L’affaire a fait grand bruit la semaine dernière. Après avoir acquis durant quelques jours le statut d’ennemi public numéro un pour avoir successivement attaqué l’accueil de BFMTV, de Libération et de la Société générale, laissant derrière lui un blessé grave, Abdelhakim Dekhar a finalement été arrêté par les forces de police.
Même si les témoins de son audition ont rapporté des « propos confus », confirmés par des lettres trouvées par les enquêteurs faisant état, pêle-mêle, de complot fasciste, des conflits du monde arabe et de la gestion des banlieues, il ressort de cet imbroglio que le tireur nourrissait une haine doublée d’une soif de vengeance pour les médias, qu’il considère comme responsables de la « manipulation des masses », payés pour « faire avaler aux citoyens le mensonge à la petite cuillère ».
Cette vision des médias, partagée par quelques aficionados de la « Théorie du Complot » me donne l’occasion de quelques éclaircissements.
Bien sûr, il sera facile de me reprocher mon manque d’objectivité, mais il me semble, à l’inverse de M. Dekhar, que la grande majorité des journalistes exercent leur métier avec conviction, honnêteté et discernement. Il serait alors plus réaliste de leur attribuer un trop grand sens de la déontologie, exprimée par une volonté farouche de refuser tout compromis commercial, que de les accuser de quelconques dérives manipulatrices.
Mais disent-ils toujours la vérité ? La question prend une dimension philosophique pour tenter de définir ce qu’est la vérité. Le rôle de la presse d’information est de rester factuel. Et c’est en proposant des faits vérifiés et hiérarchisés, que le journaliste permet à chacun de se forger son opinion et de trouver sa propre vérité. C’est uniquement dans la place accordée à chaque information que réside la sélection du média.
Ce n’est donc pas en se débarrassant, par quelques moyens que ce soit, des journalistes, que l’on contribuera à la libération des masses. C’est au contraire en défendant une presse diversifiée et professionnelle que l’on évitera tous risques de dérapage vers une information de propagande
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