Jacques Lecomte, auteur de « Le monde va beaucoup mieux que vous ne le croyez », transpose son discours positif sur l’économie.
Il vient de publier aux éditions Les Arènes, un livre intitulé « Le monde va beaucoup mieux que vous ne le croyez ». Il avait fait paraître avant cela, « La bonté humaine », ou encore « Les entreprises humanistes », sous-titré « Comment elles vont changer le monde ». Expert en psychologie positive, Jacques Lecomte se défend pourtant de toute « bisounourserie« , de toute déconnexion avec la réalité. Intervenant à Bourg-en-Bresse le 22 mars, dans le cadre des Semaines d’information sur la santé mentale (SISM) dont cette édition avait pour thème « santé mentale et travail », il s’inscrit contre l’idée que les pessimistes seraient les vrais réalistes. Il dénonce le caractère tétanisant du pessimisme et revendique, non pas un optimisme passif et béat, mais un optimisme actif.
Tirer leçon du passé
« Le monde va beaucoup mieux que vous ne le croyez » a pour point de départ, une étude de l’ONU tirant le bilan de 15 ans d’actions, de 2000 à 2015. « Les journalistes avaient insisté à l’époque, sur le fait que l’ONU n’avait pas atteint ses objectifs. Mais, ceux-ci étaient très ambitieux et les résultats ne sont pas négligeables, raconte-t-il. Sur la période, plus d’un milliard de personnes sont sorties de la pauvreté et 2 milliards de personnes de la faim, ce qui laisse espérer de mettre un terme à la faim dans le monde en 2030. Si l’on ne vous parle plus du trou dans la couche d’ozone, c’est parce que le problème est virtuellement résolu. Il est en train de se combler et devrait être totalement résorbé en 2050. » L’auteur a ainsi compulsé des centaines d’études. « Toutes les informations du livre sont sourcées, assure-t-il. Je ne dis pas que tout va bien, mais que beaucoup de choses s’arrangent. L’idée, c’est de tirer les leçons des succès passés pour résoudre les problèmes du présent. »
Une récente enquête conduite par la CFDT a révélé que 75 % des gens se disaient heureux au travail. Jacques Lecomte avait trouvé le même résultat dans trois études différentes, menées également en France. « Les facteurs principaux de la qualité de vie au travail sont d’exercer un métier que l’on aime, d’avoir de bonnes relations avec ses collègues de travail et surtout, avec son supérieur hiérarchique direct — d’où l’importance d’un management bienveillant —, ainsi que le sentiment d’être utile au monde. Les travailleurs sociaux sont ainsi bien plus heureux au travail que les avocats d’affaires internationaux qui, pourtant, gagnent bien mieux leur vie, observe-t-il. La hiérarchie du bonheur est très différente de la hiérarchie économique. »
Solutions
L’expert se réjouit de voir la psychologie positive devenir tendance dans l’entreprise, mais il se méfie de ce qu’il considère comme une perversion. « Beaucoup de consultants vous vendent l’idée que si vous rendez vos salariés heureux, ils seront plus performants. Mais, le bonheur est une fin en soi, pas un moyen au service de la performance, prévient-il. Le discours dominant, il y a 20 ans, voulait limiter le rôle de l’entreprise à faire du profit. Puis, l’idée d’une responsabilité environnementale et sociale a fait son chemin. Mais, je voudrais inverser le rapport, que les entreprises se préoccupent d’abord des personnes et de la planète, avec comme moyen, une rentabilité durable. » Là encore, le sujet n’a rien d’irréaliste. À l’appui de son propos, le psychologue cite l’exemple d’un groupe industriel dont le dirigeant, malgré une grande défiance à son arrivée, a réussi à obtenir la confiance de ses salariés. La solution de facilité, à l’époque, aurait été de couper la branche malade, laquelle employait tout de même un millier de personnes. Quand il a sondé les raisons de cet échec, il s’est rendu compte que les commerciaux avaient le sentiment de vendre un produit au rabais. Il a donc travaillé sur la qualité et la recyclabilité en fin de vie. L’image du produit revalorisée, les ventes sont reparties à la hausse. Et lors de la crise de 2008, c’est l’ex-branche malade qui a fait la rentabilité du groupe. « Quand on raisonne en termes de « tout va mal », on baisse les bras. Quand on raisonne en se disant que ça peut s’arranger, on trouve des solutions », conclut Jacques Lecomte.
Par Sébastien Jacquart
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