UTMB Mont-Blanc et événements France, et fille des fondateurs. Reste à ajouter les spectateurs (environ 100 000 au total), les visiteurs du salon de l’ultra‑trail (55 000), les bénévoles (2 500)…
Greenwashing ?
Pour que la fête soit belle, l’organisation a mis les petits plats dans les grands. Côté transports, elle a alloué un budget de 500 000 € pour véhiculer 100 % des coureurs et accompagnants – soit 200 bus mobilisés – et créer plus de parkings relais afin de limiter l’impact sur l’environnement. Par ailleurs, 200 000 € ont été accordés à la sécurité et aux secours, 100 000 € aux moyens médias sur les trois plus grandes courses (UTMB, CCC, OCC)…
Côté ravitaillement, le seuil de 40 % de produits locaux sera dépassé, les plastiques jetables supprimés (bouteilles d’eau, couverts…), les biodéchets en partie valorisés. « Une démarche initiée il y a plusieurs années et que l’on intensifie », soutient la directrice.
Pour autant, l’organisateur est sous le feu des critiques des défenseurs de l’environnement. L’objet de la polémique ? Le partenariat qui le lie au constructeur automobile Dacia (l’événement a, d’ailleurs, été rebaptisé récemment Dacia UTMB Mont-Blanc), sponsor depuis 2022.
« Il est vraiment décevant de voir l’UTMB s’associer à un sponsor à forte émission de carbone », tempête The Green Runners sur les réseaux sociaux.
L’association a lancé une pétition le 14 août, signée par plusieurs athlètes, demandant le retrait de Dacia. Isabelle Viseux-Poletti réagit : « Ce partenariat ne s’est pas fait sans y réfléchir. Nous sommes ouverts au dialogue mais la critique est acceptable dès lors qu’elle est constructive. »

Rayonnement à l’international
L’organisation met également en avant la nécessité de se développer, « l’UTMB Mont-Blanc ne pouvant accueillir plus de 11 000 coureurs par an sur les sept courses ».
Depuis son association en 2021 avec l’américain Ironman, spécialiste des sports de grande endurance à l’international – chacun a pris des participations dans le groupe de l’autre (la famille Poletti reste majoritaire d’UTMB Group) –, UTMB Group gère en direct et en franchise 36 courses “by UTMB” sur les cinq continents, créant le plus grand circuit mondial de trail running : UTMB World Series.
« Notre stratégie consiste à organiser des épreuves là où se trouvent les coureurs. Cela passera par des créations de partenariat ou des achats », souligne Isabelle Viseux-Poletti.
D’ici cinq à dix ans, le groupe vise 50 événements, notamment en Europe de l’Est, au Canada et en Asie. Son chiffre d’affaires pourrait approcher alors les 40 à 50 M€.

Patricia Rey
Photo Une départ UTMB édition 2022 ©Franck Oddoux








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