Le syndicat de rivière vient de signer son 3e contrat environnemental pour la période 2022-2024. Objectif : renaturer le cours d’eau et lui rendre un état écologique correct.
« La Reyssouze présente un état écologique très dégradé et un état chimique moyen, malgré des affluents de qualité sur ce point », observe Alexandre Lafleur, directeur du syndicat du bassin-versant Reyssouze et Affluents. La raison : depuis la fin des années 1950 jusqu’aux années 1980, le lit de la rivière a subi de nombreux curages. L’idée d’alors était de réduire le risque d’inondations, en augmentant le débit. Or, non seulement cela ne fonctionne que très moyennement, mais cela empêche le cours d’eau de se régénérer naturellement.
Dans ces conditions, le risque est grand de ne pas atteindre l’objectif d’un bon état de la rivière à 2027. Ceci, malgré les deux précédents contrats environnementaux réalisés sur les périodes 1995-2005 et 2014-2018, qui avaient tenté avec plus ou moins de succès, pour l’un, de lutter contre la pollution essentiellement en développant l’assainissement, pour l’autre d’améliorer la qualité des milieux aquatiques et de lutter contre l’eutrophisation, la prolifération des algues.
Aujourd’hui, machine arrière toute ! Le troisième contrat de rivière signé vendredi 13 janvier par Reyssouze et Affluents entend « contrer les curages réalisés entre les années 1950 et 1980, rapporter de la terre tout en gardant les capacités hydrauliques du cours d’eau pour ne pas aggraver le risque d’inondations et reconstituer les habitats terrestres, semi-aquatiques et aquatiques », énumère Alexandre Lafleur.
Le syndicat Reyssouze et Affluents couvre un bassin-versant de 500 km² et gère 12 380 ha de zones humides, 400 km de cours d’eau et 15 affluents.
Il s’agit de répondre à trois grands objectifs : préserver la ressource en eau, reconquérir la qualité et prévenir les déséquilibres quantitatifs, tandis qu’avec le changement climatique, on anticipe une baisse de débit de 30 % à 2050 ; restaurer le bon fonctionnement des milieux aquatiques ; redonner toute sa place à l’eau dans l’aménagement du territoire.
Le plan, financé par l’Agence de l’eau à hauteur de 4,70 M€, le Département pour 1,10 M€ et le syndicat pour 2,10 M€, soit 7,90 M€ au total, se décline en trois actions de communication et animation, et surtout 11 actions visant, de manière très résumée, à restaurer 8,8 km de rivière et une trentaine d’hectares de zones humides, ainsi qu’à rétablir la continuité de la Reyssouze en supprimant deux obstacles aujourd’hui infranchissables (plus de détails en encadré).
Ce programme s’étend sur une période resserrée, 2022-2024. Cela signifie que plusieurs opérations ont déjà été conduites. Toutes sont le fruit d’une étude prospective et de concertations avec différents partenaires, comme la ville de Bourg pour le canal de la Loëze ou Renault Trucks, propriétaire d’une partie des berges d’un affluent, le Dévorah.
Les principales opérations
Parmi les opérations les plus importantes, figure la restauration morphologique et écologique de la Reyssouze entre Pont-de-Vaux et la confluence avec la Saône sur 4,7 km, pour un montant de 887 000 € HT. Son affluent, le Dévorah, doit être restitué sur 1 900 m en amont du quartier de la Croix-Blanche, à Bourg-en-Bresse, tout comme son marais, qui représente 6,5 ha de zone humide, le tout pour 1,27 M€ HT.
Mais, le plus gros morceau réside dans le rétablissement des fonctionnalités naturelles des zones humides en amont de Bourg-en-Bresse, entre le chemin du lac et la vanne de Pennessuy, qu’il est question d’araser. Quant au canal de Loëze, entièrement bétonné sur son fond et ses pieds de berges, il doit être renaturé par suppression du revêtement en béton et revégétalisation. L’ensemble de cette action représente un investissement de 2,65 M€.
Sébastien Jacquart
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