Je n’ai pas souvent acheté Charlie Hebdo. Par nécessité d’arbitrage sans doute et parce que je n’avais pas le réflexe. Mais chaque fois que je l’ai lu, j’ai apprécié sa liberté de ton, son impertinence, son humour caustique, et son sens de la provocation faisant flèche de tous bois. Et oui, j’ai ri aux caricatures de Mahomet, comme d’ailleurs aux dessins satyriques sur le catholicisme, le Pape Francois, le Président de la république et toute sa clique….. Et puis, comme beaucoup de personnes de ma génération, j’ai grandi avec Cabu devant Récré A2, je me suis plongé adolescent dans les BD gentiment grivoises de Wolinski, puis j’ai découvert les chroniques économiques décalées de Bernard Maris. Bref, j’avais de l’affection pour toutes ces personnes. Leur mort me rend triste.
Quant aux conditions de leur mort, elles me mettent en colère. Comment admettre qu’ils aient été exécutés par des barbares assoiffés de vengeance, des fanatiques extrémistes désireux de nous imposer leur pensée unique et formatée en attaquant un symbole de la démocratie et de la liberté d’expression.
Mais la forte mobilisation de ces derniers jours a montré à quel point cette colère était partagée. Par centaines, par millions, les Français se sont mobilisés dans tous les coins du pays, toutes obédiences, toutes sensibilités, et toutes générations confondues, pour clamer leur indignation, affirmer leur droit à la différence, revendiquer leur héritage culturel et, finalement, dire à tous les intégristes qu’ils ne nous font pas peur !
Ne cédons pas de terrain et continuons d’afficher notre détermination. Il ne faudrait pas que cette belle unité ne soit qu’un feu de paille. Notre colère est légitime et nous devons continuer à la partager pour qu’elle ne devienne pas le seul apanage de quelques mouvements communautaires.
La récupération, tout comme les amalgames sont inévitables, mais il nous appartient de limiter ces dérives. Charb, Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré se battaient chaque semaine contre l’intégrisme, la pensée étroite, le dogme et la connerie. C’est en conservant notre esprit critique et notre liberté de parole que l’on honorera leur mémoire.
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